Chronique du quinquennat

Thaumaturge

On a confessé l’aumônier des hommes politiques
Rue 89

Dans ce très joli article de rue 89 où l'on interroge l'aumônier des parlementaires, où l'homme sait habilement éviter l'écueil de la confidence trahie, du secret de la confession bafouée mais aussi de la peopolisation, cette petite phrase :

Les politiques n’ont ni plus de défauts ni moins de qualités que les autres corporations. Ils rendent un service à la société, c’est tout. Mais notre pays manque de maturité et les voit souvent comme l’instance suprême. On a besoin de rois thaumaturges, on attend tout des élus.

Cela renforce les tentations spécifiques que leur fonction véhicule : un besoin de pouvoir et de reconnaissance qui peut devenir démesuré.

Une petite remarque, qui n'a l'air de rien, mais pointe pourtant la plaie du pouvoir, où elle fait le plus mal et qui n'est sans doute pas étrangère à la désillusion de la présidence normale. Antique rémanence d'un temps où les monarques anglais et français pour asseoir leur influence face à la papauté eurent besoin de consacrer leur autorité ; ou bien seulement endémique tentation à la facilité qui nous fait si souvent nous débarrasser de nos responsabilités démocratiques sur un tiers que l'on aura facilité alors à magnifier ?

Remarque qui va bien au delà de la question classique de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, que l'on crut avoir réglée en 1905, qui demeure néanmoins comme caillou douloureux dans la sabot de nos espérances politiques. Qui tient à la conception même que l'on peut se faire de la République, bien plus que de la démocratie en général ; mais aussi à celle de l'homme politique et, plus généralement, à celle du rôle de ce peuple introuvable pour parler comme Rosanvalon.

On pourrait reprendre presque mot pour mot ce que disait Mendès France en 78 lors de cette émission déjà citée, qui nommait dictature le régime de la Ve pour ce qu'il concentrait tous les pouvoirs aux mains d'un seul homme. Mais on pourrait tout aussi bien citer Castoriadis lorsqu'il rappelle avec JJ Rousseau que les Anglais croient qu’ils sont libres parce qu’ils élisent leurs députés une fois tous les cinq ans. Ils sont libres un jour sur cinq ans.

Délégation et représentation

Tout tourne finalement autour de la question de la délégation de pouvoir ainsi que de la notion même de représentation.

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Ce qu'énonce Mendès France ici, c'est combien la République ne consiste en aucune manière dans un peuple qui se débarrasserait de toutes ses responsabilités au profit d'un seul - ce qu'elle fait parfois en période de crise ou de grande tensions (il cite ainsi la guerre d'Algérie) - mais bien au contraire dans un mandat donné d'exécuter une politique que le peuple aura choisie et dont il surveillera soit directement soit indirectement l'exécution ; bref que la République c'est le contraire du blanc-seing - expression qu'il utilise à plusieurs reprises. Autant dire que le peuple ne se dissout pas dans l'élu qui n'est pas un être sacré, ni un monarque ni un guide, encore moins un dieu mais simplement un mandataire, pour un temps.

Que le rêve, l'idéal, du mandat impératif se soit révélé impossible parce qu'il ne pourrait avoir de sens réel que dans une démocratie directe que la taille des nations rend impossible est une chose - et la constitution a effectivement pris grand soin de noter la nullité de tout mandat impératif ; mais que ce mandat se solde par la dissolution d'un des deux protagonistes en est une autre. Rousseau avait parfaitement souligné, à propos du contrat combien celui-ci supposait un échange entre les deux acteurs ce pourquoi il pouvait déclarer nul et non avenu tout contrat d'esclavage par quoi l'un se soumettrait totalement à l'autre ; et donc invraisemblable que ce type de contrat pût jamais être à l'origine des sociétés humaines. Ce par quoi il s'opposait à Hobbes, précisément.

l'homme politique doit travailler en contact continuel avec ceux qui sont ses mandants (...) pour moi la discussion, le débat populaire, l'ouverture de la vue politique sur l'ensemble des citoyens est indispensable dans un pays moderne. (...) Le mendésisme s'il existait signifierait au contraire le refus du blanc-seing, le fait que la démocratie est totale, la participation des masses , du pays tout entier, et continuellement consulté et continuellement intervenant, est quelque chose qui doit vivre sans arrêt

Comment dire mieux ? insister mieux sur cette dimension de dialogue, de débat qui place le peuple au coeur de la vie politique et n'érige pas l'homme politique en puissant, au-dessus, en entité bénéficiant d'une quelconque transcendance, mais au contraire le plaçant là où il est, provisoirement, pour exécuter la politique proposée par lui-même et approuvée par le peuple; non pas avec un pouvoir illimité mais circonscrit et provisoire.

Tout le contraire du thaumaturge. Il n'est sans doute pas étonnant que cette tradition s'installe dans un vis-à-vis avec l'Eglise. La tradition à la fois prophétique et messianique de la chrétienté c'est d'abord celle d'une transcendance à la fois organisatrice et créatrice. Quand même on utilisa parfois le terme d'architecte pour le désigner, un dieu créateur est une révolution idéologique considérable par rapport au démiurge de l'antiquité grecque. On n'a voulu voir la spécificité dans le monothéisme : ce fut une erreur ; elle tenait dans le créationnisme.

Évangile

Ici, l'ordre ne tient ni du hasard ni de l'exception mais de la volonté, certes mystérieuse, inexplicable, d'une entité qui surplombe le monde et lui donne un sens. Le désordre, le chaos ; la violence et l'injustice ne sont donc pas l'étoffe dont est fait le monde, non plus qu'une fatalité mais au contraire le fait d'une lumière qui n'a pas encore pénétré tous les recoins de la création, sont le fait de l'homme lui-même. La parole est conçue comme évangélique c'est à dire comme une bonne nouvelle. Loin d'être tragique, le temps chrétien a un sens, plutôt positif : même si le bien n'y est pas garanti il n'est cependant pas impossible et il ne tient qu'à nous. On peut tenir pour tout à fait révélateur que le terme repris par les canons chrétiens (ε υ α γ γ ε λ ι ο ν) veuille dire à la fois sacrifice fait aux dieux pour obtenir une bonne nouvelle et la récompense obtenue.

Mais, précisément, il s'agit ici d'une affaire de message donc de médiation, d'intercession. αγγελλω c'est faire office de messager, d'intermédiaire ; c'est donc aussi, dans un sens chrétien, révéler.

Dans la tradition grecque, Hermès qui est à la fois le messager et le dieux des voleurs, se tient à l'intersection exacte entre le dehors et le dedans, en cet espace sacré et consacré que nul autre que lui ne peut occuper. Assez logique finalement dans une cosmogonie où le chaos est dehors et où l'espace de la cité, tracé par le pomerium demeure le seul îlot d'ordre ; ce pourquoi Hermès est si souvent associé à Hestia. Dans la tradition chrétienne, la place est (doublement) occupée par le Messie et par son antithèse : par le symbole et le diabole. Intersection entre l'espace du divin et celui de l'humain.

Mais justement il s'agit ici non de conquête mais de message. Or, le terme contient lui-même αγω - d'où le latin tirera agere - signifiant à la fois conduire, diriger, gouverner mais aussi pousser en dehors, estimer, évaluer. L'intercesseur conduit le troupeau non point tant vers un extérieur à occuper - quoique le premier des prophètes conduisît son peuple vers la Terre Promise - mais bien plutôt vers une intériorité : c'est la même dynamique mise en oeuvre ( il ne s'agit pas seulement d'entendre le message mais d'agir en conséquence) mais cette dynamique est spirituelle, morale au moins autant qu'intellectuelle - Hermès n'était-il pas ἑρμηνεύς, interprète de Zeus ?

Il y a ici une double dimension - incontestable : optimiste, le bien est à portée de main ; pessimiste, il dépend de nous et il n'est pas évident que nous en soyons capables seuls, sans être guidés, épaulés. Le créationnisme chrétien organise l'être selon une structure pyramidale où l'homme, sans être le dernier - il se veut couronne de la création - n'en demeure pas moins sujet, soumis ce dont attestent l'expulsion du Paradis, l'impossibilité de voir ou de nommer Dieu. Premier peut-être, mais premier subalterne.

D'où le scandale du Mal, du désordre et de la violence. D'où la question de l'origine du Mal. L'ordre étant une nécessité de l'être, inscrite dans la volonté divine, le Mal ne peut trouver son origine en lui, mais seulement dans l'écart à lui. L'homme, faible sans doute, tenté assurément, est bien l'origine du mal. D'où ce double jeu systématique de carotte et de bâton qui, de la Promesse de la Parole à la menace ultime du Jugement, de l'évangile à l'apocalypse, tente de ramener la brebis égarée sur le droit chemin. Agere c'est, certes, mettre en mouvement mais c'est aussi rassembler le troupeau qui s'agaye : ἡγεμών, pâtre d’abord : celui qui veut moins dominer que réunir. Avant d’être politique, une affaire d’élevage.

Gestion renvoie à geste : agere, aggo. Or, agere c’est, certes, mettre en mouvement, mais aussi rassembler le troupeau qui s’égaye. Le grec est peuple de bergers obsédé à l’idée de ne rien perdre de son troupeau ; ἡγεμών, pâtre d’abord : celui qui veut moins dominer que réunir. Avant d’être politique, une affaire d’élevage. De connaissance aussi. Le logos lui rassemble. Ramener dans le rang tout ce qui tire à hue et à dia, mettre du lien où n’étaient qu’éparses et désordonnées scories : c’est tout un, agir et penser. D’où cogito : co agitare. Penser c’est ainsi inciter à agir ensemble, ramener dans la même direction !

Ce sont ces deux dimension qui régissent, au plus profond, l'épistémè chrétienne : certes, le détour par le logos - ici la prière - pour résoudre ses problèmes et tenter d'être libre nonobstant, mais aussi la soumission à un ordre plus grand que soi ; l'obéissance à la Parole. De l'autre côté, un antique fond magique que le mystère de la création ne peut qu'amplifier, et qui fait de Dieu le thaumaturge par excellence.

On peut y voir l'origine de notre tendance, encore persistante à tout attendre de nos élus ainsi que de placer ces derniers, hors échelle, avec les marques d'excellence qui accompagnent toute prééminence.

L'assise chrétienne de la monarchie n'est pas un vain mot et ne tient pas qu'à un rapport de forces politique : elle déterminera la monarchie comme le régime naturel, évident, des institutions politiques où la soumission sera la règle et la métaphore de l'autorité du père sur ses enfants un truisme. Avec ces deux caractéristiques : l'excellence, du côté, du monarque qui suppose des pouvoirs exceptionnels et une autorité absolue ; l'obéissance du côté du peuple.

Nous n'en sommes peut-être pas vraiment sortis.

Rappels

La tendance, dans notre histoire, à confier le pouvoir - tout particulièrement lors des crises profondes de notre société - à des hommes présumés exceptionnels l'atteste : on songe à l'épisode Pétain tant il est évident mais on peut aussi lui rattacher de Gaulle, ou Clemenceau ou encore Napoléon Ier.

Pétain, savamment, utilisa ainsi toutes les ficelles chrétiennes : de la terre qui ne ment pas à des injonctions du type vous souffrez et vous souffrirez longtemps encore ; ou encore nous n'avons pas fini de payer toutes nos fautes , ou resaisissez-vous !

«Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. La terre, elle, ne ment pas...»
Pétain le 25 juin 40

sans compter l'inénarrable
je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur
de l'appel à l'armistice du 17 juin 40. 4 Tout y est : la faute, l'expiation nécessaire, le sacrifice ainsi que la nécessité de se confier à un guide.

Guide, c'est exactement ce terme qu'utilisera de Gaulle pour désigner le rôle du président de la République dans les institutions de la Ve : avec l'argument sans cesse répété d'un président au dessus des partis qui lui permettrait précisément d'échapper à l'aporie d'un arbitre qui serait en même temps acteur ; d'une contradiction qui serait valable pour tout autre que lui mais à quoi il échapperait du fait même de sa transcendance. 6

Il y a ainsi un lien logique, substantiel, entre transcendance et thaumaturgie à quoi nul président de la Ve n'aura échappé quand même tous ne parvinrent pas à se hisser à hauteur de la fonction : la crise ainsi que Mendès évoque est bien celle d'un pouvoir exécutif bloquant toute vie politique, exacerbée à la fois par la démission de Chirac en 76 et la perspective qu'on croyait alors probable d'une victoire de la gauche en 78 et donc d'une cohabitation inédite. Celle d'un Giscard exacerbant la dimension monarchique du régime au moment même où il ne disposait pas de majorité parlementaire. Celle d'un Sarkozy surjouant l'hyper-activité - mais est-ce un hasard que ce furent ces deux-là qui furent battus ? Ce lien, on le voit aussi dans la grande mobilisation de l'électorat lors des présidentielles alors même qu'il se détourne des urnes pour toutes les autres élections .... Tout à l'air de se passer, lors de ces incroyables campagnes, comme si la fonction exutoire jouait à plein ou que, se rassemblant devant le corps qu'elle viendrait de sacrifier et donc de sanctifier, la nation ritualisât sa soumission.

Retour aux Grecs et à l'ὕϐρις

Très intéressante me semble la remarque faite par Castoriadis sur le rapport étroit existant chez les grecs entre la démocratie et la tragédie et ce d'autant que l'on sait combien la démocratie est liée aussi, en son origine, aux mathématiques.

Vous avez tout le temps des livres, c’est plus subtil mais ça couvre un problème énorme, publiés par des savantissimes professeurs intitulés : La tragédie grecque. Or la tragédie grecque, c’est un objet inexistant. Il n’y a pas quelque chose qui soit la tragédie grecque. Il n’y a de la tragédie qu’à Athènes et il y a de la tragédie à Athènes parce que Athènes est une cité démocratique et la tragédie est une institution qui fonctionne, jouant un rôle tout à fait fondamental dans la démocratie parce que la tragédie rappelle constamment l’hubris. C’est ça la leçon essentielle de la tragédie. Or, parler de la tragédie grecque c’est ne rien comprendre. Parce que du théâtre il y a eu partout. Il y a un merveilleux théâtre japonais, un merveilleux théâtre chinois, le théâtre indien est fantastique. A Bali, il y a des représentations extraordinaires. Ce n’est pas les Grecs qui ont inventé le théâtre. Mais les Grecs ont créé la tragédie qui est tout à fait autre chose **.

Tout est ici à relier à ce concept si étonnant de l'ὕϐρις *** , que l'on peut traduire par démesure et qui explique pourquoi le modèle antique de sagesse demeurera toujours la tempérance. La pensée grecque est hantée par l'idée que, précisément, le monde n'est pas ordre, contrairement à ce que sera la perspective chrétienne, mais au contraire chaos, en même temps que régi par la nécessité, en sorte que tout ordre, quel qu'il soit, ne saurait être que local, partiel, provisoire et fragile. C'est toute la grandeur de la pensée grecque d'avoir conçu l'ordre social comme une de ces manières d'instaurer un tel ordre, de l'avoir fait à partir de la philosophie - et donc de la liberté mais, en même temps d'avoir toujours su que, quand même le monde ne fût pas chaos total, l'ordre instauré par la nécessité demeurait d'autant plus fragile qu'il devait simultanément tenter de combattre contre l'ὕϐρις, cette tendance de chacun à désirer outrepasser le lot qui lui était attribué. Les grecs savent que cet outrepassement aura lieu, invariablement.

D'où quatre constantes :

- celui qui a le pouvoir est désigné au hasard, tiré au sort. Il n'a pas le pouvoir parce qu'il disposerait de la force mais simplement parce qu'il a été désigné, tiré au sort. Ce qui est vrai même des dieux (cf partage entre Zeus, Poséïdon et Hadès)

- la πόλις n'est pas liée à un État, ou un territoire mais à la communauté politique des citoyens. Jamais le citoyen ne disparaît sous la communauté mais la constitue au contraire par sa participation constante. En sorte que l'ordre constitué, fragile, on l'a dit, transitoire parce que toujours menacé par la démesure, n'est jamais celui d'un seul, d'un monarque ou d'un dieu, mais celui de la loi adoptée par tous.

- tout le problème réside dans le fait qu'il est difficile voire impossible de déterminer le point au delà duquel on ferait plus que simplement réaliser les potentialités de son être et où l'on sombrerait dans la démesure. La philosophie tente sans doute d'y aider mais ce qui est certain est l'absence totale de critère absolu : chacun sait l'existence de la limite mais ignore où elle se trouve. Or, contrairement à la perspective chrétienne d'un Dieu qui la fixerait - et, après tout c'est bien ce que fait le Décalogue et, de manière plus générale, l'ensemble de la Révélation - chez les grecs, au contraire, les dieux se taisent et c'est à chacun de trouver cette limite. A chacun et non pas à quelqu'un. Nulle transcendance disions-nous et c'est bien pourquoi il n'y a chez les grecs ni prophète ni livre sacré. Pourquoi non plus la notion de péché n'y saurait avoir un sens.

- la loi est conçue précisément comme cet ordre susceptible de préserver cet ordre en luttant contre la démesure mais cette loi est celle de tous, jamais la création d'un seul. D'où l'absence chez les grecs de tout livre sacré ou d'un quelconque prophète. Les grecs inventent la πόλις pas le βασιλευς.

 

Au bilan

On le voit, il y a effectivement un lien très fort entre la transcendance et cette conception thaumaturgique du pouvoir. Sans nier l'impossibilité d'une démocratie directe, et donc, en admettant la nécessité d'un corps intermédiaire de représentants, il faut bien admettre néanmoins que le fait d'installer les hommes de pouvoir en une sorte d'exception sociale, en en faisant des rois, marqués en leurs corps et attributs, de tous les signes de l'excellence, demeure l'héritage de ce fonds chrétiens qui tente toujours d'incarner le pouvoir dans le corps du roi - jusqu'à la mystique des deux corps du roi - et la transcendance dans la Nation, le territoire etc - au risque majeur du nazisme (cf Castoriadis) ou au moins à la tentation de la droitisation extrême.

Il n'y a aucun doute sur le fait que l'esprit même qui présida à la naissance des institutions de la Ve était lié, à la fois au maurrassisme de de Gaulle et à ce fonds chrétien que la Ve flatte jusqu'à satiété. On comprend alors que l'opposition d'un Mendès impliqua bien plus que seulement la préférence affichée pour un régime parlementaire mais suppose une conception du peuple, d'un demos, moins lié à la Nation qu'à la liberté.

En réalité, à l'extrême on trouve la démocratie directe ; à l'autre la dissolution de l'individu dans l'Etat que résume assez bien le fascisme ; à l'intermédiaire, la démocratie représentative. Mais, pour cette dernière, ici encore, ce quasi-extrême que représente la Ve, où est supposé se forger un lien exclusif entre le peuple et le président, au delà de tous les corps intermédiaires qui est supposé contre-balancer l'impuissance du régime parlementaire. Mendès en appelait à un retour à l'équilibre, et donc à trouver la formule intermédiaire entre parlementarisme débridé et exécutif omnipotent - bref entre la IVe et la Ve qui n'en serait que le négatif photographique.

A ce titre, décidément, la présidence normale pourrait bien revêtir des dimensions bien plus engageantes qu'il n'y parait.

Il est seukement amusant de lire un aumônier déclarer que le pays manquait de maturité à ainsi attendre des élus thaumaturges quand on rappelle ainsi combien ceci est un legs du christianisme ...


 

1) On a confessé l’aumônier des hommes politiques Rue 89

2) la question a été évoquée ici à plusieurs reprises :

- passation de pouvoir

- pouvoir et sacré

- Esprit de la Ve République

- Régime parlementaire

 

3) Castoriadis sur les mésinterprétations

De même polis.
Il y a là une chose énorme. En français, encore ça va. : On dit la cité. Mais les Allemands qui ont été les grands maîtres de la philologie grecque pendant 150 ans. Comment ils ont traduit polis ? Der Staat : l’État. Or, je possède un numéro du journal théorique SS jugend daté de juillet ou septembre 1939. Parce que les nazis ont fait aussi ce commerce. Ils essayaient de se représenter comme les continuateurs de l’esprit grec. Enorme mystification. Et en effet dans le fameux discours de Périclès, l’Epitaphe, le discours sur les morts de la première année de la guerre, si chaque fois que Périclès dit Polis, vous remplacez le mot polis par le mot État, vous avez un discours fasciste. Chacun de ces jeunes, dit Périclès, est mort pensant qu’il est bon de mourir pour la polis. La polis c’est quoi ? C’est les Athéniens, c’est-à-dire de mourir pour ses concitoyens, concrets. Dans l’allemand, ça devient : chacun est mort pour l’État.

4) Philippe Pétain, discours du 17 juin 1940

Français!

à l'appel de M. le président de la République, j'assume à partir d'aujourd'hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l'affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes, sûr que par sa magnifique résistance elle a rempli son devoir vis-à-vis de nos alliés, sûr de l'appui des anciens combattants que j'ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.

En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés, qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C'est le coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat.

Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.

Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n'écouter que leur foi dans le destin de la patrie.

5 ) revoir sur la question :

- extraits conférence de presse de 65

- sur la question de la transcendance évoquée lors du passage de Hollande à Des paroles et des actes

6 ) Comment ne pas rapprocher cet argument de celui de l'argument ontologique dis posant qu'effectivement l'être n'est pas un attribut que l'on puisse conférer à une substance ... sauf précisément dans le cas de Dieu - ce qui fonderait la valité de l'argument ontologique :

Dieu est l'être le plus parfait qui se puisse concevoir
Or, il est plus parfait pour un être d'exister que de ne pas exister
Donc Dieu existe

 


 

 

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