Elysées 2012

Entre bonté niaise mais médiatique et culpabilisation scrupuleuse qui lave plus blanc ?

Ce sont les premiers à entamer leurs primaires après un congrès qui aura vu, manoeuvres d'appareil obligent, un Cohn-Bendit agacé et boudeur quitter, provisoirement sans doute, le devant de la scène.

Curieusement les écologistes se retrouvent dans la même situation que les socialistes : le seul candidat qui eût une réelle chance sinon de gagner en tout cas de réaliser un bon score fait défaut. Cohn Bendit n'a jamais caché son peu d'envie de jouer le jeu des présidentielles qu'il sait être défavorables aux écologistes au point de plutôt recommander, en échange de correctes investitures aux législatives, un ralliement d'emblée mais sévèrement négocié aux socialistes.

Exit donc Cohn Bendit ! Restent ? Non pas Duflot qui tient l'appareil du parti mais ce duo étrange ( les deux autres ne sont que des figurants) formé par Eva Joly et Nicolas Hulot.

Restent le promoteur de gel douche estampillé media populaire qui a autant de sens politique qu'un distrait adulateur de TF1 ( au point de reconnaître avoir envisagé une alliance avec Borloo) et la Mme propre des magouilles financières. D'un côté, la sincérité à n'en point douter, mais la peopolisation assurée; de l'autre la rigueur, le dogme, le sérieux.

Les récents sondages (1) donnent Hulot favori ? Voire !

Hulot est un problème à lui tout seul : le problème de l'écologie. Deux réalités s'affrontent, incontournables : la majorité de l'électorat écologiste penche à gauche; mais l'écologie en elle-même peut, devrait même, engager autant la droite que la gauche. Les périls qui semblent s'annoncer sont suffisamment graves et avérés, qui ne peuvent pas ne pas avoir demain de conséquences sociales et économiques, pour ne pas engager les projets des uns et des autres.

Je l'ai écrit ailleurs, l'obligation qui nous est faite de penser désormais nos relations non plus seulement entre nous mais avec le monde, le fait que le monde en tant que tel est devenu un enjeu humain, et donc politique, devrait nous amener à repenser toutes nos projections, tous nos projets politiques. Nous en sommes loin. L'écologie reste, dans les différents programmes, une coloration subsidiaire, voire un prétexte. Nous continuons à penser comme si la nature n'avait pas d'histoire et demeurait cet espace dans lequel nous pouvons puiser à l'infini quand en réalité le temps nous est compté bien plus engageant que les périls financiers qui nous menacent en même temps.

C'est l'honneur des écologistes de tenter de nous y amener ; c'est leur échec de ne savoir y parvenir.

Ceux-là encore concourent pour témoigner et font désespérément figure d'amateurs. Entre la sévérité toute protestante qui pointe son doigt gourmandeur pour insuffler ce qu'il faut de culpabilité et l'adolescent attardé qui rêvasse d'une parousie qui relève plus de l'aventure en deltaplane que d'un programme politique ... il y a vraiment de quoi douter.

Le Grenelle de l'environnement fut une occasion ratée pour n'avoir été finalement que la combinaison politique d'un moment : c'est cela que les écologistes doivent montrer. Et s'imposer au centre du politique.

Avec tous ses défauts, mais avec sa verve indéniable, c'est cela qu'un Cohn Bendit aura pu promouvoir. Celui-ci est politique. Ceux-là pas encore ! Lors même qu'il s'agit désormais de jouer dans la cour des grands.

C'est une erreur politique que de ne se présenter que pour témoigner : autant rester chez soi que de disqualifier ainsi comme purement accessoire une conviction que l'on est pourtant supposé défendre. Il a raison de son point de vue éminemment politique : mieux vaudrait alors chercher une bonne alliance que de se ranger d'emblée dans la catégorie des petits candidats !

L'électorat dans sa frange apolitique se cherche une voix protestataire : on a bien vu qu'elle pouvait la trouver dans le vote écologiste lors d'élections locales. On a bien vu qu'elle pouvait aussi la trouver dans le vote Front National. Mais justement l'écologie ne sortira des marges et des appoints que le jour où elle se pensera elle-même comme une alternative et non une simple protestation.

Ces élections puisque candidat à l'écologie il y aura, montreront ici aussi, l'état des forces en présence. La capacité que les écologistes offriront de donner à penser et à agir les désignera, ou non, comme force politique alternative ou comme simple prurit d'une bougonneuse frustration.


1) Libération du 19/06/11

A dix jours de la publication des résultats du premier tour de la primaire écologiste, Nicolas Hulot fait figure de grand favori dans son duel avec Eva Joly. L'ancien animateur de TF1 bénéficie à coup sûr de l'effet «vu à la télé», alors que sa challenger, qui bat les estrades depuis l'automne, pâtit encore d'un relatif manque de notoriété. C'est ce que montre notre sondage réalisé par l'institut Viavoice (1). Hulot apparaît comme le candidat idéal pour Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) à 52% des Français contre 26% à Joly. Chez les sympathisants écologistes (2), son score atteint 63% (contre 28% à l'ancienne magistrate)