Elysées 2012

A l'envers ou non, 21 Avril

Une date qu'on ne peut tellement pas oublier qu'elle se passe même de l'année. Une date traumatisme qui hante tous les esprits. Et, sans doute, une leçon qui n'a pas été tirée .

Inévitablement, sans d'ailleurs que toute arrière-pensée en soit absente, on nous en rebat les oreilles comme d'un spectre à éviter : évidemment il faudra voter utile !

C'est vrai, les sondages, même s'ils sont prématurés puisqu'aucun sondage n'aura jamais indiqué les probables vainqueurs un an à l'avance, laissent entendre que la présence de M le Pen au second tour n'est pas impossible, disqualifiant du même coup ou bien le candidat de gauche ou le président sortant.

Il y avait une leçon à tirer de 2002 qu'on a oubliée : qu'aucun des grands candidats putatifs ne dépasse les 20%, à peine pour Chirac et pas du tout pour Jospin malgré cinq années à Matignon, signifiait d'abord le profond désaveu de l'électorat pour l'offre politique qui lui était faite. Que donc 60 % des votants allassent chercher ici ou là, et parfois en prenant de véritables risques politiques et démocratiques, de quoi nourrir leurs rêves ou leur protestation, indiquait d'abord un malaise que l'incroyable cécité chiraquienne n'allait pas calmer. La dispersion des voix de gauche n'était que la forme électorale que ce malaise allait prendre et non la cause : Jospin ne l'aura malheureusement pas compris.

L'élection suivante, avec un candidat brillant allait montrer qu'un discours clair, prometteur et cohérent mais surtout volontariste était capable de mobiliser l'électorat même s'il s'avérera par la suite que ce fut une duperie. C'est la faute majeure de Sarkozy d'avoir, certes, montré que l'électorat ne se désintéresse pas de la politique, mais d'avoir joué communication plutôt que détermination politique. Il n'y a rien de pire que les espérances déçues. Le regain de l'abstention le montre. Il ne désigne jamais le désintérêt mais la colère d'avoir été dupé.

La chose est d'autant plus grave que depuis la réforme constitutionnelle, depuis le quinquennat et l'inversion du calendrier, il n'est plus qu'une seule occurrence pour le grand débat national. Cette réforme funeste donne les clés au vainqueur pour cinq ans sans qu'aucune élection législative en cours de mandat ne puisse désormais en tempérer les rigueurs. Un 21 avril escamoterait la possibilité de ce débat car invariablement la mobilisation ferait un score soviétique pour celui qui affronterait la candidate d'extrême droite. Je ne suis pas certain que la Ve république s'en remettrait.

Les candidats ont cette ardente obligation désormais : relancer l'espérance politique. La sinistre péripétie DSK présage mal de la suite. L'engluement de Sarkozy dans son propre bilan, quoiqu'il ne manque pas de savoir faire, risque de l'en empêcher.

Reste le candidat socialiste : il lui faudra bien du talent pour inventer le souffle de l'espérance, la clarté des perspectives.

 



21 avril 2002 - 20 heures par locapass 

A revoir aussi :

 

à revoir encore Jospin en 2006 revenant sur le 21 Avril