Rabaut-Saint-Etienne (1743-1793),
Projet d’éducation nationale.
L’instruction publique
demande des lycées, des collèges, des académies, des livres, des instruments
des calculs, des méthodes, elle s’enferme dans des murs ; l’éducation
nationale demande des cirques, des gymnases, des armes, des jeux publics,
des fêtes nationales, le concours fraternel de tous les âges et de tous les
sexes, et le spectacle imposant et doux de la société humaine assemblée.
Elle veut un grand espace, le spectacle des champs et de la nature ;
l’éducation nationale est l’aliment nécessaire à tous, l’instruction, le
partage de quelques-uns uns. Elles sont sœurs mais l’éducation nationale est
l’aînée. Que dis-je ! c’est la mère commune de tous les citoyens, qui leur
donne à tous le même lait, qui les élèves et les traite en frères, et qui,
par la communauté de ses soins leur donne un air de ressemblance et de
famille qui distingue un peuple ainsi élevé de tous les autres. Toute sa
doctrine consiste donc à s’emparer de l’homme dès le berceau, et même avant
sa naissance ; car l’enfant qui n’est pas né appartient déjà à la patrie.
Elle s’empare de tout homme sans le quitter jamais, en sorte que l’éducation
nationale n’est pas une institution pour l’enfant, mais pour la vie tout
entière.