Chronique du quinquennat

Rio + 20

Peu de choses à rajouter à ce que nous écrivions il y a peu sinon ceci : que ce soit une grande conférence internationale organisée par l'ONU révèle finalement pourquoi le ver est dans le fruit. Trop important pour échouer estime son Secrétaire Général ? on aimerait le croire. On peut toujours s'indigner - ou ironiser - en pointant combien l'écart est vertigineux entre la montée des périls et la désinvolture des dirigeants ; on peut encore s'indigner de ces campagnes électorales qui sitôt le retour de la crise financière, abandonnent toute référence à la transition verte pour errer lamentablement du côté des frontières, de la nation ou même seulement de la réforme fiscale ; on peut enfin regretter la pusillanimité des peuples érigeant l'écologie en variable protestataire pour élections locales ... mais à quoi ceci servirait-il ?

Comment ne pas remarquer surtout que dans ces grandes conférences internationales chacun défend logiquement ses intérêts c'est à dire les intérêts des nations - certainement pas ceux de la terre, de l'environnement. C'est ce que pointait avec justesse M Serres dans La guerre mondiale : c'est au moment où il faudrait se placer du point de vue de ce qui est en danger - le monde - où paradoxalement notre développement industriel et économique nous place de ce côté-ci que nous nous replions derrière les frontières mêmes plus protectrices de nos intérêts particuliers. Or, s'il est une réalité irréfragable c'est bien le fait que nous épuisons les ressources de la terre au point de vivre dangereusement à crédit. Nous n'avons pas (encore ?) les instruments pour lutter contre cette dérive : ni les outils politiques ni les armes idéologiques d'ailleurs.

Le fait même d'avoir nommé D Batho, ministre de ll'écologie est révélateur de cette désinvolture qui persiste à considérer l'écologie comme une vriable politique d'ajustement. L'incompatibilité entre Batho et Taubira à la Justice aura produit cette nomination d'une femme dont le mérite est d'abord d'être une ségoléniste, et qui ne s'est pas particulièrement illustré par des initiatives dans le domaine au détriment de Bricq qui en avait fait une spécialité. On peut évidemment en faire une lecture plus positive - on aimerait que ce fût juste : se dire qu'un ministre s'appuie sur une administration et est supposé insuffler une dynamique politique ; que nommer un ministre non spécialiste c'est illustrer combien l'écologie est une démarche transversale et non idéologique. Sans doute ! On regardera attentivement les initiatives qui seront prises demain. C'est sans doute dans l'inévitble duel entre elle et Montebourg, pompier de la réindustrialisation, que les heurts apparaîtront vite, tant ce dernier, condamné à l'urgence, risque de privilégier les projets à efficacité économique immédiate.

Dans l'attente ces grandes entités que sont les pays émergents, qui sont loin d'être des tigres de papier, mais bien plutôt de potentielles grandes puissances démographiques dont la masse démographique pèse politiquement et menace écologiquement (Inde, Brésil, Chine) qui mènent la danse et revendiquent leur droit à polluer ....

Quelle catastrophe faudra-t-il demain pour qu'enfin on prenne la chose au sérieux ?


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