μεταφυσικά
Préambule précédent suivant

Métaphysique ou métaphysiques ?

Il nous faut nous arrêter quelques instants avant de poursuivre notre route et ceci pour au moins deux raisons :

- ce à quoi nous sommes déjà parvenus et qui n'est pas rien menace pourtant à chaque instant d'être par terre. Faire référence aux textes bibliques n'est pas anodin et ne saurait l'être. On aura beau pointer à chaque instant la différence pouvant irrémédiablement séparer une représentation faisant du chaos infini l'origine de toute chose d'avec une théologie faisant d'un être infini le créateur originel de ce qui est ; on aura beau marquer tout ce qui sépare d'un côté l'incertitude et la solitude, et de l'autre l'espérance en une vérité absolue que je puis recevoir sans toujours comprendre, certes, mais qui me rattache irrémédiablement au monde en m'y donnant un sens, comment être certain que ce que nous croyons avoir déniché ne nous ait pas déjà entraîné du côté d'une réécriture chrétienne de la pensée grecque ?

- nous nous étions promis, plutôt que de partir des grands textes fondateurs, de nous appuyer plutôt sur cet impératif individuel qui invariablement nous pousse à nous poser la question métaphysique, quitte parfois à la galvauder aussitôt ; or, il faut bien l'avouer, nous n'y parvenons pas, n'y à éviter la Bible, ni les grands grecs, ni Heidegger. Qu'est-ce à dire ? qu'il n'y ait d'autre métaphysique accessible que celle offerte à travers le prisme des grands textes ? Est-ce à dire que nous ne saurions formuler de métaphysique individuelle, personnelle, et que nous n'eussions jamais le choix qu'entre celle-ci ou celle-là, condamné que nous serions à la répéter ou interpréter en nous donnant des allures de penseur ?

Pourtant !

D'une métaphysique personnelle ?

Explicitement ou pas, le fait même de vivre constitue une réponse de fait, argumentée ou non, à la question métaphysique. Je souscris assez volontiers à la formule sartrienne de l'universalité humaine de condition : parce qu'au monde, parce que liés par une série de réseaux fortement intriqués de contraintes, d'obligations, nous ne pouvons pas ne pas tenter d'y trouver notre place, et donc de donner un sens à notre présence au monde.

Ce qui ne varie pas, c'est la nécessité pour lui d'être dans le monde, d'y être au travail, d'y être au milieu d'autres et d'y être mortel.
Sartre 70

Que notre liberté se joue dans notre capacité à transformer cette contrainte en opportunité, en projet ; que nous soyons d'autant plus libres que le monde se présente à nous sous l'aune de l'absurde peut toujours être discuté mais pas que notre désir de nous déterminer nous-mêmes excède largement les réseaux de contraintes où nous sommes plongés qui peut se bercer d'illusions peut-être mais assurément d'autant d'entêtement. Non plus que l'inévitable représentation du monde que notre façon d'être implique, qu'elle soit spontanée ou contrainte, naïvement reçue ou précautionneusement réfléchie, qu'importe au fond : toujours il y a une métaphysique sous-jacente.

Me sonne comme une évidence que de vivre, quand bien même on le percevrait comme le plus grand des bienfaits ou au contraire, ainsi que le perçurent les grecs, comme la pire des choses conduisant à l'injustice et qu'il serait bon d'achever au plus vite, que vivre, oui, et tant pis si la chose peut sembler triviale à être énoncée ainsi, sonne sinon comme une fatalité, en tout cas comme un fait avec quoi, pour un temps, il faut bien s'accommoder.

Or ce fait que l'on pose et qui s'impose, cette vie, comme on dit dans le langage courant, que l'on n'a ni désirée, ni choisie, cette vie que l'on ne peut pas même achever volontairement sans qu'elle eût déjà déroulé ses sirènes depuis un moment avant même que l'exigence d'en finir pût seulement se formuler, ne peut se présenter que comme une évidence solitaire. Mais, en même temps comment ne pas en souligner le paradoxe tellement la foule aussitôt nous traverse et envahit, nous lie et trouble.

Car ce sont bien ces deux sentiments contraires qui me hantent dès lors que je veux évoquer ma réalité d'être individuel : d'un côté, je suis plongé dans une collectivité, une société, une famille de qui je dépend, dont je ne puis véritablement m'abstraire autrement que sous des formes métaphoriques mais, de l'autre, irrémédiablement séparé de tous, je ne parviens ni plus à transmettre qu'à recevoir ce qui se ressent, éprouve et souffre. Qu'il y ait des subterfuges plus ou moins opérants - la parole, l'art - pour y parvenir nonobstant en le traduisant ne change rien au fait que la compassion est un leurre. Être, c'est être seul, séparé et il n'est pas une des formes de votre présence au monde qui n'atteste de notre refus de l'admettre, du lien que nous désirons nouer pour apaiser l'effroi

Du rapport à Dieu

C'est Conche qui de la manière la plus abrupte récuse toute métaphysique qui s'appuierait sur l'idée d'un dieu créateur arguant qu'il ne s'y agirait finalement que de théologies déguisées. Poser un dieu créateur revient en réalité à ne pas chercher, parce que l'on saurait ; à ne pas définir un sens parce qu'il vous fût déjà donné :

devenir philosophe, c'est d'une certaine façon, devenir grec. Ce retour à la manière grecque d'aborder la vie sans vérité pré-ordonnée - ni un "sens de la vie" déjà arrêté -, les philosophes majeurs ne l'ont pas effectué, si bien que l'on n'a, avec les Descartes, les Kant, les Hegel et leurs disciples ou parents que des philosophies théologisées. (71)

Parti pris inaugural de sa pensée, lui qui n'imaginait pas que l'idée d'un dieu pût se soutenir face au mal absolu que représentaient autant Auschwitz qu'Hiroshima ; pétition de principe pourrait-on dire avec la possibilité du coup de la balayer : après tout, pourquoi une métaphysique exclurait-elle d'emblée l'idée du divin ?

Conche pointe cependant juste en mettant en évidence combien le surplomb divin change radicalement la donne pour ce que dès lors tout y débute par un savoir reçu, une révélation octroyée qui ne donnera plus d'autre tâche à la métaphysique que de la confirmer, l'expliciter ; la retrouver. C'est bien, après tout, ce qui se sera passé autour de la pensée chrétienne et ce dès Augustin, mais de manière systématique, durant toute la période médiévale où chacun d'Abélard à Duns Scott, d'Anselme de Cantorbery à Thomas d'Aquin s'essaya à retrouver dans les textes grecs, qui chez les pré-socratiques, qui chez Platon ou Aristote, les prémisses de la Révélation comme s'il ne s'agissait finalement que de la confirmer et sa plénitude par les prolégomènes que constituait la pensée grecque.

Il en va d'infiniment plus ce qu'illustre Descartes : autant on peut souligner la véritable révolution que représenta le doute méthodique ; le courage que dut bien un peu représenter le fait de débuter sa philosophie non par dieu mais par l'ego ; la rupture qu'impliquait de ne s'appuyer en rien sur les textes sacrés ou consacrés mais de se résoudre à tout recommencer à zéro sur la seule base de ce que la raison parviendrait à démonter de clair et de distinct, autant il faut s'interroger sur la nécessité où il se mit d'asseoir son évidence sur un absolu. A bien y regarder, la démonstration de l'existence de Dieu vient assez vite et elle est nécessaire au système : à moins de le céder à une régression à l'infini, comment justifier la pertinence de la raison ? comment savoir si ce qui lui apparaît évident, au point de ne plus pouvoir être récusé, ne serait pas lui-même un piège, une illusion ? La raison peut bien démontrer la faille des sens mais quoi justifie l'infaillibilité de la raison ? Quoi peut me garantir que la certitude du cogito ne soit pas une simple persuasion ? Chez Descartes, Dieu apparaît ainsi comme le vrai point de départ de sa philosophie, comme sa condition de possibilité.

De là deux conséquences :

s'il est exact qu'hors la consécration de l'évidence par Dieu, il n'est pas de science mais seulement de la persuasion, cela implique que nulle métaphysique qui en ferait l'économie ne saurait être une science et que donc il ne saurait y avoir que des métaphysiques selon les choix initiaux de leurs auteurs.

mais aussi que tout savoir repose toujours sur un axiome et que ce que l'on appelle aujourd'hui les sciences et non pas la science, ne conservent leur rigueur qu'en n'oubliant jamais que leur objet est local, déterminé et ne saurait en conséquence vouloir appréhender l'être en général ; que leurs résultats sont limités, provisoires qui ne dépendent que de la rigueur de la preuve et de la démonstration dans un champ problématique donné.

C'est dire toute la différence entre philosophie et métaphysique, mais aussi entre métaphysique et science :

Comte n'avait pas tout à fait tort en affirmant que les sciences débutaient par l'abandon de la question pourquoi (métaphysique à ses yeux mais dans un sens qui lui était propre) au profit de la question comment. Elles n'interrogent effectivement pas la cause de ce qui est, mais seulement comment est ce qui est, les relations qu'il entretient avec d'autres phénomènes. Mais en disant ceci, Comte ne dit pas tout. Il concède, autrement que Kant ne l'avait fait, que la connaissance est d'abord affaire de renoncement : renoncement à la connaissance des causes ultimes ou bien renoncement à pouvoir appréhender jamais l'être en soi, renoncement dira Bachelard à pouvoir s'appuyer sur un quelconque déterminisme universel ... mais le plus important n'est peut-être pas là. Les sciences tentent de dire le réel - une partie en tout cas - tel qu'il est démontrable et s'il est exact qu'elles cherchent le vrai au moins autant que la philosophie et la métaphysique, en revanche elles ne s'interrogent jamais sur mon rapport au monde, sur la place que j'y occupe et le sens que je puis lui donner. Les sciences à leur manière sont une philosophie de l'objet ; jamais du sujet. C'est bien ici le second renoncement des sciences - renoncement nécessaire assurément mais qui laisse grand ouvert et déserté le champ du sujet offrant ainsi à la philosophie la raison d'être de sa subsistance. Que les savoirs produits par les sciences servent de leviers à mon action via les techniques qu'elles autorisent et rendent plus efficace est incontestable mais elles ne sauraient en rien ni changer ma façon de penser ; encore moins celle de la façon dont je me pense. En clair, elles autorisent des connaissances mais n'introduisent aucune sagesse.

C'est aussi ce que voulut dire Heidegger quand il énonça que la science ne pensait pas : elle est productrice de connaissances mais ne s'interroge pas elle-même ni sur son fondement ni sur ses présupposés ni même sur l'usage qui en peut être fait. Et quand elle s'interroge, c'est seulement sous les augures de l'épistémologie, sur les conditions de possibilité de la production de savoirs.

Qu'entendre d'ailleurs par sagesse, une fois rappelé que le terme via le grec σοφία vient de sapere, termes qui dans les deux langues désignent d'abord ce qui a du goût et désigne tout autant, en mauvaise part, la ruse, l'ingéniosité, qui débouchent sur sophisme qui indique expédient et ruse avant l'argutie intellectuelle, qu'en bonne part l'intelligence, la sagesse ? Pour les grecs, la sagesse est l'idéal à atteindre correspondant à une réalisation de soi au mieux possible s'appuyant sur la connaissance de soi autant que du monde. C'est assez dire que sagesse dit ce rapport au monde où le sujet cherche à s'inscrire le mieux - ou le moins mal - possible. Toute philosophie est d'abord celle du sujet. Et appelle, qu'on le veuille ou non, une morale. Non pas telle ou telle prescription particulière qui définit une éthique particulière, mais celle qui tient à sa qualité d'homme et renvoie ainsi à un universel. A l'inconditionné.

Voici donc, selon Conche, trois domaines - philosophie, métaphysiques et sciences- qui tous cherchent la vérité, à produire en tout cas de la connaissance, mais où la métaphysique se distingue puisque, partant d'une expérience de l'être, elle ne saurait jamais être que la métaphysique de son auteur ; qu'embrassant des concepts aussi généraux et controversés que nature, tout, elle ne pourra jamais déboucher que sur des représentations unifiées et cohérentes, certes, mais toutes aussi irréfutables les unes que les autres. Curieuse démarche, dira-t-on, que celle de cette métaphysique qui ne saurait être qu'individuelle et tout aussi rationnelle qu'irréfutable mais démarche qui illustre assez bien combien la sagesse s'y niche à la fois au départ et à la fin. Au départ, parce que sans un minimum de retrait par rapport aux attraits du monde - argent, pouvoir, séduction - il ne saurait y avoir de recherche du vrai qui vaille ; à la fin (point 28) dans le souci de se comporter en cohérence avec la métaphysique qu'on s'est définie. (74)

Risques ou opportunités ?

Alors s'il est vrai que se situer dans l'aire judéo-chrétienne du créationnisme fait glisser incontinent plus vers une théologie qu'une métaphysique ; que la démarche de l'une tient plus à l'interprétation à partir d'un savoir reçu et complet quand la seconde relève plutôt de la quête obstinée d'un vrai que l'on sait ne pouvoir jamais atteindre, il n'empêche que s'il y a un point commun entre les deux c'est bien après tout de se définir un rapport au monde qui ressemble à ce que l'on appelle sagesse.

Mais surtout !

Faire référence au divin, aux textes bibliques n'est pas y adhérer. Au reste qui, plus que Conche, aura fait référence à Dieu, dont il parle si souvent, pour finir par admettre même qu'il se refuse à en produire une réfutation parce que ceci est impossible. On pourrait reprendre à cet égard les quatre degrés de la sagesse qu'évoque Descartes (75) : si ce dernier rappelle qu'il n'est pas de philosophie, i.e de quête de la sagesse, qui ne soit métaphysique, il insiste sur le dialogue qu'implique à la fois la rencontre avec les autres hommes mais aussi la lecture des grands textes. Il n'est effectivement pas de pensée qui vaille qui ne s'appuie sur le commerce entretenu avec la pensée de l'autre : si l'on se souvient que le dialogue n'est possible qu'à la triple condition de la reconnaissance de l'autre, de sa liberté et de son égalité, on a ici non seulement à disposition les règles fondatrices - et inconditionnelles - de toute morale mais aussi la justification de la démarche. En tant qu'être pensant, je n'ai pas plus d'autorité que d'autres à vouloir penser une métaphysique - mais pas moins non plus.

A ce titre, c'est faire oeuvre classique de philosophie que de chercher, non pas à produire une nouvelle interprétation d'une vérité révélée, mais de chercher, d'entre toutes les métaphysiques déjà produites, s'il n'était pas quelques points communs qui pussent servir si ce n'est de principes inconditionnels en tout cas de point de ralliement. Ce qui s'avère évident c'est en tout cas combien demeure incontournable le dialogue entre les métaphysiques grecques et l'approche judéo-chrétienne, plus théologique parce qu'en réalité ce sont les deux termes irréconciliables d'un débat qui conditionne notre être au monde. Ou bien il y a un Être, à l'origine, créateur et donc une vérité absolue qu'il suffit - mais toute la difficultés réside dans ce suffire - de correctement comprendre et interpréter pour conformer son existence aux préceptes qu'elle contient ; ou bien au contraire, il n'est rien d'autre, que l'être à l'origine de ce qui est, ce que les grecs nommaient l'apeiron, l'infini et qui prend la forme pour nous de la réalité, de la nature, du cosmos. Mais dans les deux cas, avec des réponses différentes évidemment, la même question se pose : que veut dire pour moi qui suis que d'être.

Or des points de ralliement nous en avons trouvés, comme on en trouva en morale en dégageant les principes de réciprocité, solidarité et pesanteur et grâce : le diptyque séparation/lien en est, en tout cas le premier.

Sous une forme conforme en réalité avec ce qu'énonce Descartes, s'avère bien, dans les deux approches, qu'être c'est d'abord être séparé et de l'effroi ou au moins de l'inquiétude qui en naît, tenter de retrouver le lien avec cet être, cette réalité, dont nous sommes séparés par le fait même d'être pensants et conscients. Instaurer des liaisons ou les retrouver est bien un marqueur de l'humanité de l'homme même si cela s'observe déjà dans sa dimension physiologique et biologique. Tension qui signale la nature désirante de l'homme, eût écrit Spinoza ; qui en dépasse selon nous la stricte dynamique. Or, ce marqueur permet d'approcher ce que penser et connaître veulent dire et donc finalement aussi chercher et méditer, mais aussi la place essentielle que tient la transmission sous la forme de l'enseignement, de l'éducation ; du dialogue.

Oui il faut donc bien persévérer mais en se préservant de trois tentations :

- ne pas chercher à justifier la légitimité de la métaphysique : elle a, après tout ceci de commun, pis encore, avec la philosophie dont elle est une branche, d'être toujours/déjà supposée morte mais de se survivre nonobstant. On pourrait aisément reprendre le titre d'un des chapitres du Qu'est-ce que la métaphysique de F Nef : la mort lui va si bien ! Pour la raison indiquée par Conche - il n'est pas de méditation philosophique qui n'en vienne un jour à se poser la question de l'être et de son propre rapport au monde - pour celle suggérée par Descartes, qu'implicite ou explicite, toute démarche philosophique s'appuie toujours sur des présupposés métaphysiques - mais encore parce que nul ne peut faire l'économie de s'interroger, un jour ou l'autre, sur ce que Tiercelin nomme si joliment le ciment des choses, oui, la métaphysique persiste et signe.

- ne pas tenter d'en établir ou prouver la scientificité comme le veut Cl Tiercelin qui n'hésite pas à sous-titrer son livre Petit Traité de métaphysique réaliste. Je rejoins ici plutôt Conche qui, considère que toute métaphysique porte trop la marque de son auteur pour être falsifiable ; trop rétive à toute expérimentation pour être vérifiable. L'affirmer simplement comme une nécessité inéluctable de tout effort de médiation

- ne pas chercher, mais ce n'est ici qu'une conséquence de la précédente, à lui définir un territoire, un objet, des méthodes ou lui proposer un objectif théorique.

Mais ce qui permet d'éclairer un peu mieux ce que nous tentons de faire ici. A l'instar de ce que nous fîmes pour la morale où nous nous proposâmes moins de définir un code éthique que d'en proposer les principes fondateurs, ici non pas écrire une métaphysique - en tout cas pas tout de suite - mais en proposer ici aussi les principes incontournables. Je ne veux ici ni proposer une métaphysique se déclinant en une série de propositions à l'universalisme d'autant plus prétentieux qu'inaccessible, ni chercher une voie qui permettrait utilement à la métaphysique de compléter les sciences ; encore moins tracer les différentes orientations observables dans le champ des recherches contemporaines. Bref ni histoire ni épistémologie de la métaphysique.

Je cherche seulement, sans pour autant prétendre à une méta-métaphysique, à repérer les quelques axiomes qui, à défaut d'être démontrables, seraient sinon universels en tout cas moins propres à chaque auteur que ce que Conche affirme.

Liaison et séparation sont bien un de ces fondements qui occupe ce livre I et concerne ce rapport si étrange qui lie être et pensée qu'on manque souvent en tâchant de le traiter de verser soit dans l'ontologie pure, soit dans l'épistémologie.

Servir en est le second qui occupera le livre II

Devenir/demeurer en est le troisième qui engagera le livre III.



70) lire notamment ce passage de

Sartre, L'existentialisme est un humanisme, Nagel, 1946

71) M Conche, Métaphysique, p 20, PUF, 2012

72) in Entretien avec Marcel Conche paru dans PHILOSOPHIE MAG no 1

L'expérience initiale à partir de laquelle s'est formée ma philosophie fut liée à la prise de conscience de la souffrance de l'enfant à Auschwitz ou à Hiroshima comme mal absolu, c'est-à-dire comme ne pouvant être justifié en aucun point de vue

73) lire texte de l'ITV donnée dans le cadre d'un documentaire

74) lire Avertissement de Conche, Métaphysique

75) Descartes Lettre-préface aux Principes :

Mais parce qu’on est empêche de les croire, par l’expérience qui montre que ceux qui font profession d’être philosophes sont souvent moins sages et moins raisonnables que d’autres qui ne se sont jamais appliqués à cette étude, j’aurais ici sommairement expliqué en quoi consiste toute la science qu’on a maintenant, et quels sont les degrés de sagesse auxquels on est parvenu. Le premier ne contient que des notions qui sont si claires d’elles-mêmes qu’on les peut acquérir sans méditation ; le second comprend tout ce que l’expérience des sens fait connaître ; le troisième, ce que la conversation des autres hommes nous enseigne ; à quoi l’on peut ajouter, pour le quatrième, la lecture, non de tous les livres, mais particulièrement de ceux qui ont été écrits par des personnes capables de nous donner de bonnes instructions, car c’est une espèce de conversation que nous avons avec leurs auteurs. Et il me semble que toute la sagesse qu’on a coutume d’avoir n’est acquise que par ces quatre moyens ; car je ne mets point ici en rang la révélation divine, parce qu’elle ne nous conduit pas par degrés, mais nous élève tout d’un coup à une croyance infaillible.