Il y a un siècle....

Guillaume II au Reichstag (25 juin 1888)

 

Messieurs,

Je vous ai convoqués, Messieurs, pour faire connaître devant vous au peuple allemand que je suis résolu à suivre, comme empereur et comme roi, les mêmes voies que celles dans lesquelles feu mon auguste grand-père a gagné la confiance de ses confédérés, l'amour du peuple allemand et les hommages bienveillants de l'étranger.

Les tâches les plus importantes de l'empereur allemand consistent à assurer, sur le terrain militaire et politique, la sécurité de l'empire au dehors, et à veiller au dedans, à l'exécution des lois de l'empire.

La première de ces lois est la constitution impériale. La sauvegarder et la défendre dans tous les droits qu'elle garantit aux deux corps légiférants de la nation et à chaque Allemand, de même que dans les droits qu'elle garantit à l'Empereur, et à chacun des Etats confédérés et à leurs souverains : tel est un des droits et des devoirs principaux de l'Empereur.

Aux termes de la Constitution, j'ai plus à concourir à la législation de l'empire en ma qualité de roi de Prusse qu'en celle d'empereur allemand. Mais, en cette double qualité, mes efforts tendront à poursuivre l'oeuvre de législation de l'empire dans le même sens que feu mon auguste grand-père l'a commencée.

Je m'approprie tout particulièrement et dans toute son étendue le message qu'il a émis le 17 novembre 1881, et, dans le sens indiqué par ce message, je continuerai de faire en sorte que la législation impériale concernant la population travailleuse s'efforce d'accorder aux faibles et à ceux qui souffrent la protection qu'elle peut leur donner dans la lutte pour l'existence, conformément aux principes de la morale chrétienne.

J'espère qu'on réussira de la sorte à avancer la conciliation des contrastes sociaux malsains, et je suis persuadé que, dans mes efforts pour développer notre prospérité intérieure, je rencontrerai l'appui unanime de tous les partisans fidèles de l'empire et des gouvernements confédérés, sans distinction des différents partis.

Mais je crois de même qu'il est nécessaire de maintenir dans les voies de la légalité notre développement politique et social, et de nous opposer avec fermeté à tous les agissements ayant pour but et pour effet de miner l'ordre gouvernemental.

Dans le domaine de la politique extérieure, je suis résolu à maintenir la paix avec tout le monde... L'Allemagne n'a besoin ni d'une nouvelle gloire militaire, ni d'aucune conquête, maintenant qu'elle a reconquis définitivement ses droits comme nation unie et indépendante.

Notre alliance avec l'Autriche-Hongrie est connue de tout le monde...Je vois dans cette alliance défensive une base de l'équilibre européen, ainsi qu'un legs de l'histoire d'Allemagne non contesté jusqu'en 1866.

Des relations historiques semblables et des besoins nationaux pareils nous unissent à l'Italie...

J'ai la satisfaction de constater que les arrangements que nous avons conclus avec l'Autriche-Hongrie et l'Italie me permettent d'entretenir avec soin mes relations d'amitié personnelle pour l'empereur de Russie et des relations qui répondent à mes propres sentiments, aussi bien qu'aux intérêts de l'Allemagne.