Elysées 2012

Du rite grec

De la symbolique et du pouvoir
à la surface au mitan en profondeur
Primaires Esprit de la Ve République Symbole
réussite   fondation
Petits coups   rite grec
addition   rite albin
éléments de langage   Hestia
miel & fiel   Moïse
    fondation mosaïque
    Du prophétisme

 

L’acte fondateur est donc bien ici : un acte logique qui consiste à ériger en principe, à faire sortir de l’espace ordinaire un désir, une aspiration (ce qu’on disait plus haut)
Tout semble tourner autour de la question du changement de langue, de logiciel. On pourrait parfaitement s’arrêter là et se dire que finalement fonder c’est théoriser. C’est une première approche mais ce n’est pas la seule.

On peut juger l’hésitation lexicale à l’aune de ce que nous venons de dé-couvrir : morale et éthique disent la même chose quoique l’une le dise en grec, l’autre en latin. Morale semble effectivement, dans la tradition philosophique en tout cas, plus aisément rattachée à une approche idéaliste de la question au contraire d’éthique qui renvoie à une problématisation matérialiste : les valeurs sont-elles des absolus à quoi nous nous devons de nous plier, ou, au contraire ne sont-elles que des généralisations de comportements dont on se contentera de rechercher la meilleure combinatoire.
La question est sans doute d’importance : elle en aura dans la suite de notre recherche ; pas nécessairement ici. En effet, dire la morale revient en fait à poser une hiérarchie, entre les choses, entre les hommes, entre les relations entretenues entre eux. C’est nécessairement poser que ceci pèse (la valeur) plus que cela, et donc justifier cette hiérarchie.

Cette dernière participe de la distinction entre sacré et profane : ιεροσdésigne ce qui est admirable et donc aussi sacré, mais aussi l’offrande mais aussi les entrailles des victimes et donc les augures. Partant aussi bien le prêtre (le hiérarque) que le temple.
Poser le problème en terme moraux, prendre une posture morale, faire la morale à quelqu’un qu’est-ce que cela pourrait bien vouloir signifier d’autre que de distinguer par une parole, qui se cache quand elle est ironique, qui placera en avant ce qui importe, que l’on consacre, que l’on sanctifie, que l’on sacrifie, étymologiquement.
A l’intersection du politique, du religieux et du droit, la morale classe et trie : crée des classes. Que cette taxinomie soit sociale, économique ou politique importe peu ici. La morale renvoie à l’objet, à notre rapport à l’objet : très exactement elle nous met, face à l’objet en tant que sujet. La sanctification de tel ou tel objet, nous y met en-dessous, comme celui qui doit être soumis à ce qui le dépasse. Je ne sais pas encore si c’est la classification des objets qui entraîne celle des hommes ou au contraire celle-ci qui produit l’autre, mais ici sur la ligne ceci revient au même. Le fondateur, mais nous savons qu’il s’agit d’un moment, reste celui d’une distinction qui a un sens : hiérarchique. Le fondateur ne classe pas, il donne l’ordre du classement, son sens. Sa cohérence.

Or, force est de constater que ce moment de la fondation est sitôt posé qu’effacé ; enfoui, très exactement. Caché. On peut néanmoins en déceler quelques traits :

il a partie liée avec la violence ; Celle-ci est partout : au début, à la fin 

il a partie liée avec la tourbe, la foule, le désordre

il a partie liée à l’objet.

Savoureuse critique, avec quoi il faudra bien se colleter, mais qui déplace explicitement le problème du côté du psychologique en se jouant d’une explication finaliste plutôt que causale. Nietzsche se demande pour quoi la morale – et non pourquoi ; pour qui la morale. C’est oublier que cet arrière monde peut s’entendre  de manière tant logique qu’ontologique – au même titre que la vérité d’ailleurs. C’est assez insister sur l’importance de cette subtilisation d’un monde à un autre.

Le rite albain