Nous en déduisons à l'évidence la cité fait partie des
choses naturelles et que l'homme est par nature un animal politique; si bien
que celui qui vit hors cité, naturellement bien sûr, et non par hasard des
circonstances est soit un être dégradé, soit un être surhumain: il est comme
celui qu'Homère injurie en ces termes: "sans lignage, sans loi, sans foyer".
Car un tel homme est du coup passionné de guerre. Il est comme une pièce
isolée au jeu de trictrac. C'est pourquoi il est évident que l'homme est un
animal politique, bien plus que n'importe qu'elle abeille, ou n'importe quel
animal grégaire. Car, nous le disons souvent, la nature ne fait rien en
vain. Et seul, parmi les animaux, l'homme est doué de parole. (…)
De plus la cité est par nature antérieure à la famille et à chacun d'entre
nous. Car le tout est nécessairement antérieur à la partie.
Que donc la cité soit à la fois naturelle et
antérieure à chacun de ses membres, c'est évident. S'il est vrai, en effet,
que chacun pris isolément n'est pas autosuffisant, il sera dans la même
situation que les autres parties vis-à-vis du tout. Aussi, celui qui ne peut
appartenir à une communauté, ou qui n'en a nullement besoin du fait qu'il
est autosuffisant n'est en rien une partie de la cité: par conséquent, c'est
soit une bête, soit un dieu. |