J Julliard
Non, il n'y a pas de mémoire de gauche, ni de mémoire de
droite. Je prends l'exemple de la Révolution Française. En tant qu'homme de
gauche, je m'en sens évidemment l'héritier. J'admire son universalisme. Mais
je sais bien que si son imaginaire est de gauche, dans beaucoup de ses actes
elle fait le choix de la contrainte, de la violence et pas de la démocratie.
Au XVIIIe siècle, l'identité européenne existait. Voltaire,
Diderot, tous pensent européen. Mais, hélas, la Révolution française a fait
reculer l'idée européenne au profit de l'idée nationale. Le XVIIIe
siècle, grand siècle des civilisations, pense l'homme, ne pense pas la
nation. C'est la Révolution ensuite qui pense la nation. Et débouche ainsi
sur une formidable régression nationaliste qui explique beaucoup des
malheurs postérieurs. |
H Guaino
Les acteurs de la Terreur
révolutionnaire ne sont pas les héritiers des Lumières. Ils en sont les
enfants perdus. Ils ont incarné la première génération d'idéologues au
pouvoir dans l'histoire du monde. Ils ont dévoyé la philosophie en
idéologie. En voulant exporter la révolution par la conquête, ils n'ont pas
inventé le nationalisme, mais la guerre idéologique, qui est la pire de
toutes les formes de guerre |