Je ne fais
rien d’autre en effet que de circuler partout; je vous engage, les plus
jeunes comme les plus âgés, à n’avoir, ni pour vos corps, ni pour votre
fortune, de souci qui soit antérieur à celui de l’amélioration de votre âme,
ni qui soit même également fort; je vous dis que ce n’est pas de la fortune
que naît le vrai mérite, mais que c’est le vrai mérite qui fait bonnes, la
fortune, les autres choses humaines aussi, toutes sans exception, dans les
affaires privées comme dans celles de l’État. Maintenant, si c’est en disant
cela que je corromps la jeunesse, alors c’est que cela est dommageable! (…)
Mais peut-être jugera-t-on étrange, précisément, que, tout en donnant dans
le privé, de droite et de gauche, ces consultations, je n’aie pas l’audace
de m’occuper des affaires publiques et de donner à la Cité mes consultations
sur ce qui vous concerne! Or la raison en est ce que maintes fois, en maint
endroit, vous m’avez entendu dire: à savoir qu’il m’arrive, je ne sais quoi
de divin et de démonique… Les débuts en remontent à mon enfance: c’est une
voix qui se fait entendre en moi, et qui, chaque fois que cela arrive, me
détourne de ce qu’éventuellement je suis sur le point de faire mais qui
jamais ne me pousse à l’action. Voilà ce qui s’oppose à ce que je fasse de
la politique. Bienheureuse opposition, en vérité, si je m’en crois!
Sachez-le bien, en effet, Athéniens: si, depuis longtemps j’avais entrepris
de faire de la politique, il y a longtemps que ma perte serait chose
accomplie et que je n’aurais pu être utile, ni à vous, ni à moi-même!
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