Borj El Kastil

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Ce dimanche, visite d'un fort, organisée par Djerba Insolite.
C'est toujours un joli moment que ces excursions-là parce qu'on ne sait jamais quoi, de la préoccupation environnementale ou du simple plaisir touristique, est le prétexte de l'autre ; quoi, du plaisir de se retrouver ou de faire partager à tous ceux, nombreux, qui aspirent à un tourisme intelligent. Et c'est bien de cela dont il s'est agi : non pas consommer le lieu mais le servir …

Les plaisirs allaient venir : repas pris au bord de l'eau et séance baignade dans une eau verte à souhait mais d'abord l'effort : ramasser tout - bouteilles plastique, canettes de soda et autre détritus pas toujours identifiables - tout ce que sottise, négligence ou indifférence auront déposé là.

Mais chut… commençons par le début !

On se retrouve au matin, prêts à embarquer : une petite traversée paisible, en zig zag parfois histoire d'éviter les bancs de sable, et de trouver le chenal. On y prend le frais, un peu, fait connaissance des autres passagers … bref l'occasion de jolis moments. Une bonne grosse demi-heure à scruter le fort grossir au loin, à entendre pétarader le moteur.

Enfin nous voici débarqués !

 

La chose est massive, presque écrasante, qui emplit l'espace de son tracé trop géométrique pour ne pas trahir son passé militaire. Sans doute fut elle assez puissante pour contrôler l'accès à l’île mais les militaires espagnols qui la construisirent pouvaient-ils savoir que son étonnante couleur sable se confondant avec l’île elle-même offrirait spectacle si poétique ? Non, assurément, les militaires sont rarement poètes. Ou bien à leurs dépends.

Regardons bien : combien cette masse est fragile, déjà fracassée, menaçant de s'effondrer sur elle-même en dépit de l'allure puissante que faussement elle suggère. Ainsi en est-il de toutes choses humaines : ce qu'il ne faut jamais regretter quand il s'agit des obsessions militaires !

Regardons bien : en réalité, il n'y a rien à voir ; rien à visiter et l'intérieur même de l'enceinte n'est plus qu'amas de cailloux et de poussière ! Ce qu'il y a à voir, en réalité ne se voit pas : la puissante érosion - vent, eau et sable - fait son irrésistible office sous des allures presque aimables. Qui imaginerait que cette mer si quiète, tellement assurée de sa limpidité pût être si coriace ; tellement intraitable.

Regardons bien : ce qu'il y a à voir c'est ce que justement nous aimerions ne pas voir : ces détritus c'est-à-dire nos propres œuvres.

Regardons mieux pourtant : ces dos qui se penchent, ses mains qui ramassent, ces sourires qui persistent. Réconfortant de voir ces jeunes et moins jeunes s'atteler à la tâche pourtant ingrate avec le seul enthousiasme de rendre le site un peu plus propre, beaucoup plus aimable qu'il n'était …
La mer, la plage, ce sera pour plus tard ; un peu plus tard. Mais elle est là déjà qui promet …

Bientôt ce sera le repas pris au bord de la plage et c'est merveille de constater combien la théorie de gourmands si bien alignée le long des parasols, ne laissera aucune trace ! Les membres de cette association peuvent donner de belles leçons d'organisation.

Après ? Que dire ? Rires, chants, joyeuse trempette dans une eau calme à rêver, transparente à souhait.

Une journée qui montre qu'on peut, dans la joie, faire des choses utiles en même temps qu'agréables ! que s'engager n'exige pas nécessairement d'être cauteleux, compassé ou rigide !