Bloc-Notes
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Histoires d'amalgames, de confusionnisme ; de malhonnêteté ?

De l'amalgame en 5 étapes
1 Terreur terrorisme 2 Histoire de tolérance ? 3 Brouillage idéologique
ou le confusionnisme d'Onfray
4 Retour aux mots 5 Idéal idéologie

 

Non de brouillage idéologique

Ou
comment Onfray se fait prendre à son propre piège !

Je l'ai déjà évoqué et ne suis pas surpris que ce soit encore Onfray qui en soit le vecteur. M'amuse assez qu'il pousse désormais des cris d'orfraie, se déclarant victime propitiatoire des exclusives et des dogmatismes ... On finit toujours par ressembler à ceux que l'on combat ...

Je m'amuse - un peu - de l'entendre se refuser à commenter les commentaires mais quoi ? lui qui passe son temps à éreinter les idoles au nom d'une pensée libre (Freud, Sartre ...) en s'appuyant souvent moins sur les sources que sur les commentaires, ne manque décidément pas de culot.

Où est ici la pensée libre ? Dans le fait de relever le rôle délétère de la politique de Bush qui contribua effectivement à déstabiliser complètement la région au nom d'une croisade aussi hypocrite que stupide ? Dans le fait de suspecter Hollande de ne prendre depuis vendredi dernier ses positions offensives que pour de basses considérations électorales ? au passage quelle originalité et quelle hauteur de vue ! Dans cette - assez - lâche posture de philosophe qui se réclame du recul nécessaire quand on le critique sur les implications immédiates de ses propos ?

Outre qu'il donne décidément raison à Arendt lorsqu'elle désigne l’ambiguïté de toute posture politique du philosophe depuis Platon, outre que son propos, curieusement reprend terme à terme la succession de ses tweets - jusqu'à l'étrange comparaison avec la mort de Brasillach - comme si sa pensée devait se résumer à ces fragments de quelques cent quarante signes et se contenter d'une boucle répétitive, le moins qu'on puisse dire est que ses propositions géostratégiques relèvent de la naïveté - pour ne pas écrire niaiserie. Discuter avec Daech - via la Turquie, le Qatar ou l'Arabie Saoudite - pour éviter la guerre ... à tout prix ?

Munich en son esprit n'est pas mort ! jusqu'à l'ultime minute certains n'écrivirent-ils pas Mourir pour Dantzig ? Déat, un socialiste à cette date encore et qui versera dans le pétainisme et ce que la collaboration comptera de pire !

C'est bien ici que se joue le brouillage ; ici que se pose la question de la terreur.

Tant que l'on en reste aux aimables généralités, tant que l'on se contentera de supposer que l'histoire se joue entre gens de raison ; que l'on imaginera que les rapports humains relèvent d'un dialogue qui se ferait plus ou moins bien - on se comprend ou on ne se comprend pas ; tant que l'on fait mine d'oublier que les idées ont une histoire et des protagonistes, que nos cultures sont aussi le fait de rapports de force qui pour être dialectiques n'en cessent pas moins de dérouler leurs effets, alors oui, on pourra trouver judicieux et prudent, avant de déclencher quelque conflit que ce soit, de faire jouer au préalable la diplomatie.

Le brouillage ici consiste dans le fait de ne pas tenir compte de l'histoire : de mettre sur le même plan la victime innocente d'un attentat, l'intellectuel qu'il est et qui prend position et un Brasillach - condamné en janvier 45 pour intelligence avec l'ennemi devant les Assises de la Seine - à confondre terreur qui est le terme du Comité de Salut Public avec terroriste qui est celui des Thermidoriens qui viennent de l'abattre ...

On ne se réfère pas impunément à Brasillach ! Surtout pour se plaindre d'être victime - évidemment innocente - d'un lynchage médiatique comme si Brasillach avait été victime de sa seule liberté d'expression !

Il faut se séparer des juifs en bloc et ne pas garder les petits",
Brasillach, Je suis partout, 1942

On ne met pas impunément sur le même plan victimes, bourreaux sous prétexte qu'ils seraient confrontés à la même violence ; tyrans et démocrates sous le prétexte qu'ils se feraient la même guerre !

Il y a malhonnêteté intellectuelle à n'aborder la Terreur révolutionnaire qu'en terme d'inconséquence d'un homme qui dirait l'un et ferait le contraire et à supposer le public - à sa notable exception, bien sûr - assez niais pour à chaque fois s'y laisser prendre.

Il y a cuistrerie à vouloir donner des leçons à tout le monde, à rentrer dans l'arène politique et le brouillon de l'actualité puis à s'en retirer - au nom de la hauteur de vue du philosophe - sitôt que pleuvent les coups !

Il y a irénisme, pour être poli, naïveté criminelle, pour ne l'être plus, d'imaginer qu'il suffise, des hauteurs de sa sagesse, d'en appeler au dialogue sans tenir compte ni de ce que seraient les interlocuteurs ni des relations de pouvoirs qui les opposent et réunissent. Foucault à l'occasion de la sortie de son Surveiller et Punir l'avait amplement relevé et la suite de ses recherches l'a suffisamment exploré : on ne saurait réduire les rapports humains et sociaux aux seules relations de compréhension ; pas même aux seuls rapports de force économiques ; encore faut-il les envisager sous l'aune des rapports de pouvoirs. Onfray sait-il, du haut de sa suffisance prétendument pacifiste qu'il déploie devant nous une représentation largement tronquée ?

 


1) Onfray