Textes

La Crise des sciences Européennes et la phénoménologie transcendantale, Paragraphe 9.

 

Connaître le monde « philosophiquement », c'est-à-dire de façon sérieusement scientifique, cela ne peut avoir de sens et ne peut être possible que si l'on parvient à trouver une méthode pour construire systématiquement, en quelque sorte a priori, le monde, l'infinité de ses causalités, à partir du maigre stock de ce qu'il est possible d'établir dans l'expérience directe et simplement relative ; que si l'on parvient également malgré l'infinité, à assurer de façon contraignante cette construction. Comment est-ce pensable ?


C'est ici que la mathématique se présente à nous comme « magistra ». C'est qu'en effet, du point de vue des figures spatio-temporelles, elle a déjà frayé la voie, et ce d'une double façon. Premièrement : grâce à son idéalisation du monde des corps du point de vue de ce qui en lui relève de la figure spatio-temporelle, elle a créé les objectivités idéales. Elle a pour la première fois fait un monde objectif, au sens propre du terme, de ce qui était espace et temps pour le monde de la vie, c'est-à-dire une forme générale indéterminée avec la multiplicité des figures que l'intuition empirique pouvait imaginer dans cette forme ; c'est-à-dire qu'elle a créé une totalité infinie d'objectivités idéales déterminables de façon méthodique et absolument univoque pour tout le monde.