Textes

Idées directrices pour une phénoménologie, 93

 

Ce qui est vrai de moi vaut aussi, je le sais bien, pour tous les autres hommes que je trouve présents dans mon environnement. Par expérience que j’ai d’eux en tant qu’hommes, je les comprends et je les accueille comme des sujets personnels au même titre que moi-même, et rapportés à leur environnement naturel. En ce sens toutefois que je conçois leur environnement et le mien comme formant objectivement un seul et même monde qui accède seulement de façon différente à toutes nos consciences. Chacun a son poste d’où il voit les choses présentes, et en fonction duquel chacun reçoit des choses des apparences différentes. De même le champ actuel de la perception et du souvenir différencie chaque sujet, sans compter que même ce qui est connu en commun, à titre intersubjectif, accède à la conscience de façon différente, sous des modes différents d’appréhension, à des degrés différents de clarté etc. En dépit de tout cela, nous arrivons à nous comprendre avec nos voisins et posons en commun une réalité objective d’ordre spatio-temporel qui forme ainsi pour nous tous l’environnement des existants, bien qu’en même temps, nous en fassions nous-mêmes partie.