Textes

Augustin
Confessions VII, 3, 5. BA 13, pages 584-587.

Je fixais mon attention pour saisir ce que j’entendais [en écoutant Ambroise] : à savoir que le libre arbitre de la volonté est la cause du mal que nous faisons, et ton juste jugement celle de nos souffrances ; et cette cause, je n’étais pas capable de la saisir clairement. Aussi, pour tirer hors de ce gouffre le regard de mon esprit, je faisais des efforts, mais j’y plongeais encore ; je multipliais les efforts, et j’y plongeais encore et encore.


Une chose en effet me soulevait vers ta lumière : j’avais conscience d’avoir une volonté autant que de vivre. Aussi, quand je voulais ou ne voulais pas quelque chose, ce n’était pas un autre que moi qui voulait ou ne voulait pas, j’en étais absolument certain ; et là se trouvait la cause de mon péché, déjà je m’en rendais compte.
Mais quand j’agissais malgré moi, je subissais plutôt que je n’agissais, je le voyais bien ; ce n’était pas là une faute, mais un châtiment, je l’estimais ainsi ; et il n’était pas injuste que j’en fusse frappé, puisque je te concevais comme juste, je l’admettais sans peine.
Mais je reprena

is alors : « Qui m’a fait ? N’est-ce pas mon Dieu, qui est non seulement bon mais le bien même ? D’où me vient donc de vouloir le mal et de ne pas vouloir le bien ? Est-ce pour motiver un châtiment que je subisse justement ? Qui a mis en moi, et y a planté, cette pépinière d’amertume, alors que j’étais fait tout entier par mon Dieu plein de douceur ? Si le démon en est l’auteur, d’où vient le démon luimême ? Et si, même lui, par une volonté dévoyée, de bon ange s’est fait démon, d’où est venue en lui aussi la volonté mauvaise qui devait le faire démon, puisqu’il avait été fait ange tout entier par un créateur très bon ? »


Ces pensées m’accablaient derechef, et me suffoquaient.

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