Elysées 2012

Sondages ....
Mardi 13-Mars-2012

La matinée n'a bruissé que de cette nouvelle : les courbes enfin se sont inversées ; enfin dans les intentions de vote Sarkozy dépasse Hollande au 1e tour. Et chacun d'y aller de son commentaire, de son espérance ... de ses prévisions. Tout le monde sait qu'à un moment donné que d'aucuns nomment cristallisation, les courbes adoptent une tendance définitive ; tout le monde sait que le favori de décembre n'est jamais le gagnant de mai et chacun attendait une inversion des courbes.

Ça y est ! la première enquête la donnait !

Et puis patatras, le soir même une seconde enquête affichait exactement l'inverse ! et le tourbillon des commentaires d'étourdir de plus belle .

Quelques rapides petites leçons à en tirer

L'imprudence des commentateurs

Cela fait un moment que les enquêtes divergent - en tout cas sur le 1e tour : ces deux livraisons le confirment qui illustrent à la fois que les sondages ont un vrai problème avec l'évaluation du vote d'extrême-droite mais aussi avec celle de l'abstention - ce qui est plus logique. Que les sondages n'ont rien de prédictif et proposent au mieux comme l'on dit, un instantané qui indique une tendance mais pas des résultats.

Les sondages sont devenus des événements de com au même titre que les interviews, les meetings et constituent ainsi moins des baromètres que des éléments de la campagne.

L'imprudence de la presse est de l'oublier ainsi que le caractère non scientifique - en tout cas aléatoire - de ces enquêtes .

Leur faute professionnelle est enfin de ne pas prendre le temps de l'analyse, non plus que celui du recul. Quand même l'inversion des courbes était un fait, il vaudrait en tout cas mieux attendre quelque temps, et d'autres enquêtes, pour mesurer si la tendance se confirme et de quelle ampleur elle serait. Mais décidément, pris dans le tourbillon de la concurrence des scoops entremêlés, il paraît que plus personne ne fasse sur lui ce travail élémentaire de la prudence, de la patience et de la circonspection.

L'imprudence des médias

L'aléa sondagier rend en tout cas totalement illégitime le refus d'un France 2 de recevoir Joly à des Paroles et des actes. Il faudra bien un jour repenser ces différentes phases qu'a instituées le CSA : bientôt chaque candidat aura droit au même temps de parole et au moins les choses seront quantitativement équitables. En attendant, c'est bien plutôt la foire d'empoigne dans la mesure même où chacun s'appuie sur des références différentes pour mesurer ce qu'il nomme égalité.

Une situation inédite ?

Je ne sais pour ma part qu'une seule chose : cette élection, décidément, ne ressemble pas aux précédentes : ni par le contenu de la campagne qui tarde à dessiner ses thèmes directeurs, ni par les tendances électorales. D'ordinaire le paysage se dessine entre fin janvier et fin février. A presqu'un mois du premier tour, l'incertitude est reine encore. Cela déjà est une grande nouveauté. Tout le monde sent, redoute ou espère une surprise de dernière minute. Fillon n'a pas forcément tort en estimant que tout pourrait se jouer dans la semaine précédant le 1e tour : si tel devait être le cas, nous serions plutôt dans une configuration de 2002 où le resserrement des écarts pourrait bien provenir d'un renforcement des challengers. Je ne crois toujours pas à un 21 Avril - ai-je tort ? - en revanche je suppose que tant du côté de Mélenchon que de Bayrou que de Le Pen les déplacements d'intentions de vote peuvent encore être forts.

Pour autant : rien de vraiment décisif encore !

- les pistes pour le second tour restent toujours les mêmes sinon que les scores pléthoriques disparaissent et que les mesures approchées redeviennent crédibles.

- le rebond de Sarkozy n'est pas immense et son étiage reste celui de l'immédiat après déclaration de candidature. On nous avait promis qu'il renverserait les tables : pour le moment ce n'est pas le cas

- Le Pen ne semble décidément plus sur une voie ascendante non plus que Bayrou - au contraire de Mélenchon.

 

Mais il serait temps quand même qu'on cessât de prendre une présidentielle pour une course de chevaux ! La République le vaut bien ! vaut mieux que cela en tout cas.

 


IFOP

TSN SOFRES

1) un des plus beaux reste quand même celui de Buisson, conseiller de Sarkozy, transfuge de l'extrême-droite, ex directeur de Minute !