Ethique
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Portée et limites de toute éthique

J'avais, en commençant la morale, distingué d'entre éthique et morale et repéré même un troisième niveau, le plus singulier, le plus concret, le plus proche des gestes précis associés à une profession : la déontologie. On put désormais préciser ceci, en y ajoutant un quatrième niveau :

Au sommet, sinon le plus abstrait en tout cas au plus universel qu'il soit possible d'accéder : la morale. Une affaire de fondement, de principes. Je ne conçois pas de discours éthique qui, énonçant des valeurs, formulant les commandements devant régir nos comportements, ne tente au moins de justifier ses valeurs. C'est ici l'étage des principes ou, si l'on préfère des méta-valeurs. Aussi étrange, s'agissant de la morale qui est quand même conception du bien agir, c'est ici l'étage le plus abstrait le plus théorique. On ne s'y demande pas encore ce qu'est le bien agir, mais ce qui permettra de définir le bien agir. Au sens de Kant, voici travail critique. Nous voici, ici, au niveau pur du transcendantal - du jugement synthétique a priori. Trois valeurs fondatrices y règnent : solidarité, réciprocité et le couple pesanteur et grâce. Cet étage-ci fait l'objet, assez long je le concède, de ce que, faute de mieux, j'ai nommé morale.

A l'étage en dessous, immédiatement en dessous, donc encore très général, ce qu'en matière de comportement l'on en peut déduite en matière de prescriptions. Que j'appelle éthique. [1] C'est, en matière de prescription, l'étage le plus général, qui, on l'a vu, ne saurait se suffire à lui-même dans la mesure où ce sera à chacun, en se posant la question de la valeur éthique de son action et de s'y tenir, de lui donner un sens. Ce sont des commandements au sens où ils viennent en premier dans l'ordre de ce qui doit régir nos intentions. Ce sont ces commandements que l'on trouvera ici, non sous forme de fiches techniques, mais pas non plus sous forme de conseils car l'éthique n'a de portée qu'impérative.

Encore plus bas, l'étage de la loi ; du code. Il en est la conséquence immédiate. C'est aussi le pôle Il de P Ricœur, celui où la question du comment agir, qui se pose face à l'autre, est reconnue par tous comme telle et s'institue comme règle. C'est l'étage du chemin droit, de la direction ; du pouvoir comme de la loi - rex aussi bien que lex. Celui qui proscrit, plus d'ailleurs qu'il ne prescrit mais n'a d'efficacité que pour autant qu'il soit connu, reconnu : Nul n'est sensé ignorer la loi.

A la fin, au plus concret, étage circonscrit à des domaines professionnels précis, d'autant plus que les métiers en question seraient régis par des ordres professionnels, la déontologie, parfois contraignante, parfois simplement suggérée est la seule à pouvoir donner des préceptes précis, à interdire des pratiques définies.

 

Telle que je la conçois, une éthique ne peut qu'être une invite à la réflexion qui ouvre le champ au libre arbitre en le mettant en demeure de sortir de l'indécision, face à des situations concrètes et donc à choisir.

On trouvera donc ici une série de commandements éthiques, parce qu'il ne peut s'agir d'autre chose : chacun étant confronté à des situations concrètes, non pas de ces dilemmes moraux que la pédagogie s'amuse à inventer pour susciter l'éveil de la réflexion, mais des cas tels que l'actualité peut les imposer.


je l'ai déjà indiqué, les termes respectivement d'origine latine et grecque disent la même chose et sont utilisés par les différents auteurs qui respectent la distinction des domaines mais y affectent indifféremment l'un ou l'autre des termes. Il fallait choisir ! je l'ai fait en ce sens ; j'aurais pu le faire dans l'autre.