Il y a un siècle....

L’Iniquité. Stock. Paris 1899.
recueil d’ articles de G. Clemenceau écrits tout au long de l’affaire Dreyfus

 

 

[…] Et dans la conversation de tous les jours, que de gens s’écrient, pour se débarrasser des doutes qu’on leur suggère : « Que nous importe que Dreyfus ait été bien ou mal jugé ! C’est un juif . » Ces mots là resteront, car ils sont le caractère d’une époque.

G.Clemenceau, le 23 février 1898 s’adresse à la Cour à l’occasion du procès de Zola pour diffamation dans son article « J’accuse… ». Il est présent au procès pour défendre l’Aurore.

Messieurs, je l’avoue, mon ambition, puisque l’opinion française a été unanime au jour de la condamnation, serait que l’opinion française fût unanime aujourd’hui à reconnaître que les juges les mieux intentionnés, les juges les plus droits, les juges qui croyaient avoir pris toutes les garanties possibles de justice, ont pu se tromper, parce qu’ils sont hommes. Je voudrais que du même mouvement qui nous a, au jour de la condamnation, fait prendre parti pour le juge contre l’accusé, l’opinion française, dans l’intérêt supérieur de la justice et de la vérité, sans se manquer à elle-même, sans faire trot à l’armée […] se prononçât pour une révision de justice dans la pleine lumière. […] C’est une chose auguste, le peuple se jugeant lui-même. C’est une chose redoutable aussi, le peupledécidant de son avenir. À vous, Messieurs, de prononcer moins sur nous que sur vous-mêmes. Nous comparaissons devant vous. Vous comparaissez devant l’Histoire