Il y a 100 ans ....

De Gaulle sur Pierre Laval

Tome II

 

Porté de nature, accoutumé par le régime, à aborder les affaires par le bas, Laval tenait que, quoi qu'il arrive, il importe d'être au pouvoir, qu'un certain degré d'astuce maîtrise toujours la conjoncture, qu'il n'est point d'événement qui ne se puisse tourner, d'hommes qui ne soient maniables. Il avait, dans le cataclysme, ressenti le malheur du pays mais aussi l'occasion de prendre les rênes et d'appliquer sur une vaste échelle la capacité qu'il avait de composer avec n'importe quoi ... Il jugea qu'il était possible de tirer parti du pire, d'utiliser jusqu'à la servitude, de s'associer même à l'envahisseur, de se faire un atout de la plus affreuse répression. Pour mener sa politique, il renonça à l'honneur du pays, à l'indépendance de l'Etat à la fierté nationale ...Laval avait joué. Il avait perdu. Il eut le courage d'admettre qu'il répondait des conséquences. »

 

 

"Laval tenta d'abord d'exposer sa conduite, non point comme une collaboration délibérée avec le Reich, mais comme la manoeuvre d'un homme d'Etat qui composait avec le pire et limitait les dégâts. Les jurés étant des parlementaires de la veille ou du lendemain, l'accusé pouvait imaginer que le débat tournerait à une discussion politique, confrontant, entre gens du métier, des théories diverses et aboutissant à une cote mal taillée qui lui vaudrait, finalement, les circons-tances atténuantes. Cette tactique, pourtant, n'eut pas de prise sur le tribunal.

[...] Il n'y eut, cependant, ni révision ni grâce. En une suprême tentative pour se soustraire à l'exécution le condamné absorba du poison. Mais il fut remis sur pied.

Alors, toutes issues fermées, Pierre Laval se redressa, marcha d'un pas ferme au poteau et mourut courageusement."

Tome III, Pocket, pp.299-300