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01 - Paul sur l'Acropole

Judéo-christianisme le gouffre de la transcendance Diogène et Alexandre le rêve de César apparentements terribles          

 

 

Comme Paul les attendait à Athènes, il sentait au dedans de lui son esprit s'irriter, à la vue de cette ville pleine d'idoles.
Il s'entretenait donc dans la synagogue avec les Juifs et les hommes craignant Dieu, et sur la place publique chaque jour avec ceux qu'il rencontrait.
Quelques philosophes épicuriens et stoïciens se mirent à parler avec lui. Et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur ? D'autres, l'entendant annoncer Jésus et la résurrection, disaient : Il semble qu'il annonce des divinités étrangères.
Alors ils le prirent, et le menèrent à l'Aréopage, en disant : Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ?
Car tu nous fais entendre des choses étranges. Nous voudrions donc savoir ce que cela peut être.
Or, tous les Athéniens et les étrangers demeurant à Athènes ne passaient leur temps qu'à dire ou à écouter des nouvelles.
Paul, debout au milieu de l'Aréopage, dit : Hommes Athéniens, je vous trouve à tous égards extrêmement religieux.
Car, en parcourant votre ville et en considérant les objets de votre dévotion, j'ai même découvert un autel avec cette inscription : A un dieu inconnu ! Ce que vous révérez sans le connaître, c'est ce que je vous annonce.
Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans des temples faits de main d'homme ;
il n'est point servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses.
Il a fait que tous les hommes, sortis d'un seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure ;
il a voulu qu'ils cherchassent le Seigneur, et qu'ils s'efforçassent de le trouver en tâtonnant, bien qu'il ne soit pas loin de chacun de nous,
car en lui nous avons la vie, le mouvement, et l'être. C'est ce qu'ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : De lui nous sommes la race...
Ainsi donc, étant la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l'or, à de l'argent, ou à de la pierre, sculptés par l'art et l'industrie de l'homme.
Dieu, sans tenir compte des temps d'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils aient à se repentir, 3
parce qu'il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l'homme qu'il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts...
Lorsqu'ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquèrent, et les autres dirent : Nous t'entendrons là-dessus une autre fois.
Ainsi Paul se retira du milieu d'eux. 3
Quelques-uns néanmoins s'attachèrent à lui et crurent, Denys l'aréopagite, une femme nommée Damaris, et d'autres avec eux.
Ac, 17,16-34

S'il en est un, dans l'histoire du christianisme primitif qui symbolise ces rencontres à la fois nécessaires et improbables, c'est évidemment Paul de Tarse. La tradition fait de lui l'Apôtre des Gentils : celui qui fit sortir les évangiles de l'obédience hébraïque pour en faire une religion universelle. Tout dans son parcours semble l'y prédisposer et ceci même deux fois !

Par sa naissance et sa culture, il se situe aux confluents des trois cultures qui agitent autant qu'animent la région : il est juif de la tribu de Benjamin, dit-on, mais fréquente la synagogue hellénistique de Tarse. La bible des Septante ne lui est en rien étrangère, c'est d'ailleurs elle qu'il cite dans ses épîtres. C'est un juif d'obédience pharisienne pétri de culture grecque. Enfin, il se déclare citoyen romain. Tarse, par ailleurs était bien une cité économiquement tournée vers l'Occident, vers Rome.

Il y est prédisposé une seconde fois : par son parcours ainsi que sa conversion. Il commencera sa vie en étant persécuteur : son rôle fut bien de traquer ces dissidents que sont les adeptes du Christ, avant d'avoir la révélation. Sur le chemin de Damas. De persécuteur il se fera persécuté.

Il est le prototype même du converti et y met d'autant plus de zèle qu'il devra, à ses propres yeux du moins, prouver la puissance et la sincérité de son engagement. Mais donc aussi une figure de traître aux yeux de ceux dont il a quitté les rangs.

C'est bien ceci qui apparaît d'abord dans l'iconographie la plus ancienne : ce caractère sombre, entier, colérique. Pour ne pas dire fanatique. Qui se lit dans cette irritation à la vue des idoles omniprésentes à Athènes ; qui se voit dans ce regard sombre, cette barbe taillée en pointe comme un reproche. L'homme, jamais, ne donne dans la demi-mesure.

Converti, il se donne entièrement à ce qu'il considère d'emblée comme une mission. Lui, qui n'a pas connu le Christ ; qui n'a donc pas la légitimité des disciples de la première heure, semble parfois vouloir en rajouter d'autant plus. Je ne suis pas sûr que le personnage fût aimable ! Colérique, en revanche, si !

Mais lorsqu'un assez grand nombre de jours furent accomplis, les Juifs se concertèrent pour le tuer.
Mais leur complot parvint à la connaissance de Saul. Or ils gardaient même les portes de la ville jour et nuit, afin de le tuer.
Mais ses disciples, l'ayant pris de nuit, le descendirent par la muraille, en le dévalant dans une corbeille.
Ac, 9, 23-25

Sans doute, à sa décharge, l'homme fut-il déchiré ; là aussi il le fut deux fois au moins. En quittant le rang des pharisiens, il abandonnait assurément les certitudes d'une existence et d'une foi que lui assurait la stricte observance des rites et de la Loi sans pour autant avoir l'assurance d'être admis ni en sa personne ni en sa parole. Combien de fois attira-t-il sur lui la colère des foules ? dut-il quitter précipitamment la ville comme ce fut le cas à Damas où on le fit descendre dans un panier le long d'un rempart ? Mais juif, il le demeurait, jusqu'à l'obsession ; rivé à cette Loi qui le définissait autant que cette foi qui l'engageait à la dépasser.

L'homme, c'est vrai, est à l'intersection de trois mondes - grec, hébraïque et latin - qui se côtoient mais ne se combattent même plus : la splendeur athénienne ou macédonienne est éteinte depuis longtemps déjà et subit l'emprise de l'hégémonie romaine au même titre que Jérusalem, d'ailleurs. L'apparence de ces mots composés qu'un trait d'union relie pourrait faire croire qu'ils opèrent une fabuleuse fusion … ce n'est pourtant qu'une apparence. Rien n'est plus fallacieux que l'expression judéo-christianisme : le christianisme s'est construit dès le départ sur la distance prise ou à prendre avec le judaïsme. Paul de Tarse est l'acteur de cette distance même s'il dut bien en être douloureusement affecté. Rien ne serait plus trompeuse que l'expression de racines judéo-grecques si l'on voulait qualifier les sources du christianisme : l'échec de Saül sur l'Acropole souligne combien peu compatible avec la doxa grecque demeurait l'idée non tant d'un dieu unique que d'un dieu créateur qui, de surcroît, échouait à se faire entendre. Il faudra presque quatre siècles pour qu'un Augustin, après bien des hésitations -stoïciennes puis manichéennes - parvienne à considérer le message christique comme une philosophie parfaitement compatible avec Platon et même lui donnant un sens enfin parachevé pour peu que l'on sache appliquer aux textes bibliques les canons philosophiques de lecture et d'interprétation.

Sans doute fallut-il au christianisme naissant s'affirmer d'abord et donc se distinguer de tout ce qui le précéda. Ce n'est que plus tard, et à de multiples reprises, comme on le verra avec Thomas d'Aquin ou bien même encore avec la Renaissance, qu'on ira chercher dans l'Antiquité de quoi se revivifier.

J'y vois d'abord une règle logique, une manière de posture. Ou, plus trivialement, une affaire de verre à moitié vide ou plein. De même qu'en anthropologie ou ethnologie on s'attache à marquer les différences entre les cultures quand on pourrait tout aussi bien insister sur leurs ressemblances - ce qu'après tout fit Levi-Strauss, et en quoi il demeura philosophe ; de la même manière on peut s'appuyer sur ce que le christianisme a de commun avec le judaïsme dont il est issu ou au contraire tout aussi bien pointer ce qui les distingue. Daniélou s'y était en son temps attaché et nul doute que, vue du côté de la morale, des œuvres donc, la question paraît claire tant demeurent plus de points de ressemblance que de divergence entre les règles de conduite prescrites aux uns et aux autres. Du côté de la théologie en revanche …Cette ambivalence après tout se retrouve jusque dans les Evangiles où l'anaphore - on vous a dit … mais moi je vous dit - du Sermont sur la Montagne s'oppose au je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir.

Les apôtres et les anciens, vos frères, aux frères de la gentilité qui sont à Antioche, en Syrie, et en Cilicie, salut ! Ayant appris que, sans mandat de notre part, certaines gens venus de chez nous ont, par leur propos, jeté le trouble parmi vous et bouleversé vos esprits, nous avons décidé d'un commun accord de choisir des délégués et de vous les envoyer avec nos bien-aimés Barnabé et Paul, ces hommes qui ont voué leur vie au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous vous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous transmettent de vive voix le même message. L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu.
Actes 15, 23-29

Le - si mal nommé - Concile de Jérusalem allait devoir trancher très vite la question de la relation avec les convertis non issus du judaïsme et donc le problème de l'obligation qu'on leur imposerait à l'instar des juifs de suivre minutieusement les prescriptions de la Torah - notamment la circoncision. On sait la réponse qui sera donnée. L'enjeu était bien crucial : imposer la circoncision aux gentils eût réduit le christianime au rang de simple secte juive comme beaucoup d'autres, eût enfermé le message des Évangiles dans les limites étroites de l'histoire du peuple élu ; en revanche limiter les prescriptions signifia l'étendre à l'humanité entière ; revenait à inventer - chose inédite - une religion universelle - ce que signifie justement catholique καθολικός - et donc une humanité unique face à un Dieu unique.

Le paradoxe esi ici, cruel à s'en aveugler : le prix à payer de l'universel fut bien négation, distinction : négation de tout particularisme, de toute origine trop bien définie et délimitée ; sur-évaluation de soi, seul à parvenir à se distinguer du magma informe de tout ce qui s'en éloigne.

On retrouvera la même démarche dans le rapport aux grecs : tout n'était pourtant pas à rejeter dans la pensée grecque, même si, à ce moment-là, elle se réduisait plutôt à la controverse épicurisme/stoïcisme, les deux écoles d'Aristote et de Platon étant en pleine décadence. Car, après, tout, même s'il rejette l'idée d'un dieu unique, l'effort par lequel l'épicurien, parce que justement il cherchait le plaisir, s'astreignait à une vie ordonnée, mesurée rationnelle rejoignait bien, en grande partie, l'exigence morale de Paul. Car, après tout, même s'il rejettait l'idée d'un dieu transcendant, le stoïcien entrevit dans l'harmonie entre l'esprit, le divin et le monde quelque chose comme une vertu possible où se jouait le bonheur d'une humanité une et unie à la nature.

Et, pourtant, malgré ceci, malgré le fait que le grec fut homme religieux, la rencontre ne se fit pas : quelques uns dit le texte.

Comment le comprendre ?

Le piège de l'Universel

Oh bien sûr on pourra toujours le faire en arguant de tel ou tel point de doctrine ; tel ou tel politique suivie, tel ou tel événement. On passerait à côté de l'essentiel.

L'universel peut effectivement s'entendre de deux manières : statique et fermé ou au contraire dynamique et ouvert. A l'instar de l'infini - ce en dehors de quoi il n'y a rien, ou en dehors de quoi il y a toujours quelque chose. Je puis me considérer comme l'expression même de l'Universel ou comme m'étant mis au service de l'Universel : ce que fait Paul. Dès lors, qui ne me rejoins pas est exclu ou s'exclut de lui-même. D'où ses colères ; d'où ses fuites. Même ambivalence autour de Rome : tant que la cité est encore en gestation, le bois d'asile assure l'universalité ouverte : qui que tu sois, entre, tu deviens romain. Mais dès que la cité est solidement installée, elle rejette le barbare hors de l'espace sacré.

Il faut se souvenir toujours de cette mauvaise leçon qui nous fait croire l'universel permettre la réunion. Il n'en est rien. L'universel ne vient jamais de nulle part … et sûrement pas des cieux. Levi-Strauss y voyait une tendance psychologique profonde ; Spinoza rappelait qu'on ne jugeait jamais que d'après la seule chose que l'on savait - soi ! Toujours est-il que nous ne pouvons pas parler et penser sans supposer que ceci est vrai et que nous y adhérons absolument ; ne pas nous considérer comme le modèle même de l'être, de l'homme, du civilisé. Être, c'est être d'abord egolâtre. Une vérité universelle vient toujours en renverser une autre … et nous déranger dans le confort où nous nous mettions de notre prééminence. Tant que je suis seul, que je demeure dans le dialogue et pas dans exhortation voire l'admonestation, je ne suis pas dangereux : un peu de raison et de prudence feront l'affaire. Mais sitôt que je joue le groupe ou, pire encore, la communauté et que je me mette à parler au nom d'une institution, un État, d'un peuple, alors je me pique d'exiger l'appartenance au groupe, et entreprends d'exclure qui ne s'y peut ou veut soumettre.

Les deux facettes coexistent en Paul : quand il énonce Il n'y a plus ni Juif ni Grec … (Gal,3,22) bien entendu il en appelle à la conscience et à la foi de chacun et, de ce point de vue, il brise cette logique identitaire qui ne fait entendre l'homme qu'à travers le groupe auquel il appartient. Mais, par la bande, il réintroduit une nouvelle communauté - celle des croyants - qui bientôt instituée en église réenclenchera le cycle interminable et détestable des exclusions.

Aussi est-il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, Et j'anéantirai l'intelligence des intelligents.
Où est le sage ? où est le scribe ? où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ?
Car puisque le monde, avec sa sagesse, n'a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication.
Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse :
nous, nous prêchons Christ crucifié ; scandale pour les Juifs et folie pour les païens,
mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs.
Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.
Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n'y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.
Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ;
et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont,
afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.
Or, c'est par lui que vous êtes en Jésus Christ, lequel, de par Dieu, a été fait pour nous sagesse, justice et sanctification et rédemption, 31 afin, comme il est écrit, Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. 1Cor,1,19-30

Et bientôt il renverra grecs et juifs dos-à-dos comme ceux qui n'ont pas su saisir la main tendue : ceux-ci, malgré toute leur philosophie, et ceux-là malgré les signes, n'ont su reconnaître en Jésus la réalisation de la Promesse : ce double échec comment ne pas l'entendre à l'aune du Prologue de Jean … La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.

Lui prêche le scandale, la folie - les mots ne sauraient être anodins - ce que rien dans l'éducation, la culture et les croyances des premiers comme des seconds ne les prédisposait à entendre ou à croire. La Bonne Nouvelle est d'abord un cataclysme qui laisse chacun démuni et l'oblige à se dévêtir de tout l'attirail de ses croyances antérieures qui se sont révélées vaines, stériles. Jérusalem, depuis le début, depuis qu'ils arrivèrent d'Egypte, chercha le sens moins dans le ciel d'ailleurs que dans le Livre ; Athènes quant à elle est allé le chercher dans le Verbe, le dialogue, le murmure incessant des choses et des hommes. Mais ni l'une ni l'autre n'ont véritablement construit. Le siècle d'Athènes fut bien éphémère et la grandeur de Jérusalem ne valait que pour elle. Dans le cercle étroit d'une élection improbable.

Il faudra sortir de cette impasse pour construire : ce chemin-là mena à Rome.

Paul est celui qui rompt avec l'entrelacs infini des interprétations et des suppliques ; avec la controverse savante des philosophes. C'est à Rome qu'il retrouvera Pierre : ils avaient bien une Église à construire.

καθολικός n'entrera dans le Credo qu'avec le symbole des conciles de Nicée-Constantinople mais on sent bien, progressivement, comment la logique de l'Empire rejoignant celle du catholicisme allait bientôt faire de cette présumée hérésie ou absurdité une religion d'État. Rome avait inscrit dans la pierre identitaire l'attachement au pouvoir. L'Église ne se dépêtrera que très tardivement de ces relations morganatiques avec le pouvoir. Elle les consacrera avec Constantin ; les sanctifiera avec Clovis et Charlemagne et les perpétuera tant qu'elle le put.

De manière évidente, à l'occasion de chacun des schismes et notamment à l'occasion de la crise de la Réforme au moins autant qu'avec celle de la Révolution, s'observe combien rien n'est plus brutal, apre et violent que le télescopage de deux universels. Entre anathème et exclusion l'histoire regorge de ces affres qui donnent autant à dire Liberté que de crimes on commet en ton nom que Seigneur que d'exécutions et massacres on aura commis en ton nom ! Il y a toujours un moment où l'exclu est simplement celui qui refuse l'universalisme de l'autre : entre le religieux et le politique la balance oscilla plusieurs fois. Désormais, brouillage idéologique aidant, technicité moderne et hantise de la performance mêlés, l'universalité de la mondialisation tourne comme toupie folle entre intégrisme religieux et folie meurtrière, aveuglement, racisme et passivité.

Non la rencontre n'eut pas lieu. Il ne se pouvait.

Nous sommes les héritiers, boitillants et tremblotants, de cette rencontre ratée entre Jérusalem et Athènes, donr Rome sut, un moment, prolonger le noir écho sans pour autant parvenir à réunir autre chose que l'épaisseur des pierres.

Mais jamais le souffle des âmes.