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Rencontres improbables
| Judéo-christianisme | le gouffre de la transcendance | Diogène et Alexandre | le rêve de César | apparentements terribles |
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J'ai évoqué récemment ces apparentements terribles, ces rencontres improbables qui se firent néanmoins ; celles aussi qu'on espéra tant qui ne tinrent pourtant pas leurs promesses ou qui durèrent si peu. Zweig écrivit Les très riches heures de l'humanité tâchant de relater ces moments de grâce où l'homme se surpasse et l'histoire feint de nous faire croire que tout est possible.
De telles heures, d'une grande concentration dramatique, porteuses de destin, où une décision capitale se condense en un seul jour, une seule heure, et souvent en une seule minute, sont rares dans la vie d'un individu, et elles sont rares tout au long de l'Histoire. Zweig
On pourrait le faire aussi à partir des grands ratés de l'histoire. En trouverai-je dix. Oui sans doute. Qui furent toutes décisives. Essayons !
C'est, je l'avoue, un bien vieux rêve. Raconter des histoires. Je crois bien que j'aurais aimé être un de ces grands-pères narateurs comme le mien le fut. Même en oubliant les histoires qu'ils nous narrèrent, nous nous souvenons néanmoins de la magie du moment ; de cet instant qui précède l'endormissement, où nous emportons avec nous l'étrange atmosphère des contes. Je n'y suis pas parvenu.
J'imagine depuis quelque temps écrire une philosophie à partir d'histoires. Après tout, Platon ne le fit-il point avc l'allégorie de la caverne ? ou le Christ avec ses paraboles ? Théorie est affaire de contemplation : il suffit de pointer la lumière où il faut, le récit doit bien s'enclencher - presque seul. Après tout, Ovide y parvint-il lui aussi tant le parcours humain, parce qu'en perpétuel devenir, s'expose, oui, comme des transformations successives, des excursions hasardeuses ; des métamorphoses.
J'aime assez qu'histoire -ἱστορία - signifia autant la recherche d'information, l'exploration, l'enquête … que le résultat de celle-ci c'est-à-dire l'acte de relater, raconter, transmettre ce que l'on a trouvé ; que ἴστωρ désigne à la fois celui qui sait, qui connaît la loi et donc qui juge, celui qui, ainsi a arrêté de chercher et jugé donc qu'il en savait assez !
Nous savons tous que c'est faux ; que nous ne savons jamais tout ni même jamais assez ; que ce suspens est seulement, à l'autre bout de la chaîne, le pendant de celui du jugement, de l' ἐποχή si nécessaire dans la pensée et la recherche. Qu'il faille pour avancer faire semblant de s'arrêter, que ce chemin de la connaissance soit une boucle, comme en spirale, où savoir, doute, recherche s'entrecroisent et pénètrent indéfiniment, est une tension, hésitation à quoi nous ne devons jamais déroger et que nous devrions même aimer parce que c'est elle qui nous épargne de sombrer dans le dogmatisme.
C'est pour cette raison même qu'est si précieux qu'histoires - au pluriel - renvoie à imaginaire : nos représentations - scientifiques, esthétiques, oniriques, ou simplement sensibls ou logiques, demeurent quoiqu'on en veuille, des intercalaires soigneusement insérés et solidement accrochés entre nous et le réel.
Ne jouons pas avec les mots, ils se jouent assez de nous : on aimerait croire qu'entre histoire et réalité, il y eût quelque vérité. Ce serait si simple. Qu'un récit fantasmagorique se repérât de lui-même comme la vérité selon Spinoza. En fait, respirons, prenons pour une grâce, ce moment où tout s'arrête, la quête comme la parole, la pensée comme l'acte. L'évident parfois se signale par ses caractères extrêmes … mais c'est le cas aussi pour l'absurde.
Reste le vide !
La récente controverse autour de l'islamo-gauchisme m'a donné l'envie de creuser ces concepts mixtes, ou doubles : souvent ce que cette répétition cache, est troublant, impossible, improbable ou carrément mensonger. Ce que l'on y vise effectivement n'a rien à voir avec l'Islam et pas grand chose avec le gauchisme.
Mais parfois cs concepts-tiroirs traduisent ou trahissent des ratés. Incroyables. Insensés. Parfois salutaires.
Je veux les comprendre.
En voici une série …
- Paul sur l'Acropole
- Diogène et Alexandre
- national-socialisme
- judéo-bolchévisme
- Barrès - Blum
- Israel-Palestine
- islamo-gauchisme
- Arendt / Heidegger
- La république et les femmes
- la révolution et l'esclavage