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Prologue Approche chrétienne (Mauriac) Grâce, bonheur Du bonheur Témoignage Enfances Brassaï 1 Brassaï 2

 

Témoignage

Eussé-je possédé le talent d'un Mauriac, aurais-je écrit ceci de la même manière ? Non, assurément ! Aurais-je écrit la même chose ? Non … et pourtant !

Ai-je aimé ? Oui, bien sûr ! Ai-je bien aimé ? Non malheureusement. Comme beaucoup j'aurai vécu cet englaisement dans le quotidien, cette lente succession d'errances et de tempêtes qui n'osent pas même avouer leur nom, de renoncements et de petites lâchetés … J'eus à peine le temps de constater l'insidieuse dégradation qui de l'éblouissement s’effrite en tendresse pour s'émietter en indifférence. La question des responsabilités ne se pose pas : invectiver l'autre est le baume trop vite trouvé pour apaiser la blessure ouverte ; avouons que s'égarer en contritions ne vaut guère mieux. On peut toujours se consoler en objectant que si l'amour a disparu c'est de ne jamais avoir été. Ce qu'affirme Mauriac. Et si n'était ici que ce ruisselement glauque qui de vie mène à trépas ; ou d'architectonique camouflant malhabilement le désordre ? Ne serait-ce pas ériger l'amour en Idée, sorte de souverain Bien, visible seulement pour ceux qui ayant accepté l'épreuve de l'éblouissement le mériterait. Déité bien trop abstraite pour vacarme intérieur bien trop concret ! Et s'il était plutôt, après l'embrasement initial violent mais fugace, le résultat prosaïque d'un lent travail, d'une tension continue mais si discrète qu'on pût croire qu'elle n'était rien ; d'un bruissement qui maintînt seulement l'autre à distance exacte pour qu'on désire encore le conquérir et ne vous devienne jamais étranger ?

Je sais seulement que tout vient là-contre se télescoper, inexorablement : travail, enfants, petits et grands soucis du quotidien, habitudes prises qui vous croient dispenser de se soucier de l'autre … Rien non n'est fait pour éviter les cendres d'un brasier qu'on ne sut ou put entretenir. Non que l'amour fût impossible mais si étranger à nos endémiques paresses …

Oh bien sûr, il est des exceptions ; j'allais dire des miracles - signe sans doute que nous n'échappons pas à ce refrain qui ne quitte pas notre mémoire : l'amour est affaire de dieux. J'aime assez enthousiasme pour cela qui dit être inspiré par les dieux comme si cet état de fièvre, qu'on pourrait tout aussi bien nommer passion, était accordée miraculeusement par les dieux ou, mieux encore, qu'il vous en rapprochât, au plus près possible.

Pour combien compte, dans ses propres égarements, échecs ou réussites d'ailleurs, pour combien pèse dans ses rêves d'enfants ou illusions d'adolescents, l'exemple de ses propres parents ? Je ne saurais le dire. Des géniteurs maussades de trop d'indifférences ou suffisamment sots encore pour se pouvoir encore disputer malgré les années doivent bien entrer dans la secrète alchimie des caractères enfantins se trempant au contact de cette étrange engeance que l'on nomme parents. Tout autant quand à l'inverse ceux-là formèrent couple apparemment heureux, unis, soudés, en tout cas assez pour que l'enfant que je suis le crût.

Lorsque je lus cette phrase de Mauriac - Et si je calomnie ici les passions de l'amour j'en demande pardon, s'ils existent, à celles et à ceux qui, aussi longtemps qu'ils auront vécu, se seront aimés, cc qui s'appelle aimés …- c'est à eux, je l'avoue, que je pensais ; à cette photo. -

J'ai toujours adoré cette photo qui n'est pas de moi : elle désigne ce regard que je leur ai toujours connu … jusqu'à la fin. Ils eurent beau se promener ce jour-là en compagnie de mon frère qui les photographia, ils étaient seuls et n'eurent d'yeux que pour eux-mêmes… les sapins environnants pourtant si verdoyants n'avaient aucune chance. La nature, qu'ils aimaient et déclaraient respecter, n'était qu'incidente quand parfois leurs regards cessaient de se croiser. Eux s'aimaient de manière presque exclusive. Il ne s'en est pas fallu de beaucoup qu'ils n'en oubliassent leurs enfants : mais ce peu là, qui pesa beaucoup, était la revanche qu'ensemble ils voulurent sur la vie ; d'autres auraient pu en souffrir ; moi, non ! La place qu'ils nous réservaient était peut-être mesurée mais ne comptait pas pour peu. Autour d'eux, c'était un peu comme si le monde n'existait pas : quelques cercles concentriques avec au centre, eux ; puis leurs enfants ; d'amis, point ; de relations, moins encore ; un cercle, encore, mais beaucoup plus loin, de ce qu'il restait de famille et qu'ils gardèrent à distance - les belles-mères sont toujours parasites ou abusives - une distance que leur exil en Lorraine facilita. A me les remémorer, je saisis ce que l'amour peut avoir d'exclusif … je ne suis pas certain que le monde extérieur existât pour eux autrement que par le prisme de la radio d'abord puis de la télé. Ils furent gens de rituels - les mauvaises langues diraient d'habitudes : j'en pourrais conter tellement mais le leur, ceux qu'ils n'auraient aimé partager avec personne, c'était prendre leur petit-déjeuner en écoutant les informations d'abord puis en parlant ! à l'infini comme s'ils s'étaient quittés des années auparavant. Qu'avaient-ils à se dire de si essentiel et intime que tout autre eût été intrus ? rien sans doute ! L'amour est comme l'esprit : il souffle, où il peut, où il veut. Le leur se jouait de la parole plus que de corps. Celui de ma mère, disgracieux, moqué tout au long de son enfance, lui fit douter de sa féminité ; celui de mon père, épuisé par les épreuves de fin de guerre, nié et bousculé par les soins qu'on ne sut pas lui prodiguer pour sortir de la torpeur, ne parvenait même pas à endiguer le charme exhalé dont il ne perçut même pas le poids. Oui, ces deux-là, par épreuve, par éducation aussi, trouvèrent difficilement le chemin du corps amoureux au point de ne même pas savoir prodiguer marques de tendresses ou baisers de consolation. Non pas amputés du cœur, cela sûrement non ! mais du corps empêtrés, cela sans conteste.

Ils se déplaçaient peu : logés à côté de l'école, le trajet était nul pour mon père comme pour nous ses fils - tellement que l'école pour avoir été un lieu de socialisation, était surtout une annexe de la famille ; ma mère se contentait de descendre la rue pour ses courses quotidiennes. En réalité, où que nous allions, ma mère transportait son petit monde autour d'elle et sortait toujours aussi peu ou pour des promenades bien balisées. Avait-elle peur ? oui sans doute : pour elle-même, un peu, mais elle avait fini par amadouer le regard corrosif du monde ; pour mon père qu'elle savait comme vitrifié par son passé ; pour ses fils, sans doute mais ni plus ni moins que n'importe qu'elle mère.

Histoire de mur

Cette relation, qu'aujourd'hui on dirait fusionnelle, comment l'expliquer ? comment comprendre en quoi elle consistait et ce qui l'aura nourrie près de soixante années. C'est évidemment impossible : je puis seulement affirmer qu'enfant, c'était là relation tout-à-fait apaisante. Ils étaient là ; toujours ! disponibles, toujours - en tout cas aux heures qui nous étaient réservées ; aimants, de manière indéfectible. Ce n'est pas même souhaitable ! Je ne crois pas, vraiment, que l'on puisse remonter au delà de ses origines : tel le mur de Planck, l'horizon est barré par cette figure dirimante qui en même temps forge modèle et oppose obstacle.

Le passage est obstrué … et non seulement ceci ne me gêne pas mais j'y trouve agrément comme si savoir de quoi est constitué le sentiment, la passion, la tension qui vous lie à l'autre revenait à briser un tabou ; à profaner je ne sais quel mystère ; à bafouer un principe essentiel. Je n'ai pas envie, je l'avoue, de savoir de quelle subtile combinaison d'hormones, de quelle mystique alchimie sont composés nos sentiments, nos élans les plus généreux.

Nos meilleures vertus sont nées comme formation réactionnelles et sublimations sur l'humus de nos plus mauvaises dispositions.
Freud

J'ai beau savoir - quelle leçon à la fois réjouissante et détestable nous fit là Freud - que notre vie conscience se déploie sur un terreau sinon putride en tout cas peu ragoutant, je ne désire pas pour autant poursuivre l'enquête. Peur de tout dépoétiser ? Sans doute ! Crainte de ce que je pourrais déceler de peu avouable ? Pas vraiment … même s'il est vrai qu'il est, dans nos inconscients collectifs ou pas, transmis par tous les biais de nos éducations, un vieux rêve aux allures de contes de fée, qui érige nos amours en part, bien sûr souhaitable mais surtout noble de nos existences. J'entends derrière ceci le lointain écho des controverses antiques entre idéalisme et matérialiste ; le vieux souci des dualistes de déceler le point de jointure entre âme et corps, entre pensée et matière ; l'obsessionnelle idée fixe du scientifique de trouver dans l'enchevêtrement des causes matérielles, le télescopages des atomes ou la danse inopinée des hormones de quoi justifier les émois de l'âme. Le philosophe que j'essaie d'être devrait avoir honte, lui qui se déclare ami de la connaissance - amoureux de la sagesse ? - d'ainsi récuser toute interrogation.

Pas même !

Ce n'est certes pas un argument et ne le ferait pas valoir pour tel. Pourtant, irrévocablement, je refuse d'aller déceler dans quelque philtre concocté dans le laboratoire chimique de mes entrailles, le secret de mes emportements … parce que, surtout, ce rabaissement ne nous informe en rien sur nous-mêmes. Qu'on ne se méprenne pas : il y a, nécessairement, dans ce dévoilement que constitue la connaissance une part de désenchantement - même si je demeure persuadé que s'y joue un probable réenchantement - mais dans la dégradation inexorable qui du théologique réduit au positif, du pourquoi condamne au simple comment et qui aux âmes substitue atomes ou nucléons, il y a une jouissance sardonique où j'ai du mal à me reconnaître. Passe encore pour les humiliations que la science auraient infligées selon Freud ; passe difficilement, même au nom de la déconstruction, cet appel grave à la mort de l'homme (Foucault) mais vanter l'anti-humaniste fût-il théorique (Althusser) ça non ! Trop ambigu, trop dangereux. La réplique, sous forme de boutade, fut offerte par la rue en 68 Levi-Strauss une structure ne descend pas dans la rue ! Esquive, non pas tout à fait. Rien ne parvient véritablement à rendre compte de cette étonnante particularité de l'homme de ne se sentir jamais à sa place nulle part, ou d'en tout cas de ne jamais s'en contenter au point de ne rien rêver d'autre que de laisser traces derrière lui et de prendre possession du monde ; d'être - peut-être seul en son genre - celui qui dit non quitte à s'inventer un arrière-monde qui le console de celui- ci. Car c'est même geste que celui qui nous fait espérer en un au-delà apaisant, agrémenter notre quotidien de peintures, de romans, de musiques ou nous enflammer à la présence de l'autre.

Il n'y est affaire que de représentations.

Que l'homme issu de la matière, et qui n'est que matière, selon vous, et qui y retournera, ait été capable d'inventer son Dieu, et ce Dieu-là, non une idole de bois ou de métal, non une idole sensuelle et goulue, mais qu'il ait tiré de lui toute la douceur et toute la force, toute la puissance et toute la faiblesse, l'amour enfin et son exigence infinie, et qu'à ce dieu inventé, il ait soufflé des paroles qui après bientôt deux mille ans continuent d'être esprit et vie ...
Epilogue

Mauriac n'a sans doute pas tort de s'extasier que de cette tendance ait pu surgir un Dieu miséricordieux. Il ne s'agit peut-être que de l'exaltation d'une part de nous-mêmes mais c'est la part la plus belle. Celle qui récuse en soi l'animalité brute et instinctivement violente ; celle qui s'invente une histoire. Celle qui s'ouvre un horizon où l'autre a sa digne place. Celle qui dit non

Je ne suis pas sû, non vraiment pas, que nous puissions voir jamais la réalité telle qu'elle est ; suis même plutôt assuré du contraire. Entre le réel et nous … tout le prisme de nos structures mentales, mais aussi de nos désirs, aspirations, de nos craintes et répulsions aussi … On a assurément tort de proclamer que l'amour soit aveugle : ni plus ni moins que tout le reste. Spinoza nous l'avait appris, conséquence immédiate de notre nature désirante : ce sont nos désirs, tendances, volonté qui sont porteurs de valeurs ; pas l'inverse. Nous voyons si mal au delà de l'horizon de nos désirs.

Lors, donc importent peu les explications masochistes : nous ne saurons jamais exactement où puisent nos désirs mais d'entre ceux qui projettent domination ou maîtrise et ceux qui accueillent l'autre, je sais bien où va ma préférence.

Parcours

C'est avec ce petit viatique - fait de l'exemple parental et de ces nombreuses réflexions glanées au cours de ma formation - que j'ai fait mon petit chemin. Fait de plus d'amitiés que d'amours : celle-là me furent au demeurant plus spontanées, plus aisées sans doute que celles-ci. Dans cette besace, une méfiance, qui ne m'a jamais quitté, à l'égard des relations physiques qui me parurent toujours fallacieuses de nous faire accroire une proximité d'avec l'autre plus fugace et illusoire qu'on ne l'imagine même. Une certitude : que la relation soit sempiternellement à construire ; bref que la relation amoureuse était tout sauf un état ; tout sauf une passion qu'on subirait mais au contraire un projet à mener ensemble. Une volonté : que pour cette raison, il me valait mieux éviter les relations de passage. Je n'imaginais pas simuler l'accueil de l'autre pour quelques plaisirs fugaces.

Je réalise, en écrivant ceci, quel indécrottable romantique je dus être ; à moins que, pire encore, quel niais je dus être. Et suis peut-être encore.

Voici qui m'intéresse et me confirme pourtant : la relation amoureuse demeure toujours un mystère pour celui qui la vit ; mais une incongruité, une ridicule sottise pour celui qui l'observe chez les autres. Mais qu'est-ce qu'elle (il) lui trouve ? oui, les visages épanouis des amoureux transis ressemblent trop aux têtes de veaux à l'étalage pour que l'envie ne vous prenne pas de s'en moquer ; de les ridiculiser.

Je m'interroge, aujourd'hui encore, sur cette étrange disposition à mieux (moins mal) réussir mes amitiés que mes amours. Sur la réelle différence, aux relations charnelles près, entre les deux. De beaux textes - ne songeons qu'à Sénèque ou Montaigne - l'évoquent à merveille : voici déjà gain inépuisable qui justifie qu'on ne traite la chose avec mépris. C'est peut-être aussi une raison qui me poussa vers elles.

Je crois avoir déjà écrit sur cette curieuse expérience que j'ai nommée du quart de petit centimètre : oh ce n'est presque rien ; seulement tenter de déjouer les pièges tendues par l'habitude ou la prétention toujours tellement replète de suffisance de s'y connaître. Prononcer un nom ou mieux encore le prénom de quelqu'un de proche et écouter résonner le mot comme si on ne l'avait jamais entendu et voici subitement qu'il nous étonne, effraie presque comme si dans les interstices de la mélodie connue s'était glissée une angoissante mélopée. Essayons-nous aussi, ne serait-ce qu’une seconde, de regarder l’autre, si connu, tant aimé, tellement proche, en se décalant d’un tout petit quart de centimètre; comme si nous ne l’avions jamais vu ou connu !
Comme soudain il nous semble étrange ! Étranger ! Comme soudain nous inquiète de n’avoir qu’à si légèrement déplacer notre œil pour subitement voir ce que nous ne voulions pas voir; entendre tout ce que notre intimité néanmoins n’aura cessé de nous discrètement vociférer ! Comme soudain nous affole de n'avoir percé le mystère de l'autre qu'à la surface exclusivement de son épiderme , de nous surprendre détester subitement ce que nous avions tant aimé ou au contraire aimer ce qu'auparavant nous détestions. Comme soudain nous nous surprenons de n’avoir qu’un insensible petit glissement à perpétrer pour repartir au combat, tenter de séduire ou simplement nous éloigner comme si la vigueur de nos amours, la force de nos attaches ne tenaient qu’à ces intimes distances que nous craignons de franchir.

Oui, c'est vrai, un jour je la regardai cette jeune fille, autrement que je ne l'avais fait. Je m'étais déplacé d'un tout petit centimètre, presque imperceptible, immense pour moi pourtant et ce qu'alors je vis dut bien me faire croire que ce fût elle. L'aimais-je ? Je le crus ou le voulus croire. Ce tout petit écart consistait à m'admettre aimable, à me rêver capable de nourrir une relation durable ; bref à lever la garde, à cesser de résister. Fut ce un coup de foudre ? non ! une révélation ? Pas plus. Pas un aveu de défaite, non, mais pas une victoire non plus. Une aventure à quoi je désapprenais de me refuser. Plus tard , bien plus tard, bien trop tard, le regard se déplaça. Pourquoi ? je ne sais mais l'ordinaire des tâches, l'illusion de labeurs importants à entreprendre ou poursuivre - les pièges du divertissement sont infinis - la lassitude sans doute, une générosité presque mécanique, aride, désincarnée … tout ceci en même tempe dut bien un peu y pourvoir. Et l'indispensable présence se perdit dans les brumes …L'évidement avait débuté bien avant : il aura fallu ce regard insensiblement déporté pour que je m'en aperçusse ou que la douleur s'en fît sentir.

Je le sais et sens : ce n'était qu'une affaire de regard. Après la tourmente, quand même les ultimes rémanences de douleurs se fussent évaporées, vint le temps des questions, sottes souvent - et de la plus terrible de toutes : la belle histoire s'est-elle malencontreusement achevée ou bien a-t-elle été illusion depuis le début ? Avoir forgé de toute pièce mais d'un regard fier cette belle histoire de l'avoir si follement désirée …

L'histoire, d'un ordinaire à en vomir, d'une vulgarité à en frémir, se résumera à ce paysage sordide, à ce refrain sans âme, entre deux regards déplacés.

Sans pouvoir me l'expliquer, je n'eus ni l'envie ni le courage de retenter l'aventure. Lâcheté, sans doute un peu mais il est des moments où l'âme est trop meurtrie pour endurer de nouvelles flétrissures ; quête d'un peu de sagesse aussi en refusant désormais d'être en rien dépendant de l'aménité de l'autre.

Au bilan … rien ou presque. Cette histoire, qui est mienne et que je n'aime pas à raconter, pourquoi la présenter nonobstant ? Je cherchais à donner un contenu à amour et ne suis parvenu qu'à évider celui de relations amoureuses. Je n'en sais guère plus qu'au départ sinon, peut-être, que le secret réside dans l'engagement permanent des deux protagonistes qui connaît pourtant invariablement des hauts et des bas, des hésitations et des reculades. Un engagement qui, de surcroît, ne s'opère pas exclusivement à l'égard des deux intéressés eux-mêmes, ne concerne pas seulement l'intime mais aussi tout ce qui n'est pas eux - le monde, mes autres. Les passions exclusives se consument vite et sont trop souvent mortifères.

Rien de plus sinon que l'amour a décidément affaire à générosité et bonheur.