Bloc-Notes 2017
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Désamour, désaveu ? non, désintérêt tout simplement …

 

Je lis la presse - mais j'ai du mal - regarde leurs gesticulations - et détourne le regard - ne les écoute plus et constate avec curiosité qu'ils ne me font même plus penser.

La réélection de Larcher, pour prévisible qu'elle fût, comment voulez-vous qu'elle fasse rêver ? Les invectives macroniennes sur ceux qui foutent le bordel, pourquoi voudrait-on qu'elles étonnenr ? Les désarrois d'un parti républicain qui s'inquiète de n'avoir personne à mettre en face de Wauquiez, qui ceci peut-il intéresser ?

Le gouvernement a beau mitonner une réforme de la justice, les intellectuels ont beau feindre de s'intéresser au hold-up électoral de ce printemps, décidément rien n'y fait, cette équipée d'amateurs, parfois niais, parfois provocateurs, candides jusqu'à l'insolence, ou méprisants jusqu'à l'insulte, n'arrive pas à m'intéresser ; ni à m'émouvoir, pas même à m'indigner !

Est-ce moi qui, vieillissant, ne parviens plus à me pencher sur ce qui m'apparaîtrait désormais secondaire - pour ne pas écrire dérisoire ? Sont ce eux qui tuant le politique auraient à ce point étouffé l'opinion et le débat que plus rien ni personne ne parviendrait plus à susciter ni débat, ni révolte ; ni colère ni mouvement ? Ce peuple si insatiablement épris de politique aurait-il perdu toute passion ?

Il est sans doute encore trop tôt pour que les yeux se désillent et grondent enfin les colères. Juste assez tôt pour deviner, et en cela je partage l'analyse de Jeanneney, que les classiques lignes de fracture gauche/droite réapparaîtront ; assez tôt pour deviner combien nos hommes politiques sont trop souvent pusillanimes, simplement ambitieux ou franchement stupides. Trop tôt encore pour que la rue s'agite, qui finira bien par le faire si la barque se remplit trop vite et dès que, les réformes semblant privilégier toujours les mêmes, et les résultats se faisant attendre, ce pouvoir apparaîtra pour ce qu'il est … un trompe l'œil.

Il est facile de se moquer des journalistes … personne en réalité n'avait rien vu venir. Il serait cruel d'exhumer les commentaires de l'immédiat après-élection : ils sentent trop son courtisan empressé de courtiser ou la contagion d'un état de grâce furtif. Les élus s'inventent un avenir ; les rescapés un sursaut … quoi de plus normal ?

M'inquiète plus, vraiment plus, ce qui pourrait paraître insolence, morgue ou mépris du côté de l'Elysée - qui ne l'est sans doute pas - cette incroyable présomption ou candeur, cette idolâtrie du pouvoir, ce complexe de la baguette magique, cette litanie du technocrate : Macron a l'air de croire que son élection lui donne tous les pouvoirs, lui ouvre toutes les possibilités ; qu'il lui suffi de réformer, et rapidement surtout, pour que tout change, s'améliore …

Lui, non plus ne sait pas que l'histoire est tragique !

Mais qui le sait encore ? ce que ceci signifie et implique ?

J'hésite, je l'avoue, à trouver ceci inquiétant ou, tout au contraire, terriblement insignifiant …

Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur. Ec 1, 18