Bloc-Notes 2017
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" Le Débat " analyse une " séquence politique hors norme "

Le dernier numéro (septembre-octobre) de la revue Le Débat consa-cre tout un dossier à la - " séquence politique hors norme " qu'ont constituée la campagne et l'élection -présidentielle française de mai  2017. Plusieurs mois qui ont abouti à " un séisme politique que rien ne laissait -présager ", avec l'abandon du président de la République François -Hollande, l'explosion des partis traditionnels de droite et de gauche (en dépit de primaires réussies), la poussée de -formations politiques centrées sur la seule figure du chef et, bien sûr, la victoire surprise d'Emmanuel Macron.

Pour Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, l'accession de M.  Macron à l'Elysée a procédé d'une " révolution de velours " au cours de laquelle " un système politique s'est -effacé et un autre système (…) – ou, en tout cas, une autre classe -politique – l'a purement et simplement remplacé ", avec le renouvellement de près de 75  % de l'Assemblée nationale aux législatives de juin.

Mais loin de remettre en cause les institutions de la Ve  République, ce " coup de grisou " en serait, au contraire, pour le politologue, " un pur produit " : " le fond du phénomène Macron, c'est la revanche de l'esprit de la Ve  République sur le système des partis (…), la rencontre d'un homme et d'un peuple, sans médiation et ce, sur la base d'un mouvement tout juste né " (En marche !). Une lecture partagée par l'historien Nicolas Roussellier, auteur du stimulant essai La Force de gouverner. Le pouvoir exécutif en France, XIXe-XXIe  siècles(Gallimard, 2015), qui considère que  le macronisme peut être lu comme un " processus de régénérescence " des institutions de la Ve  République.

" Révolution par le haut "

Avec néanmoins, une limite : " l'étroitesse de sa base réelle ", selon Marcel Gauchet, responsable de la rédaction de Débat. " Le pays a élu, contre toute -attente, un président jeune, optimiste, -libéral, européen. Mais dans ses profondeurs, il est loin d'être gagné à ses convictions ", estime le philosophe. " Le macronisme n'est pas issu d'un mouvement -social parti du bas. (…) C'est une révolution par le haut (…), un big bang politique, pour le moment remarquablement “sous contrôle” ", -appuie Nicolas Roussellier.

Jusqu'à quand ? Stéphane Rozès esquisse une réponse, citant Napoléon : " Je tiens mon pouvoir de l'imaginaire des Français. (…) Quand j'en serai privé, je ne serai plus rien. " Pour le politologue, qui s'interroge sur l'apparente contradiction entre ce vote pour un président jeune et inconnu et l'état d'un pays " vieux, pessimiste et conservateur ", -Macron aurait réussi à réveiller l'imaginaire français en lui permettant de se projeter à nouveau.

Il s'est appuyé sur une redoutable stratégie de communication, que décrypte Gaspard Gantzer. Ayant parfaitement compris les " bouleversements médiatiques en cours ", habile dans sa faculté à toujours " surprendre ", le candidat d'En marche ! a réussi à devenir " sa propre marque, celle du renouvellement ", analyse l'ancien conseiller en communication de François Hollande. Mais Gaspard Gantzer reste convaincu que la parole rare, que fait mine de vouloir imposer Emmanuel Macron depuis mai, est " impossible " à l'heure de l'information en continu. " Elle serait vite perçue comme de l'absence ou, pis, du mépris ", conclut l'auteur.