Jean-Paul SARTRE (1905-1980) Cahiers pour une morale, p 339
Etre
libre, c’est courir le risque perpétuel de voir ses entreprises échouer et
la mort briser le projet. Parler aussi de la finitude de mort. La liberté ne
se conçoit pas en dehors de la mort, de l’échec et du risque de l’absolu
désespoir sans compensation aucune. Tout optimisme vient ici glisser du tout
fait dans la liberté (valeurs, équilibre, fins atteintes nécessairement) et
détruit la liberté sournoisement pour la remplacer par un ordre nécessaire.
Par exemple le très sournois “tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais
trouvé” qui amenuise la recherche jusqu’à n’en faire qu’une apparence
dissimulant la réalité profonde qui est un rapport à Dieu déjà donné, donné
depuis toujours. Ce “tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé” est à
l’origine de toute poésie moderne (réussite au fond de l’échec, etc). En
réalité chercher est chercher, c’est-à-dire implique le risque permanent de
ne pas trouver, de mourir sans avoir trouvé. Dire que j’ai trouvé, c’est
faire de moi un pantin de Dieu