Elysées 2012

Election présidentielles. Sondage. Repères

 

Un sortant et deux challengers

L’accession de François Mitterrand au second tour de la présidentielle de 1981, on l’a un peu oublié, n’était pas assurée. A la différence de 1974, il avait contre lui à gauche le communiste Georges Marchais, et la progression de Jacques Chirac dans les sondages rendait plausible un second tour opposant celui-ci au sortant, Valéry Giscard d’Estaing. Lequel avait perdu plus de huit points en six mois. Echaudés par le souvenir de l’éviction de Gaston Defferre en 1969 et le second tour Pompidou-Poher qui avait suivi, les électeurs de gauche se sont mobilisés les derniers jours.

Une cohabitation, deux sortants

A l’issue de deux ans de cohabitation, le président sortant affronte le Premier ministre sortant, Jacques Chirac. Une situation inédite sous la Ve République où le chef de l’Etat incarne aussi l’opposition. Dans les derniers mois de campagne, Chirac, handicapé par la candidature centriste de Raymond Barre, lui aussi ex-Premier ministre, ne parvient pas vraiment à décoller. François Mitterrand, malgré une légère érosion, ne descendra, lui, jamais sous la barre des 30 % d’intentions de vote entre novembre 1987 et avril 1988. Il réussit à maintenir 14 points d’écart avec son challenger.

 Un sortant nommé Balladur

Après quatorze années de présidence Mitterrand, celui qui ressemble le plus à un candidat sortant est le Premier ministre, Edouard Balladur, qui incarne la seconde cohabitation. Il part favori dans les sondages, faisant jeu égal avec Lionel Jospin, progressant même jusqu’en janvier 1995, avant de s’effriter inexorablement. Jacques Chirac, qui peut d’autant mieux incarner la rupture (la «fracture sociale») qu’il n’est ni chef de gouvernement sortant ni héritier politique du président sortant comme Lionel Jospin, devient en février le favori à droite, et le reste jusqu’au premier tour.

Deux sortants et un Le Pen

Comme en 1988, le président et le Premier ministre sortants sont candidats l’un contre l’autre. «Avec deux sortants et un duel annoncé pour le second tour, les observateurs et les électeurs n’ont pas pris en compte la possibilité de voir le candidat du Front national au second tour», note Emmanuel Rivière, directeur du département Stratégies d’opinion de TNS Sofres. Ce scrutin demeure une illustration de l’échec des sondages, alors que la poussée de Jean-Marie Le Pen était inscrite dans les courbes. Elle s’est accentuée la dernière semaine, lorsque la publication des sondages était interdite.

Un scrutin sans sortant

Particularité de l’élection de 2007 : aucun candidat n’était en position de sortant, président ou Premier ministre. Nicolas Sarkozy en a joué pour se présenter en candidat de rupture avec les années Chirac, tout en captant une partie de l’électorat du Front national. «La montée de Bayrou s’est faite au détriment des deux principaux candidats, et dans un premier temps surtout de Ségolène Royal», souligne Emmanuel Rivière, de TNS Sofres. L’effet vote utile post-2002 a profité aux deux candidats arrivés en tête du premier tour.