Elysées 2012

Germanophobie

Balle au bond évidemment saisie par la majorité sitôt les propos de Montebourg prononcés ramenant Merckel à Bismarck.

Dans tout ceci, de l'outrance, de la mauvaise foi, de l'implicite mais peut-être aussi un soupçon d'anthropologie où le sacré a sa part, incontournable.

Outrance

Il est vrai que parler de diktat allemand est abusif tant effectivement l'Allemagne aussi aura fini par avaler des couleuvres ; mais il est vrai aussi que le mode de gestion de cette crise révèle de profondes divergences tant sur la manière de concevoir cette crise que sur l'approche de l'Europe.

Ce que souligne à sa manière Bayrou quand il rappelle dans son discours de candidature que l'Europe c'est la solidarité et l'égalité des partenaires et non cette inter-gouvernementalité qui ressemble à s'y méprendre à un duumvirat qui met de côté les petits, les parlements et - par un certain côté - les principes élémentaires de la démocratie.

Mauvaise foi

Il en va ici comme du reproche d'antisémitisme que l'on dresse chaque fois que l'on avance quelque critique à l'égard de la politique de l'état d'Israël ; voire plus généralement celui de racisme - en tout cas d'ethnocentrisme - chaque fois que l'analyse porte sur une nation autre.

Soyons sérieux ! Que l'on nourrisse ici en Occident quelque mauvaise conscience pour un passé qui ne fut pas toujours - loin s'en faut - glorieux, soit ! que ceci dût nous empêcher de porter analyse et éventuellement critique, cent fois non !

Soyons sérieux ! Même si l'analogie avec

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Munich et Bismarck n'est pas du meilleur goût qui peut croire sérieusement que Montebourg veuille déterrer une hache de guerre si miraculeusement enterrée voici soixante ans ?

Affirmer avec force l'amitié franco-allemande n'implique pas nécessairement que l'on acquiesce à tout ; constater que l'axe Paris-Berlin reste le pivot de la construction européenne ne signifie pas pour autant la soumission des autres à cet axe, non plus que cet axe fût exclusif. En réalité, on pourrait dire de la relation franco-allemande exactement ce que de Gaulle disait en 65 à propos de son anti-américanisme supposé

 

Implicite

Assurément, il y a quelque sournois implicite que de supposer que l'impasse où se trouverait l'euro et l'europe tiendrait exclusivement à la manière allemande de la gérer. Où qu'il suffirait comme l'avance Montebourg de se prévaloir aussi d'un mandat parlementaire pour contre-carrer la position allemande. C'est qu'en réalité, la zone souffre de la même lecture monétariste, ultra-libérale de la crise ; que les différences de position entre la France et l'Allemagne ne tiennent en fait qu'à leurs forces et faiblesses respectives - qui ne sont pas les mêmes mais qu'en réalité ils sont d'accord sur ce point au moins de faire de la règle budgétaire la ligne d'or qui devrait satisfaire les marchés. Se mettre au service des marchés n'est pas nouveau, mais passer au-dessus des peuples, derechef, pour imposer un traité qui en réalité dépolitisera la politique économique en la soumettant à un comité d'experts, voici la faute ! contre la démocratie.

Le saut qualitatif que représenta en son temps le traité de Maastricht demeurait incomplet et tout le monde le savait Mitterrand en tête qui, pour ne pas retarder le processus, mais sachant pertinemment que l'Allemagne se refusait à une politique économique commune, aura accepté que la question fût traitée plus tard.

Cette crise a ceci de bon qu'elle oblige à le faire maintenant ! Elle a ceci d'inquiétant qu'elle semble devoir se résoudre par un constat de faillite pur et simple du politique devant les marchés et la volonté manifeste de détricoter tout ce que le politique pouvait encore comporter de social.

entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, il y a un point de désaccord qui n'est pas encore explicite pour l'instant mais qui est clair quand on lit leurs positions respectives: la CDU et Merkel refusent d'entrer dans le débat d'une politique favorable à la croissance qui serait autre chose qu'une politique structurelle incluant, par exemple, une plus grande flexibilité du marché du travail, une réduction des dépenses sociales et peut-être même un démantèlement partiel de l'Etat social.
Klau

Une anthropologie tragique

Il faut sans doute reprendre la lecture que Girard 3 fait dans son Clausewitz du duel gemellaire entre la France et l'Allemagne rappelant combien ici comme ailleurs, ce sont nos ressemblances et non nos différences qui nous firent nous opposer.

Que la montée aux extrêmes semble ici ne plus s'inscrire dans des guerres organisées mais se généraliser dans des formes floues mais universelles, mais se déplacer aussi dans ces formes logicielles que peuvent être non plus seulement les antagonismes économiques mais désormais aussi les hégémonies financières, atteste que le grand danger, que nous avons déjà relevé, serait que l'on voie désormais dans cette crise l'ultime expression de ce conflit gémellaire.

Tragique serait que l'on y vît une victoire allemande mais tragique reste que la violence se soit ainsi déplacée et débouche sur ce que Klau appelle le démantèlement de l'Etat social.

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Où l'on comprend les réticences de la gauche mais aussi la crainte de Bayrou d'une Europe qui ne serait plus celle des peuples mais des experts, d'une Europe qui ne serait plus celle d'un projet mais celle des sanctions.

Où il apparait combien l'Europe toujours en construction n'en a pas fini de ce débat que de Gaulle avait instillé d'une Europe des Nations contre une Europe fédérale pour lui prématurée, si éloignée des réalités, sauf à considérer qu'aujourd'hui il semble bien que la France impuissante à imposer sa vision soit presque contrainte - et l'on appelle ceci convergence - à passer sous les fourches caudines d'une vision étriquée, gestionnaire d'une Europe pourtant promise à bien d'autres visées.

 


1) voir son itv

2) Libération

sur la question lire :

impasse

austérité

tragédie

ITV Klau

 


à réécouter cette conférence de Girard au moment de la sortie de son Clausewitz.