Il y a 100 ans ....
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Siegfried Wagner

C'est le fils de Richard et de Cosima, le petit-fils de Liszt. Compositeur lui-même mais si peu apprécié qu'aucune de ses oeuvres ne rentre dans le répertoire. Va pour la direction artistique du festival de Bayreuth que Cosima lui cède plus pour la forme d'ailleurs tant elle répugne à lâcher quelque responsabilité que ce soit.

Cosima mourra en 1930 : il meurt la même année sans avoir pu moderniser le festival comme il l'eût souhaité.

En tout état de cause, en cette année 14, on lui fait faire la rencontre de Winifred Williams Klindworth qu'il épousera l'année suivante.

Il vient de faire rentrer le loup dans une bergerie qui n'était déjà pas très avenante.

Celle-ci prendra la direction du festival et en fera une des icônes du régime nazi.

Elle avait rencontré Hitler dès 1923 et lui avait fourni le papier nécessaire pour écrire Mein Kampf durant son séjour en prison : elle adhérera au parti dès 1929. Elle ne reniera jamais ses attaches - au point de devenir gênante sur la fin de sa vie : ses déclarations dans ce film de Hans-Jürgen Syberberg Hitler - un film d'Allemagne - amenèrent son fils à lui refuser l'entrée du festival à l'occasion du centenaire. (1976)

Trop tôt disparu pour qu'on puisse deviner ce que ce fils et petit-fils de compositeur, écrasé par l'omniprésence de sa mère, eût fait dans les années nazies, sa figure s'efface à moins qu'elle ne fût gommée d'emblée.

Reste, pour moi, en tout cas, ce mystère de la propagande nazie d'avoir su réunir dans ses incantations ces deux ennemis que furent Nietzsche et Wagner.

Elizabeth Förter-Nietzsche aura droit à sa mort en 36, à des funérailles nationales et Bayreuth aura difficulté à faire oublier qu'il fut avec Nuremberg un des piliers des messes national-socialistes !

Pourtant, si R Wagner était ouvertement antisémite, Nietzsche, lui, ne l'était pas et l'on trouve maints passages d'une férocité incroyable à l'endroit des forfanteries pangermanistes en vogue de son temps - et depuis !

En tout cas, dans la boursouflure du décorum wagnérien, dans la pompe de sa musique aussi, il y eut manifestement de quoi exacerber le messianisme rampant que contenait le pangermanisme d'alors et dont se nourrit à l'évidence le nazisme.

La question esthétique de la musique est ailleurs ; les images, elles, sont terrifiantes.


ITV W Wagner (en allemand)