Il y a 100 ans ....
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Du malheur d'avoir un fils

Wilhelm von Hohenzollern est une de ces étonnantes illustrations de la fatuité, vanité, vacuité et futilité réunies. Le fils ainé de Guillaume II, aussi charmant dans le civil qu'indécrottable séducteutr de femmes légères. Maladroit souvent, comme en atteste le télégramme vas-y tape leur dessus envoyé au général Deimling à l'occasion de l'affaire de Saverne, au risque d'envenimer les relations déjà compliquées avec le Reichsland d'Alsace-Lorraine il représente le paradoxe absolu avec son uniforme des hussards de la mort, qu'il commande et commandera durant la guerre de 14.

Il fait partie - moins que son père, l'empereur, cependant - de ces figures que les caricatures préféreront sous les traits soit de l'ogre, soit du pilleur.

Il renoncera, à la fin de la guerre, à son titre de prince héritier, après l'abdication de son père mais on le verra ensuite beaucoup, entre deux réceptions mondaines, au côté des nazis dans les années trente. Il fera le lien, au même titre que Ludendorff d'abord, avec les corps francs et les anciens combattants de la guerre qu'il permettra ainsi de rallier plus aisément au régime nazi. Après 33, on le voit ici et là, en uniforme de SA ou avec le brassard nazi.

Le régime l'épargnera mais ne le favorisera pas non plus : trop frivole pour s'engager plus avant, il avait rempli son office et s'en retourna à ses vices privés.

On le retrouvera brièvement en 1945, sur les rives du lac de Constance et la petite histoire veut que se plaignant de ses modestes ressources auprès de de Lattre ce dernier lui rétorqua : Vous êtes lamentable, Monsieur !

 

Il est en tout cas révélateur de cette génération de l'entre-deux-guerres allemande, que rien ne prédisposait particulièrement au nazisme, mais qui y succomba nonobstant soit par facilité, soit par paresse soit par lâcheté.

Il n'avait manifestement pas la tête politique et la meilleure chose qui lui soit arrivée reste encore de n'avoir pas eu à succéder à son père : ce qui poussa ce grand velléitaire à se compromettre avec le NSDAP tint plus vraisemblablement à des rêves paresseux de grandeur passée qu'à une adhésion idéologique dont il fût demeuré incapable. Rêva-t-il à une restauration de l'empire ? Sans doute pas ; en tout cas il n'était pas très regardant.