SERMON LXXIII
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 Abbaye Saint Benoît de Port-Valais
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SERMON LXXIII. LE BON GRAIN ET L'IVRAIE (1).

 

ANALYSE. — Saint Augustin avait expliqué, la veille, la parabole de la semence. Il dit aujourd'hui que la parabole de l'ivraie et du bon grain a le même sens; car les paraboles permettent de représenter la même idée sous des termes différents. Il termine en engageant l'ivraie, c'est-à-dire les mauvais chrétiens, à devenir de boit grain, et en invitent les bons chrétiens à la patience.

 

1. Hier et aujourd'hui nous avons entendu, de la bouche de Notre-Seigneur Jésus-Christ, une parabole de semeur. Vous qui étiez présents hier, réveillez aujourd'hui vos souvenirs. Il était question hier de ce semeur qui, en répandant sa semence, en laissa tomber une partie dans le chemin, ou elle fut recueillie pair les oiseaux; une antre dans les endroits pierreux, où elle fut desséchée par la chaleur; une autre au milieu des épines, où elle fut étouffée sans pouvoir porter d'épis; unie antre enfin dans la bonne terre, où elle rapporta cent, soixante, et trente pour un (2). C'est encore aujourd'hui une parabole de semeur, le Seigneur nous y montre un homme qui a semé de bon grain dans son champ. Or pendant que l'on dormait, l'ennemi vint et sema de l'ivraie par dessus. On ne s'en aperçut point quand tout était en herbe; mais sitôt qu'on put distinguer les bons épis, on reconnut aussi l'ivraie à la vue de cette ivraie mêlée en grand nombre au bon grain, les serviteurs du père de famille se fâchèrent, et voulurent l'arracher; on ne le permit pas, mais on leur dit: « Laissez croître à l'un et l'autre jusqu'à la moisson. »

Cette nouvelle parabole a été également expliquée par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le semeur de bon grain, c'est lui-même ; le diable est l'homme ennemi qui a semé l'ivraie; la fin du siècle est le temps de la moisson, et le champ, le monde tout entier. Mais qu'ajoute-t-il ? «A l'époque de la moisson je dirai aux moissonneurs : amassez d'abord l'ivraie pour la brûler; puis recueillez mon grain et le mettez au grenier. » Pourquoi cet empressement, ô serviteurs pleins de zèle ? Vous voyez l'ivraie parmi le froment, les mauvais chrétiens parmi les bons et vous voulez les extirper. Cessez, nous ne sommes pas à la moisson. Elle viendra, et puissiez-vous alors être de bons grains! Pourquoi vous lâcher ? Pourquoi souffrir avec peine que les méchants soient mêlés aux bons? Ils peuvent être

 

1. Matt. XIII, 24-30, 38-43. — 2. Matt. XIII, 2-23.

 

confondus avec venus ducs le champ, ils ne le seront pas au grenier.

2. Vous savez qu'il a été parlé hier de trois endroits où ne profite point la semence; le chemin, les pierres et les épines. Voilà l'ivraie, c'est dans une autre parabole un autre nom donné à la même chose. Car, lorsqu'il est question de similitudes et non du sens propre, on n'exprime que la ressemblance de la vérité, et non la vérité même. Je n'ignore point que quelques uns savent cela ; mais nous parlons pour tous.

Ainsi donc dans les choses sensibles un chemin est un chemin, un endroit pierreux est un endroit pierreux et des épines sont des épines; il n'y faut voir que cela, car les mots sont pris ici dans leur sens propre. Mais dans les paraboles et les comparaisons, un même objet peut être désigné par des noms différents, et c'est ce que m'a permis de vous dire que le chemin dont il est parlé dans l'Évangile, ainsi que l’endroit pierreux et l'endroit couvert d'épines désignent les mauvais chrétiens, désignés aussi par l'ivraie. Le Christ ne porte-t-il pas à la fois les noms d'agneau et de lion ? S'il s'agit de troupeaux et d'animaux sauvages, on ne doit voir dans      l'agneau qu'un agneau et dans le lion qu'un lion mais le Christ est l'un et l'autre. Dans la première acception, c'est le sens propre : c'est le sens figuré dans celle-ci.

Il arrive même que dans ce sens figuré les êtres les plus opposés portant le même nom. Qu'y a-t-il de plus opposés entre eux que le Christ et le démon ? Le Christ et le démon, néanmoins, sont appelés l'un et l'autre lion. Au Christ est donné ce nom : « Le lion de la tribu de Juda a vaincu (1). » Au démon également : « Ne savez-vous que votre ennemi, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant à dévorer. (2) » Ce nom désigne ainsi le Christ et le diable : le Christ, à cause de sa force, le diable à cause de sa férocité; le Christ à cause de ses victoires, le

 

1. Apoc. V, 5. — 2. I Pierre, V, 8.

 

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diable à cause de ses ravages. Ce même démon est encore représenté comme un reptile, c'est l'antique serpent (1) : s'ensuit-il que notre Pasteur nous ordonne d'imiter ce serpent quand il nous dit: « Soyez simples comme des colombes et rusés comme des serpents (2) ? »

3. Hier donc je me suis adressé au chemin, aux lieux pierreux et aux lieux couverts d'épines, et je leur ai dit: Changez puisque vous le pouvez, retournez avec la charrue ce terrain durci, jetez les pierres de ce champ, arrachez-en les épines. N'ayez point ce coeur endurci où meurt aussitôt la parole de Dieu. Ne soyez point cette terre légère où la charité ne saurait enfoncer ses racines. Gardez-vous, d'étouffer par les soins et les passions du siècle, la bonne semence que nous répandons en vous par nos travaux. Car c'est le Seigneur qui sème et nous ne sommes que ses ouvriers. Soyez une bonne terre, vous disions-nous hier, et aujourd'hui nous répétons à tous: Que l'un donne cent, l'autre soixante et l'autre trente pour un. L'un produit plus que l'autre, mais tous ont droit au grenier.

Voilà ce que nous disions hier. Je m'adresse aujourd'hui à l'ivraie. Cette ivraie désigne des brebis du troupeau. O mauvais chrétiens ! ô vous qui fatiguez par votre mauvaise conduite l'Église que vous remplissez! corrigez-vous avant l'époque de la moisson, ne dites pas : « J'ai péché, et que m'est-il advenu de fâcheux ? (3) » Dieu n'a rien perdu de sa puissance ; mais il exige que tu fasses pénitence. C'est ce que je dis aux pécheurs, qui pourtant sont chrétiens; c'est ce que je dis à l'ivraie. Car ils sont dans le champ du Père de famille, et il peut se faire qu'ivraie aujourd'hui, demain ils soient bon grain. Pour ce même motif je m'adresse aussi au froment.

4. O chrétiens qui vivez saintement! vous êtes en petit nombre et vous soupirez, vous gémissez au sein de la multitude. L'hiver passera, viendra

 

1. Apoc. XII, 9. — 2. Matt. X, 6. — 3 Eccli. V, 4.

 

l'été et voici bientôt la moisson. Les Anges viendront avec le pouvoir de faire la séparation et dans l'impuissance de se tromper. Pour nous, nous ressemblons aujourd'hui à ces serviteurs qui disaient: « Voulez-vous que nous allions l'arracher ? » Nous voudrions en effet, s'il était possible, qu'il ne restât aucun méchant parmi les bons. Mais il nous a dit: « Laissez croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson. » Pourquoi ? Parce que vous pourriez vous tromper. Aussi écoutez « Dans la crainte qu'en voulant arracher l'ivraie vous n'arrachiez aussi le froment. » Que faites-vous avec cette noble ardeur ? N'allez-vous point ravager ma moisson ? Les moissonneurs viendront, c'est-à-dire les Anges, comme l'a expliqué le Sauveur. Nous sommes des hommes, les Anges sont les moissonneurs. Il est vrai, si nous achevons notre course, nous serons égaux aux anges de Dieu; mais aujourd'hui que nous noirs fâchons contre les méchants, nous sommes encore des hommes, et nous devons prêter l'oreille à ces mots : « Que celui donc qui se croit debout prenne garde de tomber (1). »

Croyez-vous, mes frères, que l'ivraie ne s'élève pas jusqu'à l'abside (2)? Croyez-vous qu'il n'y en ait qu'en bas et point en haut? Plaise à Dieu que nous n'en soyons pas nous-même! « Mais peu m'importe d'être jugé par vous (3). » Oui, je le déclare à votre charité : il y a dans les absides du froment et de l'ivraie, du froment aussi et de l'ivraie parmi le peuple. Que les bons supportent donc les méchants, mais que les méchants se convertissent et imitent les bons. Devenons tous, sil est possible, les serviteurs de Dieu, et tous, par sa miséricorde, échappons à la malice de ce siècle, Cherchons les jours heureux, puisque nous sommes dans les jours malheureux; mais pour arriver à ces heureux jours, ne blasphémons point en traversant les jours malheureux.

 

1. Cor. X, 12. — 2. D'où les Évêques parlaient au peuple. — 3. I Cor. IV, 3.

 

 

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