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 Abbaye Saint Benoît de Port-Valais
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SERMON LVI. DE L'ORAISON DOMINICALE (1).

 

ANALYSE. — Avant d'admettre les Catéchumènes au Baptême, on leur apprenait et on leur expliquait le symbole; puis, huit jours seulement avant de leur conférer le sacrement de la régénération, l'oraison dominicale. Après avoir exposé pourquoi on enseignait le symbole avant l'oraison dominicale, saint Augustin rappelle qu'il y a deux écueils à éviter dans la prière : il est des êtres qu'il ne faut pas prier et il est des choses qu'il ne.faut pas demander dans la prière. C'est surtout pour régler nos désirs que le Sauveur nous a enseigné l'oraison dominicale. Saint Augustin explique ensuite chacun des articles qui la composent, il insiste particulièrement sur l'amour des ennemis.

 

1. En montrant que l'époque actuelle, l'époque où toutes les nations devaient croire en Dieu, avait été prédite par les prophètes, le bienheureux Apôtre cite le témoignage suivant : « Et il sera ainsi : Quiconque invoquera le nom du Seigneur, sera sauvé. (2) » Autrefois en effet les seuls Israélites invoquaient le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre; et les autres peuples imploraient soit des idoles muettes et sourdes qui ne les entendaient point, soit des démons qui les écoutaient pour faire leur malheur. Mais depuis qu'est venue la plénitude des temps, on voit s'accomplir cette prophétie: « Et il sera ainsi : « Quiconque invoquera le nom du Seigneur, sera sauvé. »

Mais les Juifs étaient jaloux devoir l'Évangile annoncé aux gentils; ceux-mêmes d'entre eux qui croyaient au Christ prétendaient qu'on ne devait pas porter la parole du Christ à quiconque n'était pas circoncis. C'est contre ces envieux que l'Apôtre Paul cite ce témoignage: « Et il sera ainsi : quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé; » afin même de démasquer davantage l'aveuglement de leur haine jalouse, il ajoute aussitôt : « Mais comment l'invoqueront-ils, s'ils ne croient pas en lui ? Et comment y croiront-ils, s'ils n'en ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils

 

1. Matt, VI, 7-13. — 2. Joël, II, 32.

 

parler, si personne ne les prêche? Et comment les prêchera-t-on, si l'on n'est pas envoyé? (1) » Ainsi donc, à cause de ces paroles : « Comment l'invoqueront-ils, s'ils ne croient pas en lui ? » vous avez reçu d'abord, non pas l'oraison dominicale, puis le symbole; mais le symbole pour vous apprendre à croire, puis l'oraison pour vous apprendre à prier. Le symbole est l'expression de la foi, et l'oraison de la prière; car c'est celui qui croit qui est exaucé quand il prie.

2. Beaucoup néanmoins demandent ce qu'ils ne devraient pas demander, parce qu'ils ignorent ce qui leur est utile. D'où il suit qu'on doit dans la prière éviter deux écueils: et de solliciter ce qu'il ne faut pas, et d'implorer qui on ne doit pas. Il ne faut rien demander ni au diable, ni aux idoles, ni aux démons; mais à Jésus-Christ Notre-Seigneur et notre Dieu, lequel est en même temps le Dieu et le père des prophètes, des apôtres et des martyrs; mais au Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Dieu qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, il faut demander tout ce qu'on doit demander.

Qu'on se garde donc bien de solliciter de lui ce qu'on ne doit pas requérir. On doit demander la vie, mais que sert de la demander à des idoles sourdes et muettes ? Que te servirait aussi de demander à notre divin Père qui est dans les cieux,

 

1. Rom. X, 13-15.

 

264

 

la mort de tes ennemis ? N'as-tu pas entendu, n'as-tu pas lu, dans le psaume prophétique où il est question de l'affreux traître Judas, cette prédiction qui le concerne : « Que sa prière même devienne un crime (1) ? » Crois-le donc, si tu souhaites le malheur de tes ennemis, ta prière aussi deviendra une iniquité.

3. Peut-être avez-vous pensé, en lisant les psaumes, que l'auteur sacré y fait souvent des imprécations contre ses adversaires. Sans aucun doute, dit-on, celui qui parle dans ces cantiques est un homme juste : mais pourquoi appelle-t-il de si grands maux sur la tête de ses ennemis? Il n'appelle pas le mal, il le prévoit; il fa.t des prédictions et non des imprécations. Ces auteurs inspirés connaissaient d'avance le bien et le mal qui devaient arriver à celui-ci, à celui-là; et ils le prédisaient simplement sous une forme optative.

Mais toi, sais-tu si celui à qui tu désires du mal, ne sera pas bientôt meilleur que toi ? —  Je sais qu'il est pécheur, reprends-tu. — Ne sais-tu pas que tu l'es aussi ? Tout en osant attribuer à autrui des dispositions que tu ignores, tu sais sûrement que tu es pécheur. N'entends-tu pas l'Apôtre dire de lui-même : « J'étais auparavant persécuteur, blasphémateur et outrageux; mais j'ai obtenu miséricorde, parce que j'ai agi par ignorance, dans l'incrédulité (2) ? » Quand donc cet Apôtre persécutait les chrétiens, les enchaînait partout où il les trouvait et les conduisait devant les tribunaux pour les faire châtier, l'Église alors, mes frères, priait-elle pour lui ou contre lui ? Instruite par son Seigneur, qui disait du haut de la croix où il était suspendu « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font (3), » l'Église demandait pour Paul, ou plutôt pour Saul, le changement qui s'est produit. « J'étais dit-il lui-même, inconnu de visage aux Églises de Judée qui croient au Christ. Seulement elles avaient oui dire: Celui qui naguère nous persécutait annonce main« tenant la foi qu'il s'efforçait de détruire; et elles glorifiaient Dieu à mon sujet (4). » Pourquoi auraient-elles glorifié Dieu si auparavant elles n'avaient imploré la conversion de leur persécuteur?

4. Notre-Seigneur commence par supprimer les longs discours; il ne veut pas qu'on multiplie devant Dieu les paroles, comme si par ce moyen on cherchait à l'instruire. Ce qu'il faut dans la prière, c'est là piété et non la loquacité. « Car votre père sait vos besoins avant que vous

 

1. Ps. CVIII, 7. — 2. I Tim. I, 13. — 3. Luc, XXIII, 34. — 4. Galat. I, 22-24.

 

l'imploriez. » Puisqu'il sait vos besoins, ne parlez donc pas beaucoup.

Mais s'il tonnait nos besoins, dira ici quelqu'un, pourquoi parler peu ou beaucoup ? pourquoi prier ? Il sait ce qui nous est nécessaire, qu'il nous le donne. — Non, mais il veut que tu pries pour accorder à tes désirs, et pour éloigner le mépris de ses dons. C'est lui d'ailleurs qui inspire ces désirs, et l'oraison dominicale enseignée par lui en est la forme. Il n'est permis de demander que ce qui y est exprimé.

5. « Dites donc, ce sont ses paroles: Notre Père qui êtes aux cieux. » Ainsi, vous en êtes témoins, vous commencez à avoir Dieu pour Père. Mais après votre régénération il sera réellement votre Père, et maintenant même, avant votre naissance spirituelle, vous êtes conçus par sa vertu dans le sein de l'Église, qui doit vous enfanter sur les fonts sacrés. « Notre Père, qui êtes aux cieux. » Souvenez-vous donc que vous avez un Père dans les cieux, souvenez-vous qu'issus d'Adam pour mourir, vous devez être régénérés par Dieu pour vivre. Et ce que vous dites, dites-le du rond du coeur. Priez avec affection, et vous serez réellement exaucés.

« Que votre nom soit sanctifié. » Pourquoi de mander que le nom du Seigneur soit sanctifié! N'est-il pas saint ? Pourquoi prier pour ce qui est déjà saint ? De plus, en demandant que ce nom soit sanctifié, ne sembles-tu pas implorer Dieu pour lui-même et non pour toi ? — Mais comprends bien et tu verras que c'est aussi prier ; pour toi. Que demandes-tu en effet ? Que ce qui en soi est toujours saint, soit sanctifié en toi-même. Qu'est-ce à dire : soit sanctifié ? Soit traité comme étant saint et ne soit pas méprisé. Tu vois ainsi que cette prière te regarde. Car le mépris que tu ferais du nom divin serait un malheur pour toi et non pour Dieu.

6. « Que votre règne arrive. » A qui parlons-nous ? Et si nous ne faisions pas cette demande, est-ce que le règne de Dieu n'arriverait pas! Mais il est ici question du règne qui suivra latin des siècles. Dieu en effet règne toujours, et obéi par toutes les créatures, il n'est jamais sans empire. Le règne donc que tu désires, c'est celui dont il est écrit dans l'Évangile. « Venez, bénis de mon Père, recevez l'empire qui vous a été préparé dès le commencement des siècles. » Voilà le règne dont tu dis : « Que votre règne arrive. » Nous demandons à la fois, et que ce règne s'établisse en nous et qu'en lui nous ayons (265) place. Il arrivera sûrement; mais à quoi bon pour toi, si tu es à la gauche ? Ici donc encore c'est ton bien que tu demandes, c'est pour toi que tu pries. Ce que tu désires, ce que tu sollicites dans ta prière, c'est de vivre de façon à être du nombre des saints à qui doit être donné le royaume de Dieu; et c'est pour demander la grâce de vivre de la sorte, que tu répètes: « Que votre règne arrive; » faites que nous soyons de votre royaume ; que votre règne arrive pour nous, comme il doit arriver pour vos saints et vos justes.

7. « Que votre volonté soit faite. » Dieu ne fera-t-il pas sa volonté, si tu ne lui adresses cette prière? Rappelle-toi ce que tuas récité dans le symbole « Je crois en Dieu le Père tout-puissant. » S'il est tout-puissant, pourquoi demander que sa volonté s'accomplisse? Que veut donc dire: « Votre « volonté se fasse? » — Qu'elle s'accomplisse en moi, et que je ne lui résiste point. Ici donc aussi tu pries pour toi et non pour Dieu. Lors même que tu ne l'accomplirais pas, la volonté de Dieu s'accomplira en toi. Elle s'exécutera en effet, soit dans ceux à qui il dira : « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume qui vous a été préparé dès l'origine du monde; » car justes et saints ils entreront dans ce royaume; soit dans ceux à qui il dira aussi : « Allez au feu éternel préparé au diable et à ses anges (1); » car ils seront jetés dans ces flammes inextinguibles, comme le mérite leur méchanceté.

Autre chose est donc que la volonté divine se fasse par toi, et ce n'est pas sans motif que sollicitant son accomplissement en toi, tu demandes que ce soit pour ton bonheur. Car pour ton bonheur ou pour ton malheur elle s'exécutera en toi. Seulement, qu'elle s'exécute aussi par toi; — Pourquoi dire alors : « Que votre volonté soit faite au ciel et sur la terre? » Ne devrait-on pas dire: Que votre volonté soit faite par le ciel et par la terre ? C'est que Dieu t'ait en toi ce que tu fais et jamais tu ne fais rien qu'il ne le fasse en toi; tandis qu'il fait quelquefois en toi-même ce que tu ne fais pas, jamais tu ne fais rien sans lui.

8. Que signifie: « Au ciel et sur la terre; » ou bien: « sur la terre comme au ciel? » — Les Anges exécutent votre volonté; exécutons-la comme eux. « Que votre volonté soit faite sur la terré « comme au ciel. » Le ciel, c'est l'esprit; la terre, c'est le corps. Ainsi donc, lorsque tu dis, mais le dis-tu ? avec l'Apôtre : « J'obéis par l'esprit à

 

1. Matt. XXV, 34, 41.

 

la loi de Dieu; par la chair à la loi du péché (1); » la volonté divine s'accomplit dans le ciel, mais pas encore sur la terre. Et lorsque la chair sera soumise à l'esprit, lorsque la mort sera abîmée dans sa victoire ? et que l'esprit n'aura plus à combattre aucun désir charnel; lorsqu'il n'y aura plus ni discorde sur la terre, ni guerre dans le coeur et qu'on ne pourra plus dire : « La chair convoite contre l'esprit et l'esprit contre la chair; ils sont en effet opposés l'un à l'autre et vous ne faites pas ce que vous voulez (3) ; » lors donc que cette lutte aura cesses et que toute concupiscence sera devenue charité, l'esprit ne trouvera plus dans le corps rien à arrêter, rien à dompter, rien à comprimer, rien à écraser; tout marchera avec accord dans les voies de la justice , la volonté divine s'accomplira au ciel et sur la terre.

« Que votre volonté se fasse au ciel et sur la terre. » C'est un souhait de perfection. « Que votre volonté se fasse sur la terre comme au ciel » Dans l'Église les hommes spirituels sont le ciel, les hommes charnels sont la terre. « Que votre volonté se fasse, » donc « sur la terre comme au ciel. » Que les hommes charnels se convertissent et vous servent comme le font les hommes spirituels. « Que votre volonté se fasse sur la terre comme au ciel. » Voici un autre sens fort pieux. Il nous est recommandé de prier pour nos ennemis. L'Église est le ciel, les ennemis de l'Église sont la terre. Que veut dire alors : « Que votre volonté se fasse sur la terre comme au ciel ? » Que nos ennemis croient en vous, comme nous y croyons; qu'ils deviennent nos amis et en finissent avec leurs haines. Ils sont la terre, c'est pourquoi ils nous sont opposés; qu'ils deviennent le ciel, et ils seront d'avec nous.

9. « Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien » Il est clair ici que nous prions pour nous. Quand tu disais : « Que votre nom soit sanctifié; » nous avons dit t'expliquer que c'est pour toi que tu priais et non pour Dieu. Quand tu disais encore : « Que votre volonté se fasse » ; il a fallu te montrer encore que ce veau est à ton avantage et non à l'avantage de Dieu. Quand tu disais également : « Que votre règne arrive; » il a été nécessaire aussi de te faire observer que ce n'est pas dans l'intérêt de Dieu que tu demandais l'avènement de son règne. Mais à partir de ces paroles et jusqu'à la fin de l'oraison, il est évident que c'est pour nous que nous supplions.

 

1. Rom. VII, 26. — 2. I Cor. XV, 64. — 3. Galat. V, 17.

 

266

« Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien : » c'est avouer que tu es le pauvre (le Dieu. N'en rougis point : quelque riche que soit un homme sur la terre, il n'en est pas moins le pauvre de Dieu. Le mendiant frappe à la porte du riche; et ce riche frappe à son tour à la porte d'un plus riche. On lui demande et il demande. S'il n'avait besoin, il ne s'adresserait point à Dieu dans la prière. Mais de quoi le riche a-t-il besoin ? Je l'ose dire, il a besoin de son pain de chaque jour. Pourquoi possède-t-il de tout en abondance? Pourquoi, sinon parce qu'il a reçu de Dieu ? Et qu'aurait-il si Dieu retirait sa main ? Combien se sont endormis riches et se sont éveillés pauvres? Si donc il ne lui manque rien, il en est redevable à la miséricorde de Dieu, et non à sa propre puissance.

10. Toutefois, mes bons amis, ce pain que nous mangeons et qui chaque jour restaure notre corps, vous voyez que Dieu le donne, non-seulement à ceux qui le bénissent, mais encore à ceux qui le blasphèment; il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les pécheurs. On le loue, il nourrit; on le blasphème, il nourrit encore. Il attend que tu fasses pénitence, mais si tu ne te convertis, il te condamne.

De ce que Dieu donne ce pain vulgaire aux bons et aux méchants, s'ensuit-il qu'il n'y a pas un pain spécial que les enfants savent demander et duquel le Seigneur disait dans l'Évangile : « Il n'est pas bon de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens (2)? » Ce pain existe sans aucun doute. Mais quel est-il et pourquoi l'appeler quotidien? C'est que ce pain aussi est nécessaire; sans lui nous ne pouvons vivre; nous ne le pouvons sans ce pain: Il y aurait impudeur à demander à Dieu des richesses ; il n'y en a pas à lui demander le pain de chaque jour. Autre chose est de solliciter de quoi s'enorgueillir, autre chose est de demander de quoi vivre. Néanmoins, comme ce pain visible et sensible se donne aux bons et aux méchants, il est un autre pain quotidien que demandent tes enfants. Ce pain est la divine parole qui nous est distribuée chaque jour. Voilà, le pain quotidien dont vivent nos âmes et non pas nos corps. Ouvriers employés à la vigne, nous en avons besoin maintenant, c'est notre nourriture et non pas notre salaire. L'ouvrier a droit de recevoir deux choses de la part de Celui qui le fait

 

1. Matt. V, 46. — 2. Ibid. XV, 26.

 

travailler à sa vigne — la nourriture pour ne pas succomber et la récompense pour en jouir. Or notre nourriture de chaque jour sur cette terre est la divine parole constamment distribuée aux  Églises; et la récompense de nos travaux se nomme la vie éternelle. Si de plus l'on entend; par ce pain quotidien ce que reçoivent les fidèles, ce qui vous sera donné après le baptême, nous avons encore raison de nous écrier : « Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien; » c’est demander la grâce de nous conduire de manière à n'être pas éloignés de cet autel.

11. « Et pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Il n'est point nécessaire d'expliquer que cette demande est en notre faveur. Nous demandons en effet qu'on nous remette nos dettes; car nous avons des dettes, non pas d'argent, mais de péchés. Et vous? demande peut-être ici quelqu'un. — Et nous aussi, répondons-nous. — Quoi! saints évêques, vous aussi vous avez des dettes? — Nous aussi nous avons des dettes. — Vous aussi? Mon Monseigneur, ne vous faites pas injure. — Je ne me fais pas injure, je dis la vérité; nous ayons des dettes. « Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous (1). » Et nous sommes baptisés, et nous avons des dettes. Ce n'est pas que le Baptême ait laissé en nous aucune faute à effacer, c'est que dans le cours de la vie nous commettons des fautes pour lesquelles il nous faut le pardon chaque jour. En sortant de ce monde après le baptême on n'a plus de dette, on va sans aucune dette. Mais lorsqu'ensuite ou demeure dans cette vie mortelle, la fragilité même porte à des fautes qu'on a besoin de rejeter, si toutefois elles ne causent pas le naufrage; et si on n'a pas soin de s'en débarrasser, elles se multiplient bientôt jusqu'à faire sombrer le navire. En demander le pardon, c'est donc préserver du naufrage. Il ne suffit même pas de prier, il faut aussi faire l'aumône. Pour décharger le vaisseau et échapper à la ruine, n'emploie-t-on pas en même temps et les mains et la voix! Ainsi nous employons la parole quand nous disons : « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Et nous employons nos mains lorsque nous accomplissons ce précepte : « Partage ton pain avec celui qui a faim, et reçois dans ta demeure l'indigent sans asile (2). — Enferme ton aumône

 

1. Jean, I, 8. — 2. Isaïe, LVIII, 7.

 

267

 

dans le coeur du pauvre, et elle priera pour toi le Seigneur (1). »

12. Quelles ne seraient pas nos angoisses, si après avoir obtenu la rémission de nos péchés dans le sacrement de la régénération, nous n'avions pas reçu la grâce de nous purifier chaque jour par une sainte prière? L'aumône et l'oraison nous purifient de nos fautes, si toutefois nous n'en commettons point qui nous condamnent à être privés du pain quotidien, si nous évitons les crimes auxquels sont sûrement réservés les derniers supplices. Ne vous prétendez pas justes; ne croyez pas être, dispensés de dire : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Tout en s'abstenant de l'idolâtrie, des pratiques de l'astrologie et des remèdes des enchanteurs; des séductions de l'hérésie et des divisions du schisme; de l'homicide, de l'adultère et de la fornication; du vol et de la rapine; du faux témoignage et des autres crimes que je ne nomme pas et dont les funestes effets vont jusqu'à faire éloigner de l'autel et lier à la fois sur la terre et dans le ciel, ce qui est fort dangereux, ce qui perd irrémédiablement, à moins qu'on ne soit absous en même temps sur la terre et dans le ciel; en évitant donc tous ces péchés, on ne laisse pas d'être exposé, à pécher encore.

On pèche en regardant avec plaisir ce qu'il faut ne pas voir. Mais qui peut maîtriser l'agilité du regard? Ne dit-on pas que c'est de là que l'oeil a pris son nom : oculus a velocitate ? Qui peut donc maîtriser l'ouïe ou la vue ? Il suffit de vouloir fermer les yeux, et ils se ferment; mais pour fermer les oreilles il faut des efforts et élever les mains jusqu'à elles. T'empêche-t-on d'y porter la main ? elles demeurent ouvertes et tu rie saurais les fermer aux paroles médisantes, impures, adulatoires et trompeuses. Or entendre, même sans le faire, ce qu'il ne faut pas, n'est-ce pas pécher, quand on écoute le mal avec plaisir? Que de fautes ne commet pas une mauvaise langue? Elles suffisent quelquefois pour éloigner de l'autel. C'est la langue qui est cause des blasphèmes; c'est elle qui dit une multitude de paroles vaines qui ne vont pas au but de la vie. Que la main s'abstienne du mal et que les pieds n'y courent pas ; que l'oeil ne se porte à aucune impureté; que l'oreille ne s'ouvre volontairement il aucune turpitude; que la langue ne profère rien d'indécent, mais qui peut comprimer ses

 

1. Eccli. XXIX, 15.

 

pensées? Très souvent, mes frères, nous pensons à autre chose dans la prière; on dirait que nous oublions devant qui nous sommes debout ou prosternés.

En amassant sur toi toutes ces fautes, si légères qu'elles soient, n'en seras-tu pas écrasé? Qu'importe d'être chargé de plomb ou de sable? Le plomb ne fait qu'une masse, le sable consiste dans des grains séparés, mais leur multitude accable. Tels sont les péchés légers. Ne vois-tu pas aussi que de petites gouttes d'eau suffisent pour gonfler les fleuves et entraîner les terres ? La légèreté est compensée par le nombre.

13. Disons donc chaque jour, disons du fond du coeur et en conformant nos oeuvres à nos paroles : « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » C'est une espèce d'engagement, c'est un pacte, un contrat que nous faisons avec Dieu. Pardonne et je pardonne, te dit le Seigneur ton Dieu. Tu ne pardonnes pas? C'est toi alors et non pas moi qui plaides contre toi-même.

Ah! mes très-chers enfants, je sais ce qui vous convient dans cette divine prière et principalement cet article : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés : » écoutez-moi donc. Vous allez recevoir le baptême; pardonnez tout : que chacun pardonne de tout son coeur ce qu'il y ressent contre qui que ce soit. Entrez avec ces dispositions dans l'eau sainte et soyez sûrs que vous y serez purifiés de tous les péchés que vous avez contractés, soit en naissant de vos parents selon la chair avec le péché originel, péché qui nous fait recourir avec les petits enfants à la grâce du Sauveur; soit en ajoutant à ce. premier péché des péchés de paroles, d'actions et de pensées; oui, tout vous sera remis; et vous sortirez.du bain sacré déchargés de toutes vos dettes, comme si le Seigneur en personne vous les avait remises.

14. Quant à ces péchés quotidiens, dont je vous ai déjà parlé et des quels il est nécessaire de vous purifier en disant chaque jour : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; » que ferez-vous? Vous avez des ennemis; qui peut en effet vivre ici bas sans avoir d'ennemi? Appliquez-vous à les aimer. Non, aucun ennemi ne peut te nuire en te haïssant, autant que tu te nuis à toi-même en ne l'aimant pas. Il peut nuire à ta campagne, à tes troupeaux, à.ta maison, à ton serviteur, à ta servante, à ton fils, à ton épouse, et tout au (268) plus, s'il est puissant, à ta vie. Peut-il comme toi nuire à ton âme ? Atteignez à cette vertu; mes chère amis, je vous y engage.

Mais puis-je vous en faire la grâce? Celui-là seul vous l'a faite à qui vous dites : « Que votre volonté s'accomplisse sur la terre comme au ciel. » Ne croyez pas cependant la chose impossible; je sais et je sais par moi-même qu'il est des chrétiens qui aiment leurs ennemis. Si néanmoins vous estimiez ce devoir au dessus de vos forces; vous ne l'accompliriez pas. Mais persuadez-vous d'abord qu'il est possible de l'accomplir; priez ensuite pour que la volonté divine s'exécute en vous. Que te sert d'ailleurs le mal de ton ennemi? Il ne serait pas ton ennemi s'il n'y avait point de mal en lui. Désire-lui du bien, qu'il n'y ait plus de mal en lui, et il cessera de t'être opposé.

Ce n'est pas en effet la nature humaine; c'est la faute qui dans sa personne est ton ennemie. Est-il ton ennemi pour avoir une âme et un corps? Il est ce que tu es tu as une âme, il en a une; un corps, ii en a un; il est de même nature que toi, formé de la même argile, animé du même souffle divin: Il est ce que tu es; regarde en lui ton frère. N'avons-nous pas les deux mêmes premiers parents, le même père et la même mère, Adam et Eve? Donc nous sommes frères. Mais laissons là cette première origine. Nous avons également Dieu pour père et l'Église pour mère; donc à ce titre encore nous sommes frères. — Mais mon ennemi est un païen, un Juif, un hérétique, un de ceux pour qui j'ai dit : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » — O Église, Église, ton ennemi est un païen, un Juif, un hérétique ; il est donc terre. Et toi, si tu es ciel, implore ton Père qui est dans les cieux, et prie pour tes ennemis. Saul était aussi un ennemi de l'Église, on pria pour lui de cette manière et il devint un ami: Non-seulement il cessa de la persécuter, il travailla encore à la soutenir. Enfin, si tu veux savoir la vérité, on pria contre lui; mais contre sa méchanceté, non pas contre sa nature. Prie aussi contre la méchanceté de ton ennemi: qu'elle meure et qu'il vive. Si lui-même venait à mourir tu serais son ennemi, mais tu n'aurais pas en lui d'ami; au lieu que si c'est sa méchanceté qui meurt, en perdant en lui un ennemi tu retrouves un ami.

16. Qui est capable de ce devoir, dites-vous encore, qui l'a accompli ? Ah ! que Dieu mette en vos coeurs ces dispositions. Je le sais, peu d'hommes y sont fidèles; il n'y a pour l'être que les caractères vraiment grands et spirituels. Doit-on regarder comme tels tous ceux qui dans l'Église s'approchent de l'autel, y reçoivent le corps et le sang du Christ? Si tous n'ont pas ces sentiments, tous disent néammoins « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Si Dieu leur répondait alors: Pourquoi me demandez-vous d'accomplir ce que j'ai promis, puisque vous n'accomplissez pas ce que j'ai prescrite Qu'ai-je promis? De pardonner vos péchés. Qu'ai-je prescrit ? Que vous pardonniez aussi à ceux qui vous ont offensés. Et comment pouvez-vous leur pardonner, si vous n'aimez vos ennemis! Qu'allons-nous devenir, mes frères? Le troupeau du Christ va-t-il être réduit à cet extrême petit nombre?

Si pour pouvoir dire : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, » il n'y a que ceux qui aiment leurs ennemis, que vais-je faire ? que vais-je dire? Vous dirai-je : Puisque vous n'aimez pas vos ennemis, ne priez pas? Dieu m'en garde, — je dirai plutôt: Priez afin d'obtenir de les aimer, Vous dirai-je au moins : Puisque vous n'aimez pas vos ennemis, omettez ces paroles de l'oraison dominicale: « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés? » Qui supposera que je parle ainsi ? En ne prononçant pas ces mots, vous n'êtes point pardonnés; et en les prononçant sans faire ce qu'ils disent, vous ne l'êtes pas non plus. Pour obtenir le pardon, il faut donc prononcer et faire.

16. Voici un motif de consolation que je puis offrir, non pas au petit nombre, mais à la multitude des chrétiens, et je sais combien vous désirez l'entendre. « Pardonnez afin qu'on vous pardonne, » a dit le Christ (1). Et vous, que dites-vous dans la prière que nous expliquons! « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Pardonnez-nous, Seigneur, comme nous pardonnons. C'est-à-dire: ô Père qui êtes aux cieux; pardonnez-nous nos péchés comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Voici en effet ce que vous devez faire, sous peine de vous perdre: pardonnez aussitôt que votre ennemi vous demande pardon. Est-ce encore trop pour vous ? C'était beaucoup pour toi

 

1. Luc, VI, 37.

 

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d'aimer ton ennemi quand il te maltraitait: est-ce trop encore d'aimer un homme qui te supplie? Que réponds-tu ? Il me faisait du mal. Tu le haïssais alors. J'aimerais mieux que tu ne l'eusses pas fait; j'aimerais mieux qu'au moment où tu étais en proie à ses fureurs, tu te fusses rappelé cette prière du Seigneur : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font (1). » Je désirerais donc bien vivement qu'à l'époque même où tu ressentais les coups de ton ennemi, tu eusses arrêté les yeux sur le Seigneur ton Dieu prononçant ces paroles.

Il a fait cela, diras-tu peut-être; mais c'est comme Dieu, comme Christ, comme Fils de Dieu, comme son Fils unique, comme Verbe fait chair. Moi au contraire, méchant et faible, de quoi suis-je capable? —  Il y a trop de disproportion entre ton Seigneur et toi ? Pense donc à cet homme qui fut, comme toi, son serviteur. On lapidait saint Etienne, et sous cette grêle de pierres il s'était agenouillé et priait pour ses ennemis. « Seigneur, disait-il, ne leur imputez point ce péché (2). » Ils lançaient des pierres, bien éloignés de demander pardon, et lui le sollicitait pour eux. Ressemble, efforce-toi de ressembler à cet homme. Pourquoi traîner toujours ton coeur sur la terre ? Elève, élève-le comme on te le dit; fais effort, aime tes ennemis. Si tu ne peux les aimer quand ils te frappent, aime-les au moins quand ils t'implorent. Aime l'infortuné qui te dit : J'ai mal fait, mou frère, pardonne-moi. En ne pardonnant pas alors, non-seulement tu effaces de ton coeur l'oraison dominicale, mais tu seras effacé du livre de Dieu.

17. Mais si tu pardonnes alors, si tu éloignes la haine, de ton coeur, tout en t'invitant à l'éloigner toujours, je ne demande pas que tu renonces à la justice. — Que faire, si je dois châtier cet homme qui implore ma clémence ? — Fais ce que tu voudras. N'aimes-tu pas ton fils, lors même que lit le punis? Parce que tu en veux faire ton héritier, tu t’inquiètes peu de ses larmes quand tu le frappes. Dépose donc tout ressentiment lorsque ton ennemi recourt à ton indulgence.

Il n'est pas sincère, il dissimule, dis-tu peut-être.  O juge du coeur d'autrui! Apprends-moi aussi les pensées de ton père; peux-tu me dire celles mêmes que tu avais hier ? Cet ennemi te conjure, il le demande pardon. Pardonne, oui, pardonne. En refusant, tu ne lui fais pas de mal,

 

1. Luc, XXIII, 34. — 2. Act. VII, 59.

 

mais à toi. Il sait en effet ce qu il a à faire. Serviteur toi-même, tu ne veux pas pardonner à celui qui est serviteur comme toi ; il ira vers votre commun Seigneur, et lui dira : Seigneur, j'ai prié mon compagnon de me pardonner, et il a refusé : pour vous, pardonnez-moi. Le Seigneur ne peut il remettre les offenses à son serviteur? Celui-ci reçoit donc le pardon et revient absous, tandis que tu demeures lié. Comment lié ? Bientôt il te faudra prier, il te faudra dire « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; » et le Seigneur te répondra : « Méchant serviteur, quand tu m'étais si redevable, tu m'as prié et je t'ai remis ta dette; ne fallait-il donc pas que tu prisses pitié de ton compagnon comme j’ai eu pitié de toi (1) » ? Ces paroles viennent de l'Evangile et non de moi.

Si au contraire tu accordes le pardon à qui te le demande, tu peux réciter la divine prière, et sans pouvoir aimer encore celui qui  te blesse tu peux dire néanmoins : « Pardonnes-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Achevons

18. « Et ne nous induisez pas en tentation. Pardonnez-nous, nos offenses comme nous, pardonnons à cour qui nous ont offensés; » voilà ce que nous disons en vue des péchés commis, quand il ne dépend plus de nous qu’ils ne le soient pas. Tu peux travailler à ne réitérer pas ce que tu as fait. Mais ne fais-tu pas aussi quelque chose pour effacer le mal commis ? Pour effacer ce mal voici un moyen ; « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, » Et pour éviter de retomber, quel moyen ? « Ne nous induisez pas en tentation, mais délivrez-nous du mal, c'est-à-dire de la tentation même.

19. Ainsi ces trois demandes : « Que votre nom soit sanctifié; que votre règne arrive ;  que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel, » concernent toute la vie de l'homme. Toujours en effet le nom du Seigneur doit être sanctifié en nous, nous devons être sous son empire et toujours nous devoirs faire sa volonté; ces devoirs sont éternels, Nous avons maintenant besoin du pain de chaque jour, et le reste de la prière, à partir de cet article, se rapporte aux nécessités de là vie présente. Nous avons dans cette vie besoin du pain de chaque jour ; besoin aussi qu'on nous pardonne nos péchés.

 

1. Matt. VIII, 3 , 33.

 

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Il ne sera plus dans l'autre, question d'offenses; ici on est tenté, ici on est exposé au naufrage, ici la faiblesse laisse pénétrer dans le navire ce qu'il en faut rejeter. Mais lorsque nous serons devenus égaux aux Anges de Dieu, à Dieu ne plaise que nous lui demandions pardon de nos fautes, puisqu'il n'y en aura plus! Ici donc le pain quotidien; ici le pardon de nos péchés; ici la victoire sur la tentation qui ne pénètre pas dans cet autre monde; ici encore la délivrance du mal, puisque là ne sera aucun mal, mais le bonheur éternel.

  

 

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