SERMON CVIII
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 Abbaye Saint Benoît de Port-Valais
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SERMON CVIII. RÉCOMPENSE ET MÉRITE (1).

 

ANALYSE. — Quoique toujours présent parmi nous, Jésus-Christ viendra récompenser les bons au dernier jour et pour leur accordes cette récompense, il demande qu'ils évitent le mal et fassent le bien. Que ne nous empressons-nous de mériter cette récompense, puisqu'ici tout nous échappe, puisqu'ici nous ne saurions trouver le bonheur? Peut-on dire qu'elle soit mise à des conditions trop difficiles?

 

1. Jésus-Christ Notre-Seigneur est venu parmi les hommes ; il les a quittés ensuite pour revenir vers eux. Déjà il était ici quand il y est venu, et en s'en allant il ne nous a pas quittés, puisqu'avant de revenir vers nous il nous a dit « Voici, je suis avec vous jusqu'à la consommation du siècle (2). » C'est dont en qualité de serviteur, tel qu'il s'est fait pour nous, qu'il est né dans le temps, qu'il a été mis à mort, qu'il est ressuscité, qu'il ne meurt plus, et que la mort n'aura plus d'empire sur lui (3); et c'est comme Dieu, comme étant égal à son Père, qu'il, était dans ce monde, que le monde a été fait par lui et que le monde ne l'a point connu (4).

Or à propos de ce dernier avènement, vous venez d'entendre comment il nous avertit, dans

 

1. Luc, XII, 35-36. — 2. Matt. XXVIII, 20. — 3. Rom. VI, 9. — 4. Jean, I, 10.

 

l'Évangile; d'être sur nos gardes, de nous tenir toujours prêts et disposés à nos derniers moments, afin qu'a ces derniers moments, redoutables au point de vue de ce siècle; succède un repos sans fin. Heureux quiconque y sera admis! Alors seront sans crainte ceux qui craignent maintenant, et ceux qui ne tremblent pas aujourd'hui trembleront alors. C'est dans cette vue dernière et dans cette espérance que nous sommes devenus chrétiens. Notre espoir en effet n'est-il pas en dehors de ce siècle? N'aimons pas ce siècle ; de l'amour de ce siècle nous avons été appelés à aimer et à espérer un autre monde.

Nous devons ici nous abstenir de tout désir coupable, c'est-à-dire, noirs ceindre les reins; être remplis d'ardeur et de lumière pour faire (463) le bien; en d'autres termes, tenir nos lampes allumées; car le Seigneur lui-même dit expressément dans une autre endroit de l'Évangile « Quand on allume un flambeau, on ne le met pas sous un boisseau, mais sur un chandelier, afin qu'il éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » Et pour faire comprendre sa pensée, il ajoute : « Que votre lumière luise devant les hommes, de façon qu'ils voient vos bonnes oeuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux (1). »

2. C'est dans ce sens qu'il nous commande d'avoir les reins ceints et les flambeaux allumés. Que signifient les reins ceints? « Évite le mal. » Que signifie luire, avoir des flambeaux allumés ? Cela veut dire : « Et fais le bien. » Comment entendre aussi ce qu'ajoute le Sauveur : « Et soyez semblables à des hommes qui attendent que leur Maître revienne des noces? » N'est-ce pas le même sens que dans les paroles suivantes du même psaume : « Cherche la paix et poursuis-la? » Ces trois idées, s'abstenir du mal, faire le bien et espérer l'éternelle récompense, sont rappelées dans ce passage des Actes des Apôtres où il est écrit que Paul enseignait « la continence, la justice et l'espoir de l'éternelle vie (2). » La continence est dans ces mots : « Ayez les reins ceints; » la justice dans ceux-ci « Et les lampes allumées; » l'attente du Seigneur se confond avec l'espoir de la vie éternelle. Ainsi donc s'abstenir du mal, c'est pratiquer la continence et avoir les reins toujours ceints ; faire le bien, c'est accomplir la justice et tenir ses lampes allumées; chercher la paix et la poursuivre, c'est attendre le siècle à venir, c'est être semblable aux hommes qui attendent que leur Maître revienne des noces.

3. Comment donc, après avoir reçu de tels avertissements et de telles promesses, cherchons nous encore sur la terre ces jours heureux que nous ne saurions y trouver? Car, je le sais, vous les cherchez, soit quand vous êtes malades, soit quand vous è tes sous le, poids .des afflictions qui sont si multipliées en ce monde. Quand l'âge est sur son déclin, ne voit-on pas le vieillard privé de toute jouissance et rempli de chagrins? Il est vrai, pourtant au milieu des souffrances qui accablent l'humanité, les hommes ne demandent que des jours heureux; ils cherchent constamment, sans pouvoir y parvenir, à allonger leur vie. Qu'est-ce en effet que la vie la plus longue,

 

1. Matt. V,16, 16. — 2. Act, XXIV, 26.

 

comparée à l'étendue des siècles? N'est-elle pas aussi petite qu'une goutte d'eau dans l'Océan? Ah! qu'est-ce donc que la vie, que la vie, vie même que l'on dit longue ? On l'appelle longue, quoiqu'en face des siècles elle soit si courte, et, comme je l'ai déjà observé, elle est remplie de gémissements jusqu'à la suprême vieillesse. Dans son ensemble même, elle est donc très-peu de chose. Avec quelle ardeur, néanmoins, ne la recherche-t-on pas? A quelle activité, à quel labeur, à quels soins, à quelle vigilance, à quels travaux ne se dévoue-t-on pas pour vivre ici longtemps et parvenir.à la vieillesse? Et pourtant qu'est-ce qu'une vie longue, sinon une longue course vers la mort? Tu étais hier et tu veux être demain ; mais lorsque ce demain sera passé, un jour de moins encore. Quoi! tu appelles le lever de l'aurore pour approcher du terme où tu ne veux pas aboutir? Tu donnes une fête à tes amis, tu les entends alors te souhaiter une longue vie et tu souhaites l'accomplissement de leurs voeux. Ainsi tu veux que les années succèdent aux années, et tu ne veux pas que la dernière arrive? Voilà des désirs contradictoires, c'est vouloir marcher sans vouloir arriver.

4. Mais, comme je l'ai dit encore, si l'on est si empressé de se consacrer chaque jour à de rudes et continuels travaux pour mourir un peu plus tard, avec quelle sollicitude ne devrait-on pas travailler à ne mourir jamais? Personne toutefois n'y veut songer. On cherche ici, sans relâche, des jours heureux qu'on n'y trouve pas; et l'on ne veut pas vivre de façon à parvenir au lieu où on les trouve !

L'Écriture a donc raison de s'écrier : « Quel « est l'homme qui veut vivre et qui aime à avoir des jours heureux? » Elle sait en adressant cette question, ce qui y sera répondu; elle sait que tous les hommes cherchent à vivre et à vivre heureux. Elle leur demande donc ce qu'ils désirent, elle entend en quelque sorte tous les coeurs lui répondre : C'est moi; et c'est dans ce dessein qu'elle s'écrie : « Quel est l'homme qui veut vivre et qui aime à avoir des jours heureux ? » C'est ainsi que dans ce moment même où je vous parle, où vous m'entendez répéter: « Quel est l'homme qui veut vivre et qui aime à voir des jours heureux? » vous me répondez tous dans votre coeur : C'est moi. Moi qui vous parle, j'aime aussi la vie et des jours heureux; ce que vous cherchez, je le cherche comme vous.

5. Si nous avions tous besoin d'or, si je (464) voulais en trouver avec vous; s'il y en avait dans l'une de vos terres, dans un lieu qui vous appartint; si je vous y voyais fouiller et que je vous demandasse : Que cherchez-vous ? Vous me répondriez : De l'or. Je vous dirais de mon côté Vous cherchez de l'or; j'en cherche comme vous; mais vous ne cherchez pas où nous en pourrons trouver. Apprenez donc de moi où il s'en rencontre. Je ne veux pas vous le ravir, mais vous montrer l'endroit où il est; ou plutôt, suivons tous Celui qui sait où se trouve ce que nous cherchons. Ainsi en est-il aujourd'hui: Vous êtes désireux de vivre et d'avoir des jours heureux; nous ne pouvons vous détourner de ce désir, mais nous vous disons : Ne cherchez pas dans ce monde cette vie ni ces jours heureux, car les jours n'y être sauraient heureux et la vie même n'y ressemble-t-elle pas à la mort? Ces jours passent en courant; aujourd'hui fait disparaître hier, et demain ne paraîtra que pour faire disparaître aujourd'hui; ils ne s'arrêtent pas, et conduit par eux tu voudrais t'arrêter? Ah! je suis loin de comprimer, j'enflamme plutôt en vous le désir de la vie et des jours heureux. Oui, cherchez la vie et des jours heureux; mais cherchez-les où ils se trouvent.

6. Voulez-vous prendre avec moi conseil de Celui qui sait où se rencontrent et cette vie en ces jours heureux? Écoutez, non, pas moi, mais lui avec moi. Il nous est dit par quelqu'un : « Venez mes enfants, écoutez-moi. » Courons et arrêtons-nous, prêtons l'oreille et comprenons le langage du Père qui nous dit : « Venez, mes enfants, écoutez-moi. Je vous enseignerai la crainte du Seigneur, » ajoute-t-il. Voilà donc ce qu'il veut nous apprendre. —Mais à quoi sert cette crainte? Le voici dans les paroles qui suivent : « Quel est l'homme qui veut vivre et qui aime à avoir des jours heureux? » Nous répondons tous : C'est nous. Écoutons alors ce qui vient ensuite : « Préserve ta langue du mal, et tes lèvres de toute parole artificieuse. » Ici encore réponds : Je le veux. Quand je disais tout à l'heure : « Quel est l'homme qui veut vivre et qui aime à voir des jours heureux? » nous répondions tous : C'est moi. Qu'ici donc on me réponde aussi : C'est moi. A ces mots : « Préserve ta langue du mal, et  tes lèvres, de toute parole artificieuse, » réponds donc également : Je le veux. Quoi! tu veux la vie et des jours heureux, et tu refuses de préserver ta langue du mal et tes lèvres des paroles frauduleuses? Vif pour la récompense, tu es si lent pour le travail ! Qui donc, sans travailler, obtient une récompense? Plut à Dieu que chez toi l'ouvrier fut toujours récompensé 1 Je sais que tu ne donnes rien à qui ne travaille pas. Pourquoi? Parce que tu ne lui dois rien, Dieu aussi nous offre une récompense. Laquelle? « La vie et les jours heureux » après lesquels nous soupirons tous et que tous nous essayons de nous procurer. Après l'avoir promise, il accordera aussi cette récompense, la récompense de la vie et des jours heureux. Et en quoi consistent ces jours heureux? Dans une vie sans fin, dans un repos sans fatigue.

7. La récompense est grande; à quelles conditions la met-il ? Voyons-le, et pleins d'ardeur pour de telles promesses, préparons, pour lui obéir, toutes nos forces, et nos mains et nos bras. Va-t-il nous commander de porter des fardeaux énormes, de creuser la terre ou de dresser quelque puissante machine? Il n'ordonne rien de si laborieux; il te commande seulement de dompter le plus agile de tes membres : « Préserve, dit-il, ta langue du mal. » Il n'en coûte pas de bâtir une demeure, et il en coûte de retenir sa langue! « Préserve ta langue du mal; » évite le mensonge, évite les accusations, évite les calomnies, évite les faux témoignages, évite les blasphèmes: «Préserve ta langue du mal. » Considère comment tu te fâches quand on parle mal de toi. Eh bien! comme tu te fâches contre qui parle mal de toi,fâche-toi contre toi-même quand tu parles mal d'autrui. « Préserve tes lèvres de toute parole artificieuse. » Exprime simplement ce que tu as dans le cœur; qu'il n'y ait pas dans l'esprit autre chose que ce qui est sur la langue. « Evite le mal et pratique le bien. » Eh! comment dire à quelqu'un : Donne des vêtements à ce pauvre qui en manque, s'il cherche à dépouiller celui qui en a ? Comment recueillir un étranger, quand on tourmente un concitoyen ? L'ordre donc le demande : « Evite le mal, puis fais le bien; » ceins-toi les reins d'abord, puis allume ta lampe. Tu pourras alors attendre tranquillement « la vie et les jours heureux. Cherche « la paix et la poursuis (1); » et tu diras avec confiance au Seigneur : J'ai fait ce que vous m'avez commandé, accomplissez ce que vous m'avez promis.

 

1. Ps. XXXIII, 12-15.

 

 

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