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Inconséquence

Le Monde du 26 octobreLe Monde en fait sa Une ; les autres embrayent et se délectent, mais n'est-ce pas le cas depuis mai, des maladresses, des erreurs, des approximations et autres bisbilles de l(équipe en place. La droite en fait ses miel et fiel : quoi de plus normal c'est de bonne guerre.

Pour autant quelle inconséquence !

Que l'exécutif ait difficulté à trouver son rythme de croisière, que l'équipe ait encore difficulté à s'accorder, qu'oppositions et contradictions se fassent jour dans l'action, tout ceci est indéniable; regrettable peut-être, inévitable pourtant.

Que, chose inédite, à la fois le président, le premier ministre et une bonne partie du gouvernement soient des néophytes est une chose. On peut le saluer ou le regretter mais il me souvient qu'en mai on félicita plutôt Hollande de ne pas s'être contenté d'aller chercher les dinosaures de la période mitterrandienne ou les éléphants de la période jospinienne.

Mais on ne peut en même temps opiner vers une interdiction du cumul des mandats et s'offusquer que le personnel politique demain soit plus souvent nouveau. On ne peut s'offusquer de députés entamant leur sixième mandat et pointer en même temps leurs maladresses.

 

Le mot lui-même est malheureux qui ne laisse que trop percer les remugles de technocratie et de professionnalisme libéral qui ont envahi tous nos modèles : j'aime à me souvenir que les grecs tiraient au hasard leurs édiles, présumant que n'importe quel citoyen fût également capable de gérer les affaires de la cité pour peu qu'il fût épaulé par des spécialistes, élus, quant à eux c'est-à dire choisis. On cherche à éviter que le politique ne se constitue en classe voire en caste et donc ne se coupe de la base, mais en même temps on semble refuser de vouloir en payer le prix.

Platon avait choisi de confier le pouvoir à ceux qui n'en voulaient justement pas. Obligés, dès leur retour dans la caverne, à accomplir leur devoir, ils formeront vite une caste. A l'inverse le confier au peuple, c'est ne pas considérer la souveraineté comme une affaire de compétence ou d'expertise mais au contraire de devoir et d'engagement. Le héros républicain est un amateur, un philanthrope pas un cadre dirigeant.

Que veut-on à la fin ?

 


1) certes ce n'est pas la première fois qu'un Premier Ministre n'ait pas d'abord été ministre ou même seulement parlementaire (Debré en 58 n'avait, et pour cause, aucune expérience ministérielle ; Pompidou non plus en 62 et ni lui ni Barre en 76 n'étaient même parlementaires - ils le deviendront par la suite. Mais au dessus et en dessous deux demeurait un personnel politique qui avait déjà été aux affaires. Ce qui n'est pas le cas ici. Certes Giscard n'avait pas été Premier Ministre mais ministre de manière continue de 58 à 65 et 69 à 74 : certes Mitterrand n'avait plus été ministre depuis la IVe mais en face d'un Chirac qui avait déjà été ministre sous de Gaulle, puis Pompidou, puis deux fois Premier Ministre sous Giscard et Mitterrand il n'y a évidemment aucune comparaison possible. Sans même évoquer Sarkozy qui fut ministre sous la 2e cohabitation puis sous le second mandat de Chirac entre 2002 et 2007.