index précédent suivant

 

 

Europe : in, out ? Triste en tout cas !

J'avais en son temps consacré quelques pages après le référendum : je voudrais y revenir après cette énième journée de dupes qui a vu le parlement britannique rejeter pour la 3e fois le texte négocié avec Bruxelles donnant à l'aventure un air de fiasco politique et des allures de mauvaise pièce de boulevard.

Image détestable en tout cas de ce qu'on nous a toujours présenté comme le modèle par excellence de la démocratie parlementaire et qui s'offre le luxe désastreux d'une parodie de débat où plus personne ne comprend plus rien - les principaux protagonistes en premier semble-t-il ! Th May qui aura sans doute très mal joué la partie depuis le début, s'avère excédée aujourd'hui en constatant que les Communes avaient voté contre tout et son contraire, augurant qu'on en était arrivé ici au bout du processus. Il y aurait malhonnêteté à affirmer qu'elle n'est pas au moins en partie comptable de cet échec mais s'il est vrai qu'en menant au long de ces deux dernières années les négociations avec Bruxelles en mettant assez systématiquement le Parlement à l'écart voire devant le fait accompli alors qu'elle savait qu'il ne lui était plus acquis depuis les élections générales qu'elle avait provoquées et perdues, il est tout aussi vrai que la position des travaillistes n'a pas toujours été claire et que, de manière plus générale, la cause aura été mauvaise de bout en bout.

Assez amusant en tout cas que ce soit l'Irlande du Nord qui dans l'accord pose problème : les britanniques auront toujours été inconséquents sur le sujet tenant à la fois à l'Irlande du Nord mais ne l'intégrant jamais dans les décisions qu'ils prennent.

Assez triste d'observer qu'on est incapable de tirer les conséquences d'une telle impasse, du côté législatif, et qu'on fût incapable de l'anticiper, du côté de l'exécutif. Dans de tels cas, l'issue ne saurait être que le recours à des élections générales et/ou le changement de Premier Ministre. Je sais bien les réserves que les uns et les autres avancent qui redoutent des résultats aussi confus voire pires encore que les précédents, la démagogie des uns, les ambitions des autres … oui mais que vaut encore une démocratie qui commence à se méfier systématiquement du peuple dont pourtant elle tire sa légitimité ?

Assez déroutant de voir démentis les arguments traditionnellement avancés pour justifier le rôle de la royauté. De ne pas exercer le pouvoir et de se contenter ainsi de le symboliser, le monarque par sa popularité, populariserait le pouvoir évitant au régime les crises antiparlementaires que des républiques connaissent toutes un jour ou l'autre. Soit ! Mais le monarque impuissant, interdit de toute parole qui pût avoir un sens politique, contraint d'assister en spectateur à un désastre que sans doute il désapprouve, finira bien par apparaître pour ce qu'il est : une potiche inutile, onéreuse ; ridicule.

Assez calamiteux que l'Europe, au moment où elle aurait eu le plus besoin de projets mobilisateurs et d'ambitions collective se soit retrouvée comme encalminée par ces négociations sans fin … encore que ? J'attends encore le leader capable d'insuffler un peu de vie dans ce syndicat sclérosé de copropriétaires d'autant qu'à Budapest, Varsovie, Vienne et maintenant Rome rôdent d'inquiétants liberticides. J'imagine mal une Merckel en fin de carrière ou un Macron englué dans les rêves de sa propre grandeur, capables encore - ou déjà - de refaire ce que Mitterrand et Kohl ou avant eux de Gaulle et Adenauer firent.

 

l'Europe : un passé dont elle peine à faire abstraction

 

Amour et majesté vont difficilement ensemble. Le père et le souverain des dieux renonce à la gravité du sceptre; et celui dont un triple foudre arme la main, celui qui d'un mouvement de sa tête ébranle l'univers, prend la forme d'un taureau, se mêle aux troupeaux d'Agénor, et promène sur l'herbe fleurie l'orgueil de sa beauté. Sa blancheur égale celle de la neige que n'a point foulée le pied du voyageur, et que n'a point amollie l'humide et pluvieux Auster. Son col est droit et dégagé. Son fanon, à longs plis, pend avec grâce sur son sein. Ses cornes petites et polies imitent l'éclat des perles les plus pures; et l'on dirait qu'elles sont le riche ouvrage de l'art. Son front n'a rien de menaçant; ses yeux, rien de farouche; et son regard est doux et caressant. La fille d'Agénor l'admire. Il est si beau ! Il ne respire point les combats. Mais, malgré sa douceur, elle n'ose d'abord le toucher. Bientôt rassurée, elle s'approche et lui présente des fleurs. Le dieu jouit; il baise ses mains, et retient avec peine les transports dont il est enflammé.
Tantôt il joue et bondit sur l'émail des prairies; tantôt il se couche sur un sable doré, qui relève de son corps la blancheur éblouissante. Cependant Europe moins timide, porte sur sa poitrine une main douce et caressante. Elle pare ses cornes de guirlandes de fleurs. Ignorant que c'est un dieu, que c'est un amant qu'elle flatte, elle ose enfin se placer sur son dos.
Alors le dieu s'éloignant doucement de la terre, et se rapprochant des bords de la mer, bat d'un pied lent et trompeur la première onde du rivage; et bientôt, fendant les flots azurés, il emporte sa proie sur le vaste océan. Europe tremblante regarde le rivage qui fuit; elle attache une main aux cornes du taureau; elle appuie l'autre sur son dos; et sa robe légère flotte abandonnée à l'haleine des vents. Ovide Métamorphoses

J'aime assez que soit discutée l'origine du nom de ce qui n'est même pas un continent mais plutôt la péninsule de l'Asie : bien bornée à l'Ouest, l'Europe l'est beaucoup moins à l'Est. Tiré de deux termes phéniciens désignant les deux rives occidentales et orientales de la mer Égée (Ereb et Assou) ou, plus simplement selon Hésiode, Europe serait une des nymphes d'Océan et Téthys, ou encore princesse phénicienne.

On se plaît plutôt à y voir cette fille de roi, enlevée par Zeus métamorphosé en taureau. Le récit, assez court en est fait par Ovide : mais il faut l'avouer on y voit mal le rapport entre le mythe et la dénomination d'une aire géographique. Les frasques d'un Zeus jamais à court de métamorphoses pour se soustraire au regard vigilant de son épouse, la dilection pour les bovins ( ici c'est lui, mais ce fut Io qui se transforma en génisse ) le rôle pas toujours glorieux de la jeune fille qui se laisse assez facilement abuser , qui en tout cas disparaît de l'histoire sitôt l'affaire faite. J'y retiens néanmoins, pour Zeus, la puissance et la blancheur ; pour Europe, le regard à la fois nostalgique pour les rives qu'elle quitte et fasciné pour celles qu'elle aborde.

Faut-il y voir, ce qui demeure incontestablement sa marque ? Oui la puissance de son histoire, l'attractivité, la richesse surtout de sa culture ? La part importante qu'elle prit à la fécondation de l'histoire humaine ? en même temps que son hésitation - plus que son partage - d'entre Orient d'où elle est intégralement issue ( Athènes ; Jérusalem ; mais Babylone autant que la Thèbes égyptienne) et l'Occident où s'est joué son histoire ? C'est bien en Crète que naquirent les fils de cette union et Europe épousera le roi de Crète. Il suffit de regarder la carte pour comprendre : la Crète est très joliment à l'intersection de ces deux mondes. J'y vois un signe.

Il n'est pas un conflit, pas une animosité ; pas une crispation dans l'histoire récente ou violences, guerres voire exterminations dans l'histoire plus lointaine qui ne prît - d'ailleurs illusoirement - le prétexte d'une incompatibilité entre Est et Ouest. Le cauchemar des grandes invasions barbares ne s'est jamais totalement éteint ou, plus exactement, aura toujours été opportunément ravivé. Il n'est qu'à se souvenir de la grande hantise, au moment de l'effondrement du bloc de l'Est, devant une Allemagne réunifiée qu'on soupçonna alors de regarder plus à l'Est où se jouerait son avenir qu'à l'Ouest et l'Union Européenne. Le siège de Vienne en 1529 a laissé des traces et l'on persistera longtemps à voir plutôt le barbare surgir des frontières orientales : à l'idéologie près, le point commun de Londres, Paris et Berlin - même après 33 - fut quand même de considérer le russe comme une bête brute prompte à tout détruire sur son passage. Antisémitisme et anticommunisme allaient faire union morganatique terrifiante : nous en payons encore le prix qui se jauge autant à Budapest qu'à Varsovie ; à Vienne et désormais à Rome.

Ce qui fut vrai politiquement le demeure idéologiquement. Quand on regarde de près ne serait-ce que l'attitude constante du christianisme (en sa version catholique autant que protestante) à l'égard de ses origines juives ; quand on regarde comment la propagande nazie aura tenté d'exciper des origines germaniques de la civilisation indo-européenne tout en s'émerveillant à l'occasion des beaux corps olympiens on voit à la fois le fétichisme entretenu à la fois autour de la figure du barbare et des sources antiques tantôt niées tantôt exacerbées, on devine comment et combien l'Europe entretient des rapports troubles avec ses origines orientales.

Qu'il y entre une part de racisme ne fait pas l'ombre d'un doute : il n'est qu'à voir les crispations nettement plus virulentes quand il est question d'une crise migratoire provoquée par la guerre civile syrienne. Les préventions sont bien moins fortes quand il s'agit de populations issues de l'ex bloc de l'Est … Je gage qu'il y ait quelque chose de bien plus profond dont notre ethnocentrisme est la conséquence au moins indirect - qui a évidemment partie liée avec la prétention à l'universalité que l'Occident porte tant via sa philosophie et sa science que via son monothéisme.

L’Europe est romaine qui veut bien tout entendre pour autant que tous les chemins continuent de mener à Rome. L’Europe est romaine ce qui signifie qu'elle intègre bien tout ce qui vient à elle à condition de pouvoir l'assimiler, l'enterrer. Rome, on l'a écrit souvent, enterre ses sources ou les dilue dans les eaux du Tibre. Rome a toujours été catholique et ne peut endurer qu'un autre universalisme qui mesure sa place. L'Histoire plaide en sa faveur qui fut celle d'une domination parfois sans pitié, d'une hégémonie au moins politique, le plus souvent économique et idéologique à ce point tonitruante qu'on eût pu croire qu'il n'y eût pas d'autres cultures que la sienne. Le Nouveau Monde ne fut d'aucun apport qu'elle se chargea d'araser pour s'y mieux installer et quand bien même les Amériques semblent avoir pris le pas sur elle depuis 1918 ce fut tellement avec ses propres valeurs qu'en vérité ceci ne compte pour rien. L'histoire demeure européenne. L'Asie, chinois, japonais ou indien aura été au mieux ignoré ; continue à l'être en dépit de son poids économique grandissant.

Le poids de la division

Ce fut sa faiblesse au point qu'on fit parfois de division un synonyme d'Europe : il y aurait quelque désespérance à dresser carte des batailles européennes depuis la chute de Rome ! Celle depuis 1870 suffirait à comprendre. La géopolitique y contribue amplement. L'insularité du Royaume-Uni lui fit toujours préféré le grand large et tâcher que nul, sur le continent puisse lui faire de l'ombre. Elle combattra donc l'Allemagne quand elle se fera trop puissante ou la France pour les mêmes raisons. Semeuse de trouble, empêcheur de tourner en rond si l'on préfère.

Étonnante photo que celle-ci rassemblant, notamment, autour de Victoria - la grand-mère de l'Europe - Nicolas II et Guillaume II, Edouard VII. Tout ce joli petit monde se fera la guerre peut de temps après - preuve s'il en fut que politique et économie priment

Preuve péremptoire du primat des déterminants économiques sur tout lien familial - mais on s'en doutait. Ceux-là se toisaient, ne se détestaient pas vraiment mais s'étripèrent néanmoins.

Au moins faudra-t-il reconnaître à l'UE d'avoir tenu sa promesse de rendre impossible une guerre en Europe même si elle resta impuissante à arrêter les horreurs de la guerre en Yougoslavie. Que les anciens soient plus sensibles à ceci peut se comprendre : il n'en reste pas moins vrai qu'on n'avait jamais connu période aussi longue sans guerre sur le continent.

Ce qui manque à l'UE c'est une âme : quelque chose comme la puissance offerte d'un idéal -, ou d'une perspective politique à hauts enjeux. On ne s'enthousiasme pas pour une super-administration.

Sans doute n'est-elle pas seule responsable : l'hégémonie de l'idéologie libérale qui pousse à privilégier compétitivité et individualisme y est sans doute pour quelque chose. Mais les taux hallucinants d'abstention aux élections européennes comme nationales traduisent l'essentiel de la crise.

Deux textes de S Zweig

Zweig s'est à de multiples reprises exprimé au sujet de l'Europe lui qui s'était senti orphelin d'une Autriche cosmopolite et qui aura été l'expression de cette Europe ouverte dont il espère la résurrection dans de nouvelles institutions.

En dépit de l'agacement que peut encore susciter Zweig pour son acharnement à se proclamer apolitique dans les années trente - en réalité antipolitique - il y a néanmoins dans les différents textes qu'il a pu produire et les conférences qu'il a prononcés au moins deux notations qui méritent d'être relevées.

Un nationalisme inculqué très jeune en quoi il voit la cause de tous les maux - ce en quoi il n'a pas tort mais qui demeure sans doute moins vrai désormais même si certains comportements ici et là, à Vienne, Budapest, Varsovie ou Rome désormais, laissent à craindre que ses affres se font désormais de nouveau menaçants. Qu'il faille une solide éducation - voici idée convenue, juste en elle-même, mais de longue haleine.

En revanche, Zweig pointe bien que le mieux que l'on ait fait était de se donner des points de vue complémentaires - jamais supra-nationaux. On continue de regarder l'Europe du seuil de sa propre chaumière mais jamais l'on adopte de perspective globale, résolument européenne.

On a enseigné aux enfants l'amour de leur pays natal, un e conception que nous ne songeons pas à contredire, mais seulement à élargir en ajoutant à cet enseignement l'amour de leur patrie commune , l'Europe, et du monde entier, de l'humanité entière et une représentation de la notion de patrie placée sous le signe, non de sa relation d'hostilité, mais de son imbrication avec les patries étrangères. Mais cette conception que nous appelons de nos vœux, est contredite, dans toutes les nations, par une représentation de l'histoire enseignée dans chaque pays du même point de vue : celui qui considère que, de tout temps et en tout lieu, depuis des millénaires, l'adversaire historique donné est un ennemi coupable de la patrie injustement attaquée ; et qui fait que, dans les manuels, toutes les guerres sont décrites comme imposées avec violence par l'adversaire

Ce qui était vrai de nos enseignements et histoire demeure vrai de nos institutions. Toutes collectives qu'elles soient, elles sont peut-être internationales mais jamais supra-nationales et finalement peu européennes. Chacun y défend son territoire et ses intérêts. Personne n'y prend une position collective ; cherche seulement à rallier les autres à sa position. Désintoxication morale de l'Europe

L'Europe s'est imposée au fil des années comme un gros dispositif administratif et politique - de moins en moins maniable à mesure qu'il grossissait ; de plus en plus exigeant à mesure qu'on lui délégua de nouvelles prérogatives - qui finit par susciter plus de méfiances que d'espérances. Jamais véritablement il ne suscita un quelconque engouement et Bruxelles finit par devenir synonyme de l'éternel empêcheur de tourner en rond tellement intrusif dans les affaires de chacun que c'en fût devenu insupportable. Les réformes - notamment l'élection du Parlement au suffrage universel (1979) - n'y firent rien. Les taux d'abstention s'envolèrent et la méfiance s'incrusta.

L'autre notation concerne l'impuissance où l'UE demeure de susciter passion ou enthousiasme.

 

L'idée européenne n'est pas un sentiment premier, comme le sentiment patriotique, comme celui de l'appartenance à un peuple, elle n'est pas originelle et instinctive, mais elle naît de la réflexion, elle n'est pas le produit d'une passion spontanée, mais le fruit lentement mûri d'une pensée élevée. Il lui manque d'abord entièrement l'instinct enthousiaste qui anime le sentiment patriotique. L'égoïsme sacré du nationalisme restera toujours plus accessible à la moyenne des individu s que l'altruisme sacré du sentiment européen, parce qu 'il est toujours plus aisé de reconnaître ce qui vous appartient que de comprendre votre voisin avec respect et désintéressement. (…)
Si nous n'arrivons pas à susciter un tel enthousiasme pour notre idée par le bas, au fond du cœur et du sang des peuples, toutes nos formules resteront vaines, car jamais dans l'histoire le changement n'est venu de la seule sphère intellectuelle et de la simple réflexion. Nous devons donc avant tout donner de la visibilité et de la passion à notre idée, la faire passer de l'état d'idéologie à celui d'une organisation capable de militer pour sa diffusion et lui impri mer un caractère ostensible et non seulement logique. L'unification de l'Europe

Certaines des remarques ou propositions peuvent sembler naïves - elles le sont - ou convenues. Elles le semblèrent alors d'autant plus que l'Histoire était en train de rattraper tout le monde et que la question allait bientôt ne plus être celle du politique mais de la guerre. Le nazisme aura été le prototype même de l'idéologie face à quoi il était impossible de rester muet ; le régime nazi, de ce qu'il allait falloir combattre et pas seulement par les armes. Le prototype même de l'accident historique qui doit vous faire sortir des chemins convenus et tracés. Prendre parti ne pouvait pas se contenter de quelques prises de position et conférences prononcées ici ou là. Or même ceci Zweig ne le fit pas qui voulut demeurer sur ses hauteurs et ne prononça aucun terme qui pût sembler critique ouverte du nazisme. Qui conseilla même plutôt la discrétion et quelque chose comme une résurrection intérieure …

Ce n'est pas la force des armes , mais celle de l'esprit qui a toujours fait notre force : ce n'est pas d'avoir bataillé à mort avec d'autres peuples et d'autres tribus en des temps mythiques , ce n'est pas cela qui a donné au peuple juif une mission particulière dans le monde , mais c'est d'avoir créé la Bible , les lois, les chants des prophètes, et c'est son œuvre la plus haute , son œuvre éternelle, l'idée d'un Dieu invisible . C'est le principe contemplatif , le grand renoncement et la concentration exclusive sur la sphère intérieure qui a toujours fait la vraie force de cette race, depuis les Sages de la Bible jusqu'à Spinoza et aux savants d'aujourd 'hui. Ce n'est pas l'inquiétude juive, la terrible impatience nerveuse et ce désir de réussite rapide, source de tant d'hostilité à notre endroit, qui constitue la forme vraie et juste de notre attitude dans la vie, mais c'est précisément la sérénité à laquelle sont parvenus nos grands philosophes et les innombrables maîtres tranquilles et saints de communautés anonymes en menant une vie totalement soumise au principe éthique. Allocution

 

Il est indéniable que les nationalismes de tout poil et le nazisme en premier surent mettre en scène cet enthousiasme - et parfois même le susciter. Il est indéniable, comme le suggérait S Haffner, que si Hitler était mort en 36 ou 37, il figurerait parmi les grands hommes de l'Allemagne moderne et pour un véritable bienfaiteur. C'est dire ! Il est indéniable que l'appel à la raison face à l'irrationnel pur, mais déjà face aux passions, fait partie intégrante des parcours obligés mais des ponts-aux-ânes de la pensée morale et politique.

La question n'est pas ici de fustiger l'aveuglement de Zweig - c'est un autre problème - ni même sa position anti-politique. Elle fait partie de notre histoire. Elle montre seulement ce moment si particulier où les menées, initiatives ou événements - pas encore historiques mais déjà politiques - viennent fracasser nos réflexions apparemment les mieux assises pour les ranger au magasin des accessoires.

Ce que j'entends des débats, ce qui se fut avancé durant la campagne du référendum, laisse à croire que le seuil conventionnel et supportable d'irrationalité a été dépassé ; que, pour le moins, la situation cesse d'être contrôlée.

Inquiétant pour l'avenir d'autant que sur le continent les balises idéologiques ont elles aussi été tellement bouleversées et les repères politiques tant bafoués que tout, du virage à droite, est désormais devenu possible jusqu'aux extrêmes les plus insultants.

Et la montée des périls environnementaux, liés bientôt par une crise économique ou financière, ne va pas dans le sens d'un avenir rassurant.

Rappels documentaires

Rappelons néanmoins

 

Trois documents

De Gaulle le 13 janvier 63

De Gaulle le 27 novembre 67

 

Mendès France : discours à la chambre le 18 janvier 1957

 

Un rappel sur l'enthousiasme toujours possible des foules et son esthétisation ( Léni Riefenstahl) :

 

Der Sieg des Glaubens

Le triomphe de la Volonté (extrait)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


1) Documents - Divorce - Faute politique et plus récemment sur la crise de légitimité