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Massacres

J'espérais, sans y croire véritablement, n'avoir pas à y revenir après Janvier ...

Et puis vendredi !

Et puis, toujours, les mêmes sottises !

D'inonder ses profils de drapeaux tricolores ; de proclamer péremptoire Je suis Paris ! ou pire encore de reproduire un supposé article du NY Times, dithyrambique pour notre pays - juste assez niais pour figurer dans les annales des Bisounours !

Je persiste et je signe : que soit initialement le temps de l'émotion, je le conçois et n'y trouve rien à redire. Mais après ? Que ne vienne pas, et surtout pas dans la presse, le temps de l'analyse, est déjà inquiétant. Mais après ? Que ne vienne jamais le temps de l'action est suffisamment déprimant.

Dix mois ! à peine dix mois depuis cette vague humaine impressionnante. Et depuis, rien, rien d'autre qu'un soufflé qui retombe sur sa déprime ordinaire.

Rien d'autre que ce peuple qui se proclame exemplaire dans son courage et sa résistance et qui s'apprête demain à voter à plus de 30% pour le FN !

Le courage serait ailleurs.

Le monde qui vient est inquiétant, assurément, qui nous place en face de nous-mêmes : de la guerre que le monde nous mène désormais, lui que nous avons tant saccagé à celle que nous nous menons à nous-mêmes, nous qui avons tant désappris l'homme et la liberté, il y a de quoi se désoler pour ces violences inéluctables qui se dressent devant nous et que nous laissâmes monter par paresse, négligence et forfanterie.

La liberté, si scientifiquement dégradée par nos experts et nos convoitises nous aura fait renoncer à presque tout ce qui fit notre gloire : démocratie égarée dans la gestion performante ; droit social éreinté par les assauts imbéciles mais si efficaces d'une déréglementation entêtée ; humanisme bientôt rangé au magasin des accessoires idéologiques ...

L'analyse n'est pas fausse qui voit dans ces massacres ceux d'une jeunesse moderne, d'une façon de vivre, désordonnée, confuse, sans doute, mais libre, hédoniste et ouverte. Soit ! mais qu'avons-nous laissé en legs à cette jeunesse ? Pas même le bagage culturel, pas même la boussole intellectuelle ; pas même la connaissance qui lui permette d'aller au delà de l'émotion.

Cette société décidément ne sait plus que s'émouvoir ! Se mouvoir, non pas ; non pas encore.