Palimpsestes

SPINOZA (1632-1677)
Ethique, III

L’âme pâtit en tant qu’elle a des idées inadéquates
DEFINITIONS:
1) J’appelle cause adéquate celle dont on peut apercevoir l’effet clairement et distinctement par elle-même; j’appelle cause inadéquate ou partielle, celle dont on ne peut connaître l’effet par elle seule.
2) Je dis que nous sommes actifs, quand en nous ou hors de nous, quelque chose se fait dont nous sommes la cause adéquate, c’est-à-dire quand, en nous ou hors de nous, il suit de notre nature quelque chose qui se peut par elle seule connaître clairement et distinctement. Au contraire je dis que nous sommes passifs quand il se fait en nous quelque chose ou qu’il suit de notre nature, quelque chose dont nous ne sommes la cause que partiellement.
3) J’entends par Affections les affections du corps par lesquelles la puissance d’agir de ce corps est accrue ou diminuée, secondée ou réduite, et en même temps les idées de ces affections.

Quand nous pouvons être la cause adéquate de quelqu’une de ces affections, j’entends donc par affection, action; dans les autres cas, une passion.

 

SpinozaProposition II: Nous pâtissons en tant que nous sommes une partie de la Nature, qui ne peut se concevoir par soi sans les autres parties.


Démonstration: Nous sommes dits passifs quand quelque chose se produit en nous de quoi nous ne sommes la cause que partiellement c’est-à-dire quelque chose qui ne peut être déduit des seules lois de notre nature. Nous pâtissons donc en tant que nous sommes une partie de la nature qui ne peut se concevoir par soi sans les autres parties CQFD.

Proposition III: Une affection qui est une passion cesse d’être une passion sitôt que nous nous en formons une idée claire et distincte.
Démonstration: Une affection qui est une passion est une idée confuse. Si donc nous formons de cette affection une idée claire et distincte, il n’y aura entre cette idée et l’affection elle-même, en tant qu’elle se rapporte à l’âme seule, qu’une distinction de raison, et ainsi l’affection cessera d’être une passion.
[...]
Proposition IV: Il est impossible que l’homme ne soit pas une partie de la nature et ne puisse éprouver d’autres changements que ceux qui se peuvent connaître par sa seule nature et dont il est cause adéquate
Corollaire: Il suit de là que l’homme est toujours soumis aux passions, suit l’ordre commun de la Nature et lui obéit, et s’y adapte autant que la nature des choses l’exige.

 


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