De l'être

Métaphysique, z, I

 

AristoteL’Etre se prend en de multiples sens: en un sens, il signifie ce qu’est la chose, la substance, et en un autre sens, il signifie une qualité ou une quantité, ou l’un des autres prédicats de cette sorte. Mais entre toutes ces acceptions de l’être, il est clair que l’être au sens premier est le “ce qu’est la chose”, notion qui n’exprime rien d’autre que la substance (…) En effet quand nous exprimons ce qu’est la chose, nous ne disons pas qu’elle est blanche ou chaude, ni qu’elle a trois coudées, mais qu’elle est un homme ou un dieu. Les autres choses ne sont appelées des êtres que parce qu’elles sont ou des quantités de l’être proprement dit, ou des qualités, ou des affections de cet être, ou quelque autre détermination de ce genre. Ainsi pourrait-on se demander si le se promener, le se bien porter, le être assis sont des êtres ou ne sont pas des êtres (…) car aucun de ces états n’a par lui-même naturellement une existence propre, ni ne peut être séparé de la substance, mais s’il y a quelque être, c’est bien plut^t ce qui se promène qui est un être, ce qui est assis, ce qui se porte bien. Et ces dernières choses apparaissent davantage des êtres, parce qu’il y a, sous chacune d’elles, un sujet réel et déterminé: ce qui se manifeste dans une telle catégorie, car le bon ou l’assis ne sont jamais dits sans lui. Il est donc évident que c’est par le moyen de cette catégorie que chacune des autres catégories existe.