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Entretien

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François Hollande a donné un entretien exclusif au Monde vendredi 7 septembre. Le chef de l'Etat dit comprendre l'impatience des Français mais justifie sa démarche. Extraits.

Sur la comparaison avec son prédécesseur, Nicolas Sarkozy

"Nicolas Sarkozy a été rejeté par les Français, mais il a laissé entre eux et le pouvoir exécutif une relation passionnelle. Il a imposé l'habitude d'une réactivité maximale, ancré l'idée du "je parle, donc je gouverne", du "j'annonce, donc je décide". Je dois revenir sur tout cela, réhabituer les Français à ce qu'ils aient un premier ministre à part entière après ces années où François Fillon a pris la posture d'être toujours "de côté", les réhabituer à ce que le Parlement soit considéré, à ce que le gouvernement soit valorisé", souligne M. Hollande.

Sur l'impatience des Français, les critiques sur l'attentisme de l'exécutif

"Dans cette période marquée par la montée des prix, les plans sociaux et la hausse du chômage, la chronologie des Français ne correspond pas à celle de l'action gouvernementale", indique le président.

"Je continue de penser que j'ai eu raison de faire prévaloir une démarche de concertation plutôt qu'une accumulation de décisions heureuses ou malheureuses.", explique M. Hollande en concédant que "l'urgence est telle", qu'il était nécessaire d'"accélérer".

Sur le modèle François Mitterrand

"C'était une présidence altière et rare. On n'est plus dans cette époque. On n'est plus dans le septennat, mais on ne sait pas encore ce qu'est vraiment le quinquennat : celui de Chirac a été anormal compte tenu des circonstances de sa réélection, celui de Sarkozy a été excessif compte tenu de la façon dont le pouvoir a été exercé. Au fond, il me revient de façonner une conception nouvelle de la présidence de la République", estime M. Hollande

Sur la "nouvelle conception" de la présidence défendue par M. Hollande

"Ça n'est pas simple. Si je suis lointain, on dit: "Il est hautain." Si je suis réactif, on dit: "Il fait du Sarkozy." Si je prône le compromis, on dit: "Il est hésitant." Et quand je suis à l'étranger, on dit: "Mais il ne s'occupe pas de nous!" Je ne veux pas être comme le bouchon au fil de l'eau: changer, passer d'un état à un autre. Il faut de la constance. Un style, cela s'imprime au fur et à mesure."

A propos du "Hollande bashing", la multiplication de critiques dans la presse

"[Les magazines]qui sont de droite ne vont pas dire du bien de la gauche, ceux qui sont de gauche veulent montrer qu'ils sont indépendants, et tous ont avant tout un bon sens commercial", répond le président.

Sur les ratés de son gouvernement et de certains ministres

"La plupart découvrent ce que c'est que d'être ministre. Il faut qu'ils apprennent à ne plus commenter à tout bout de champ hors de leurs domaines de compétence", dit M. Hollande.