palimpseste Chroniques

L’inquiétante solitude du président
Novembre 2012
F Fressoz

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Plus le gouvernement cafouille, plus l'opposition se radicalise. C'est à la fois logique et inquiétant. La bataille parlementaire ne suffit plus au président sortant de l'UMP, Jean-François Copé, qui appelle désormais les électeurs de droite à manifester contre le gouvernement, sans désigner un projet en particulier.

C'est un rejet global, comme si une nouvelle fois perçait le procès en illégitimité que la droite instruit contre la gauche à intervalles réguliers. L'ennui est que cette radicalisation intervient au moment où le pays se retrouve au pied du mur, obligé, sous la double tutelle des marchés et de l'Allemagne, de mener à marche forcée les réformes qu'il a longtemps différées.

A y regarder de près, ce que fait le gouvernement Ayrault en matière budgétaire n'est pas fondamentalement différent de ce qu'avait entrepris le gouvernement Fillon deux ans plus tôt : moins de dépenses d'un côté, plus d'impôts de l'autre pour tenter d'assainir la situation budgétaire. Il n'y a plus le choix.

Connaissant le respect mutuel que se portent les deux hommes, on se dit qu'il devrait exister une voie possible de sauvetage du modèle français, pourvu que s'instaure au lieu des anathèmes une saine confrontation. Exactement comme en Allemagne dont on ne cesse de vanter ces derniers temps la capacité qu'elle a eue de prendre collectivement le taureau par les cornes au tournant des années 2000. Mais en France c'est apparemment illusoire ! Le pays est trop déchiré, trop morcelé et de plus en plus fébrile.

Dans les difficultés que rencontre aujourd'hui l'équipe Hollande, la principale découle directement des conditions étriquées de la victoire : le président de la République a été élu à une très courte majorité dans un pays électrisé par une campagne qui fut à la fois dure et clivante.

La compétition qui s'est ouverte dès l'été au sein de l'UMP a rendu illusoires les tentatives faites par François Hollande pour apaiser le pays. La possibilité de l'ouverture au centre a été d'emblée manquée par le refus de tendre la main au président du MoDem, François Bayrou. Pour réformer, le président de la République ne peut compter que sur l'appui de troupes socialistes pas franchement homogènes et d'alliés écologistes à la fidélité incertaine.

Sa base est très étroite pour mener un programme de redressement et c'est cette étroitesse qui fondamentalement explique les difficultés qu'éprouve le chef de l'Etat à construire un discours de rassemblement. Ceci dit, son gouvernement dispose de la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Même impopulaire, il a les moyens d'engager sur cinq ans ce qu'il croit bon pour le pays. La seule condition est qu'il le décide.