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Défiance

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La cote de confiance de Jean-Marc Ayrault recule de 7 points, seuls 34 % des Français faisant confiance au premier ministre, selon le baromètre de novembre de TNS Sofres-Sopra group pour Le Figaro Magazine. François Hollande perd, lui, 5 points, seuls 36 % des Français lui faisant confiance. C'est, dans le sixième mois suivant sa nomination, le niveau le plus bas atteint par un premier ministre depuis Alain Juppé en 1995 (33 % de confiance), à l'exception notable d'Edith Cresson (30 %).

Interrogé par Le Monde.fr, le directeur général de l'institut de sondage, Edouard Lecerf, explique que cette baisse de la cote du chef du gouvernement s'est opérée de manière progressive dans des catégories différentes.

Constatez-vous un réel décrochage de M. Ayrault dans votre baromètre ?

Oui, il y a désormais une défiance des Français à son égard. Une fracture est apparue dans l'opinion publique. Jean-Marc Ayrault a démarré assez bas par rapport aux anciens premiers ministres, avec une cote de confiance de 50 %, en juin, au moment de son entrée en fonction. Après avoir atteint le taux de 54 % un mois après, il s'est maintenu jusqu'en septembre à 51 %, avant de chuter depuis deux mois pour atteindre aujourd'hui 34 % de confiance (voir l'évolution de sa cote page 7 du PDF).

Quelles sont les catégories dans lesquelles le premier ministre chute le plus ?

Il n'y a plus qu'une catégorie où Jean-Marc Ayrault se trouve en équilibre : celle des cadres et des professions intellectuelles, chez qui il garde 45 % de taux de confiance. Depuis deux mois, on assiste à un décrochage progressif du premier ministre dans des catégories différentes. Un premier vrai décrochage a été constaté il y a deux mois chez les ouvriers, puis chez les employés le mois dernier et il touche aujourd'hui les professions intermédiaires. C'est un effet successif intéressant à noter. Comme si la perception de la crise gagnait les catégories supérieures petit à petit.

Comment expliquer ce recul ?

Au moment de son entrée en fonction, l'opinion était relativement tiède. Il n'y avait pas d'enthousiasme très important en période de crise. Et petit à petit, la perception de l'opinion s'est dégradée avec la séquence des plans sociaux, puis celle des annonces des mauvais chiffres du chômage. La dernière séquence, celle des "couacs", a renvoyé des signaux négatifs sur la cohérence entre ministres, la clarté du discours, la gouvernance... On observe d'ailleurs une cohérence entre MM. Ayrault et Hollande, qui se trouvent ensemble dans la même vision de défiance de l'opinion à leur égard.

Pour améliorer sa cote de confiance, M. Ayrault doit maintenir sur la durée une cohérence dans la prise de parole gouvernementale. Il doit aussi donner des signaux positifs dans différents domaines, notamment ceux de l'emploi, du pouvoir d'achat et de la santé. Mais comme l'opinion est dans une attitude de défiance, il est compliqué pour le gouvernement d'être audible sur des sujets pouvant améliorer son image. Pour gagner un point dans l'opinion, le premier ministre doit fournir actuellement deux fois plus d'effort qu'au début.

Alexandre Lemarié