Elysées 2012

Ultimes sondages

Il nous a présenté sa candidature ? .Il aurait pu nous présenter ses excuses...
Mitterrand en 81 à propos de la candidature de Giscard d'Estaing

Des quatre enquêtes publiées avant l'interdiction de le faire vendredi soir il ressort que toutes donnent Hollande gagnant autour de 43% et Sarkozy perdant avec un score allant de 46,5 à 47,5% .

En face l'affirmation réitérée de Sarkozy selon quoi il peut encore gagner, même de justesse et qu'il sent monter une mobilisation sans exemple. En face la sourde inquiétude dans le camp socialiste, à la fois préparé à une victoire annoncée et pourtant, en même temps l'impuissance à s'en réjouir comme si un retournement de dernière minute pouvait encore survenir.

Rappelons ici encore que c'est là l'effet du traumatisme de 2002 qui continue : effectivement seuls les ultimes sondages non publiés avaient permis de repérer que Le Pen passait devant Jospin mais leurs scores étaient tellement proches qu'ils se situaient en tout état de cause dans la marge d'erreur.

Il en va différemment cette année :

- aucune enquête depuis Mai 2011 n'a donné Sarkozy vainqueur. S'il était clair pour tout le monde que les scores parfois vertigineux donnés jusqu'en décembre n'étaient pas crédibles, néanmoins l'écart entre les deux a toujours été important. Assez en tout cas pour ne pas être surpris de la remontée de Sarkozy dans les enquêtes depuis deux mois qui donnent des résultats plus crédibles ; assez surtout pour que les marges d'erreurs n'inversent pas les résultats

- si l'on regarde les résultats du 1e tour avec les pronostics des sondages on se rend compte qu'ils étaient tous corrects, pour les deux premiers en ce sens qu'ils entraient dans la marge d'erreur. Hollande était donné autour de 27 - seul BVA le donnait encore à 30 : il fit 28,63. Sarkozy lui était donné entre 26 et 28 ; il fit 27,18. Et seul Opinionway le donnait devant Hollande.

- ici encore c'est Opinionway qui accorde le meilleur résultat à Sarkozy : 47,5% mais cela fait encore 5 points d'écart.

Nul doute, en tout cas, comme en 2002, que si Sarkozy devait l'emporter, ce serait immédiatement le procès des sondages qui recommencerait. On peut néanmoins remarquer qu'en général les enquêtes de 1e tour ne se trompent pas tellement sur les deux premiers ; plus sur les deux suivants ; qu'elles ont toujours du mal à apprécier, d'un côté le vote FN ; de l'autre le taux d'abstention.

Nul doute enfin que la prolifération des sondages aura renforcé encore le désarroi devant cette élection qui à la fois semblait courue d'avance et n'offrir pas beaucoup d'espoirs. Mais qui, en même temps, n'a pas pour autant provoqué d'abstention forte ce qui est une bonne surprise.

Ainsi si surprise il devait y avoir ce soir elle ne devrait pas tellement se jouer sur le nom du vainqueur que sur l'écart entre les deux : sera-t-il très étroit ou au contraire plus important que prévu ? alors oui ce serait une surprise et elle aurait indéniablement un sens politique fort.

Je maintiens en tout cas ce qui ressort des précédentes élections : au-delà de 52% pour un primo-candidat ce serait une élection confortable. Le seul exemple à ce jour d'un sortant battu (1974) n'aura donné que 51,76% à Mitterrand et donc trois points et demi d'écart avec Giscard : c'est à l'aune de ce précédent qu'il faudra évaluer les résultats de ce soir. Les enquêtes donnent toutes un écart entre 4 et 5 points. C'est beaucoup ; sans doute beaucoup trop. Les mobilisations de dernière minute en général de changent pas grand chose parce qu'elle profite aux deux camps.

De ce point de vue, on peut dire que la victoire de Sarkozy équivaudrait à un plantage total des sondages . Qu'un écart réduit équivaudrait à un plantage partiel.

 

 


1)

TNS

Opinionway

IFOP

IPSOS

2) Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) Le Monde du 5 Mai

Quelle est la part des électeurs qui se décident au dernier moment ?

Cette partie de l'électorat qui dit se décider dans les derniers instants a beaucoup augmenté depuis les années 1980. En 1988, elle était de 10 %. En 2007, elle est montée à 22 %. Cela fait donc deux électeurs sur dix. Les comportements électoraux sont moins encastrés dans des fidélités sociales, culturelles, politiques. Il y a plus de volatilité qu'auparavant.

Est-il possible d'estimer le taux de renouvellement des électeurs entre le premier et le second tour ?

Si, d'aventure, la participation est la même au second tour qu'au premier, il est sûr que ce ne seront pas exactement les mêmes électeurs. Il y a des électeurs qui ne vont pas voter parce que leur candidat n'est plus là. Il y en a, au contraire, qui se sont abstenus au premier tour mais sont attirés par l'intensité du combat bipolaire au second tour, qui les convainc de se rendre aux urnes. Si le taux de renouvellement des électeurs est de 5 % entre les deux tours, cela fait quand même 1,5 million de personnes. Ce ne sont pas des mouvements statistiquement marginaux.

Peut-on, dès lors, nourrir l'idée d'un possible retournement de situation ?

En cas de rapport de force très serré, oui, bien sûr. Une mobilisation différentielle d'un camp par rapport à l'autre peut avoir un effet. En 1974, lorsque Valéry Giscard d'Estaing a été élu avec moins de 500 000 voix d'écart, cela a probablement joué.

Qu'en est-il aujourd'hui ?

Le rapport de force, selon les derniers sondages, reste plutôt déséquilibré, avec un François Hollande qui obtient entre 52 % et 53,5 % des intentions de vote. On semble se situer dans une élection qui ressemble plus à celles de 1988 ou 2007 qu'à celle de 1974. Par ailleurs, le plus souvent, lorsqu'il y a un sursaut de mobilisation entre les deux tours, il bénéficie aux deux camps dans des proportions à peu près égales.

Quel est le profil des indécis ?

Ils sont plus jeunes que la moyenne des électeurs, moins intéressés à la politique, aussi. C'est une population moyennement ou faiblement diplômée, qui souvent ne se reconnaît pas dans l'opposition droite-gauche et adopte une position plutôt centrale.