Elysées 2012

Leçons de l'histoire

leçons du passé leçons politiques leçons de communication

 

Depuis près de 50 ans, les élections se font au SU et celle-ci est donc la neuvième depuis la réélection triomphale de de Gaulle. C'est assez pour que de cette longue série on puisse tirer quelques enseignements.

- sauf à deux exceptions près (69 et 2002) la gauche est toujours présente au deuxième tour et, à moins d'être intellectuellement malhonnête, on peut toujours regretter ici ou là la permanence du clivage gauche/droite que d'aucuns estimes dépassé, mais on ne peut pas pour autant ne pas y voir l'effet inévitable du mode de scrutin à deux tours qui produit cette bipolarisation.

- sauf cas exceptionnels, les résultats sont toujours serrés. Il ne le sont pas, précisément, chaque fois que la gauche est absente du second tour. On peut considérer à ce titre que au delà de 52% on a affaire à un très bon score. Or - encore une fois mis à part les cas où la gauche était absente) ceci est arrivé quatre fois :

deux réélections - en 65 pour de Gaulle ; en 88 pour Mitterrand -

deux primo-élections : Chirac en 1995 et en 2007 pour Sarkozy.

- la fonction de Premier Ministre n'est pas un gage de réussite. A ce jour, seuls Pompidou (six années consécutives sous les deux mandats de de Gaulle) et J Chirac ( à deux reprises, la première fois au début de la présidence Giscard, et la seconde sous celle de Mitterrand en 1e cohabitation) ont occupé Matignon. Ni Giscard, qui fut longuement ministre sous de Gaulle et Pompidou ; ni Mitterrand qui n'avait plus été ministre depuis la IVE, ni Sarkozy qui fut ministre dans les gouvernements Balladur, Raffarin et de Villepin, n'occupèrent Matignon. On peut même constater qu'occuper Matignon au moment de sa candidature est un handicap : Chirac échoua en 88 ; Balladur en 95 ; Jospin, évidemment aussi.

- à ce jour Giscard est le seul candidat sortant à ne pas avoir été réélu (81) : la prime au sortant n'est donc pas une fatalité incontournable mais existe.

- hormis 65 qui était quand même un double cas particulier, non seulement à cause de la personnalité du fondateur de la Ve et parce que ce fut la première au SU, les premières élections ne se firent pas au terme normal du mandat. En 69, de Gaulle démissionne ; en 74, Pompidou meurt. 81 est donc la première présidentielle à se faire à échéance normale et donc avec des campagnes électorales plutôt longues.

- 88 et 95 et 2002 se firent à l'issue de cohabitation et donnent plus que les autres des résultats étonnants soit en terme de score soit en terme de participation.

- les élections sans sortant - mais il n'y en eut pas tant que cela (69 ; 95 et 2007) donnent plutôt des écarts plus importants que d'habitude

- ce mandat n'est que le second quinquennat ( septennat jusqu'en 2002) et le rééquilibrage des pouvoirs que ceci implique n'a pas encore déroulé toutes ses conséquences.

- la présidentielle est bien l'élection reine des institutions de la Ve : sauf accident la participation est y plutôt forte.

- les législatives qui suivirent les présidentielles ( 81 ; 88 ; 2002 et 2007) donnèrent toujours au nouvel élu la majorité nécessaire pour gouverner même si en 88 Mitterrand n'obtient pas, contrairement à 81, la majorité absolue au Palais Bourbon.

 

Que peut-on tirer de cela ?

Il n'est pas tout à fait anodin de dire que le PS a raté trois présidentielles successives (95 ; 2002 et 2007) : il serait plus exact de dire qu'en réalité il les a toutes perdues sauf Mitterrand. La victoire d'un candidat de gauche longtemps crue impossible par les institutions (23 ans de 58 à 81) est en tout cas nécessairement une rupture. Si Hollande devait l'emporter demain, ce ne serait, après tout que la seconde victoire depuis 58. Mais elle se ferait à peu près dans le même contexte politique : le rejet du sortant. Et ce n'est sans doute pas un hasard si Hollande ne cesse de faire le parallèle entre les deux élections.

Dans ce contexte si particulier où la droite flirte de manière très visible avec les thèmes de l'extrême-droite au point de susciter le rejet de Bayrou, tout score qui irait au delà de 52% signifierait le rejet de cette stratégie extrême-droitière et pourrait représenter un message politique clair. Tout score de Hollande en deçà de 52% signifierait à l'inverse la puissance montante de cette droitisation extrême dans l'électorat, aussi menaçante que fut grave le score de Le Pen le 22 avril.

Leçons de la campagne

 


1) on trouvera ici un récapitulatif des élections depuis 1965