Elysées 2012

Deux discours

Comme il est de tradition le vainqueur s'adresse à la TV à ses électeurs puis plus glogalement à l'ensemble des électeurs ; le vaincu faisant meilleure bonne figure possible qui remercie ses électeurs et souhaite bonne chance sinon à son concurrent en tout cas à la France.

Originalité de cette année : Les discours auront été tout particulièrement long pour l'un comme pour l'autre. Hollande un peu plus d'un quart d'heure à Tulle et encore une fois 6 minutes place de la Bastille ; Sarkozy un peu plus de 9 minutes ; quand un Mitterrand se sera contenté d'une petite déclaration de trois minutes en 81. Règles de la communication moderne ? simple nécessité de remplir les tuyaux à images ?

On a souligné ici et là la dignité républicaine de Sarkozy ; effectivement. On aurait pu tout aussi bien souligner cette terminaison sur l'amour de la France, de la Nation et, plus généralement sur l'émotion qui aura d'ailleurs été la marque de ses derniers meetings. Il y a toujours quelque chose d'émouvant dans les fins et de douloureux quand elles se soldent par une défaite. Le départ de Giscard fut désastreux et son au revoir plutôt ridicule ; la fin de Mitterrand fut pathétique et furieusement désagréable. On sent chez lui le désir ardent de finir correctement et, surtout, mieux que ce qu'il avait commencé; Et assurément les cérémonies du 8 Mai, aux images si soigneusement préparées, n'ont d'autre but que de renvoyer, après les driatibes obligées de la campagne, à l'unité de la République ; d'une République qui se veut mature et apaisée. Fini le temps d'un de Gaulle disparaissant à la sauvette en 69, ou d'un de Boissieu démissionnant de la grande Chancellerie de la Légion d'Honneur en 81 pour ne pas avoir à remettre le collier à Mitterrand.

Hollande quant à lui aura comme de juste insisté à la fois sur le rassemblement, la jeunesse et le changement. On l'aura vu surtout ne pas parvenir à quitter Tulle comme s'il sentait qu'une période définitivement s'achevait zt pour cet homme d'attachement évidemment ce devait être en même temps un déchirement et une joie. Puis, plus tard dans la soirée la Bastille. Là, il se sera répandu en d'infinis mercis et aura, référence à 81 oblige, tenté de renouer le fil avec Mitterrand. Il avait déclaré au Bourget vouloir renouer le fil du récit républicain ... on sent bien que d'abord c'est avec le récit de la gauche qu'il entendait renouer : nous avions affaire encore avec un candidat victorieux ... pas encore avec le président.

M'avait frappé en son temps le tant de choses à faire, tant de choses à dire aussi du Mitterrand de 81 qui ouvrait un champ immense après 23 ans et appelait en même temps le jugement de l'histoire. Là, honnêtement rien sinon l'émotion. C'est peut-être cela aussi l'émotion voulue, la normalité proclamée.