Il y a un siècle....
précédent suite

Impressions

Lors d'une précédente halte je m'étais étonné à la fois de l'uniformité, de l'immobilité des espaces européens en même temps que du complexe vis-à-vis de l'Orient . [1]

De parcourir depuis quelques mois tant les prémices de la guerre que le déroulement de cette dernière, quelques réflexions, quelques surprises aussi viennent s'y ajouter.

En voici la première

Le piège de la théorie

Comment ne pas penser à ce que disait Arendt lors de son entretien plusieurs fois cité ici à la ZDF en 1962 et où, à propos du processus de mise au pas initié par les nazis dès leur arrivée au pouvoir, elle ne peut que constater combien ce furent finalement moins les classes populaires qui s'y soumirent que les intellectuels qui, pris au piège de leurs propres théories, indique-t-elle, et en tout cas pas du tout en raison de la terreur exercée, élaborèrent des constructions théoriques qui leur firent y croire.

Le même piège qui fit espérer les leaders de la droite allemande, qu'avec un peu d'habileté, il serait facile de surveiller et insidieusement de paralyser Hitler dans ce cabinet de 33 où, après tout, les nazis étaient fort peu nombreux ! Le même piège qui fit les juifs allemands ne pas quitter l'Allemagne quand il était encore temps, arguant que les diatribes antisémites, certes plus violentes que celles à quoi ils étaient habitués, étaient tellement outrancières et irrationnelles qu'elles ne pouvaient être que l'effet de la démesure rhétorique d'un bateleur populiste et ne pourraient en tout état de cause jamais être mises en oeuvre.

Le même piège encore qui les fit espérer que, trop allemands, rien ni personne ne pourrait jamais remettre en question leur place dans la société allemande qu'ils avaient conquis de haute lutte et que leur engagement durant la 1e guerre mondiale attestait avec vigueur.

Le même piège enfin qui fit nombre d'alliés, mais dans un premier temps les juifs eux-mêmes, ne pas croire en la réalité du génocide tant il semblait impensable, irréaliste.

C'est ce même piège de la théorie que je retrouve en 1914 plusieurs fois décliné :

- chez les politiques, d'abord, qui, ayant une parfaite conscience de ce qu'une guerre moderne, avec la masse des hommes mobilisés et l'efficacité des armes modernes, serait tellement destructrice et irait tellement à l'encontre des intérêts économiques, que nul ne prendrait le risque de la déclencher. Les attendus du raisonnement sont exacts, la conséquence évidemment, non ! C'est pourtant au nom de ce type de raisonnement que même un Jaurès déploya toutes les séductions possibles à l'endroit des radicaux et des milieux d'affaire en tentant de les convaincre qu'une guerre irait incontestablement à l'encontre de leurs intérêts. Mais tenta aussi de convaincre les siens que la grève contre la guerre était la seule solution pour l'éviter. Que les intérêts, à court et moyen terme, du prolétariat fussent de s'insurger contre la guerre, est évident ; que ce fût même l'illustration péremptoire de la nécessité d'une action internationale, aussi. Mais ce fut toute l'ambiguïté et l'impuissance des résolutions de Bâle, toutes sincères et unanimes qu'elles fussent, que de l'intérêt objectif du prolétariat, on pût déduire sans faille sa mobilisation internationale et le dépassement de tout patriotisme.

- chez les militaires ensuite qui avaient tous, du côté allemand comme français, anticipé que pour les mêmes raisons une guerre ne pouvait qu'être courte et que donc elle le serait. La masse des moyens mobilisés - tant matériels qu'humains - et leur redoutable efficacité du fait de la modernisation des armes et de l'apparition de nouvelles les conduisit à penser que prolongée, une guerre ne pourrait qu'épuiser les protagonistes, ruiner les économies et conduire au délitement complet de la société. La guerre ne pouvait pas se prolonger : elle serait donc courte. Toutes les stratégies élaborées, des deux côtés, s'inspirèrent de ce raisonnement : d'où l'offensive à outrance du côté français et le plan Schliffen du côté allemand. Pris au piège de leur raisonnement ils conclurent tautologiquement du elle ne doit pas au elle ne sera pas longue, de la nécessité à la réalité, négligeant au passage que de telles mécaniques complexes ne pouvaient pas ne pas se dérégler et ouvrir le champ au contingent, à l'imprévisible, à l'indéterminable.

- chez les populations, enfin, ce qui explique non pas l'insouciance de cet été 14 - on y lisait suffisamment la presse pour savoir que, des alliances respectives faisaient encourir le risque d'un engrenage et que les crises répétées dans les Balkans après les convoitises coloniales allemandes en Afrique du Nord révélaient les ambitions du Reich allemand - que l'incrédulité : le raisonnement, si c'en était un - n'était-ce pas plutôt sous les allures fallacieuses du bon sens étayé par le discours officiel, l'expression paresseuse du lieu commun ? - consistait ici encore à conclure l'inanité du danger de l'exorbitance du péril.

C'est peut-être ce qu'il y a de plus troublant dans l'affaire qui ne tient pas tant à un positivisme désuet ou naïf qu'à une conception finalement très utilitaire, technicienne de la théorie. C'est qu'il y a un gouffre entre le rationalisme à la Hegel (tout ce qui est réel est rationnel, tout ce qui est rationnel est réel) et cette approche instrumentale de la théorie. Telle que l'avait entendue Bachelard cela signifiait qu'effectivement la démarche scientifique allait non pas du fait à la théorie mais en réalité toujours plutôt d'une représentation théorique à une autre en passant par le fait. Ne jamais oublier que nos approches ne sont jamais que des représentations, c'est-à-dire d'abord des extrapolations et des modèles qui de toute manière portent la marque de leur temps, de ce qui a un moment se sait ou se croit savoir, revient à dire que la rationalité d'une théorie est une condition nécessaire mais certainement pas suffisante pour qu'on en puisse conclure en sa nécessaire réalité. Autrement dit, ce n'est pas parce que tout dans le réel est déterminé, que tout pour autant est déterminable - ce qui est encore plus vrai pour les phénomènes sociaux où s'enchevêtrent d'inextricables chaînes de raisons.

Tout ce qui peut faire l'inanité, la vanité des prévisions de nos experts tient à ceci : une extrapolation sans nuance du théorique au réel ; de la nécessité au fait. Et qui, plus que les militaires quand ils se targuent de penser la guerre, peut être vu comme un technicien. Non que les stratèges fussent inutiles : il est parfaitement logique - c'est après tout le jeu logique de l'essai et de l'erreur - que l'on tente de tirer du passé des leçons qui permettent d'anticiper l'avenir. Mais ils oublient qu'en la matière il ne saurait être question d'expérimentation ; seulement d'expérience. Mais ils oublient que si un scientifique a pour objectif de proposer une représentation cohérente du monde, qui ne sera tenue pour vraie qu'autant que vérifiée et prouvée, celle-ci ne le restera que tant qu'elle ne sera pas réfutée par une autre, plus pertinente ; qu'elle ne saurait par définition tout vérifier ou anticiper tant demeure métaphysique par essence, toute interprétation qui s'appuierait sur un déterminisme absolu [2] Entre en jeu ici toute l'illusion du technicien qui ne cherche pas tant à produire de la connaissance qu'un effet efficace et pour qui toute théorie n'est jamais qu'un moyen, pour y parvenir mieux. Toute l'illusion finalement très empiriste qui consiste à s'imaginer que la réalité demeure l'horizon indépassable de ce qui se peut penser, négligeant plus ou moins consciemment qu'elle n'est que la face visible d'un réel infiniment plus complexe que le peu qu'il donne à voir. Toujours le même glissement du constat à l'impératif : ce que j'observe et analyse est, donc ce doit être. C'est le même mécanisme à l'oeuvre dans toutes les idéologies qui se prétendent ne pas en être, de ces représentations qui se targuent d'être seulement des constats réalistes. [3]

Que s'y ajoutent des passions est vraisemblable : on désirerait tant que ce ne soit que cela !

Je ne puis oublier ces vers célèbres - ce récit plein de bruit et de fureur raconté par un idiot [4] C'est celui de l'histoire, c'est le nôtre ! D'où tenons-nous, sinon d'un fabuleux pari, que le réel soit connaissable ? soit rationnel ? D'où tenons-nous, sinon de nos présomptions ou de nos paresses, qu'il ne soit que cela ?

On ne peut certes penser l' irrationnel avec les outils de la logique et rien n'est plus malaisé et pénible que de tenter de cerner ce qui, précisément, toujours échappe et fuit. Il y va peut-être de cet absurde que seule la métaphysique brave encore et qui colle à notre peau comme autant de signes d'humanité. Il le faut pourtant.

Les militaires se sont trompés : ils ont oublié qu'ils raisonnaient avec les schémas mentaux de la guerre précédente et idéologiques d'une Europe sûre d'elle et de sa prééminence. Ils n'ont pas vu que a guerre de masse qu'ils allaient entreprendre, évidente vu le nombre de soldats appelés dès les premiers jours de la guerre, allait produire une rupture de charge, un changement de registre qui allait les faire sortir des guerres d'état-major à quoi ils étaient accoutumés pour les faire entrer dans une guerre des peuples dont aucune société n'allait sortir indemne ni aucun régime politique d'ailleurs. Ils l'avaient entrevu mais furent incapable de le penser.

Jaurès s'est trompé : il a cru que l'attachement au socialisme était suffisant pour dépasser le cadre étroit de la Nation, celui étriqué de la Patrie alors qu'aucun schéma idéologique n'avait préparé le citoyen à braver l'angoisse de la lâcheté ou le risque de la désertion. Si, objectivement, la classe ouvrière avait sans doute intérêt à faire la grève de la guerre, subjectivement elle ne pouvait pas tenir pour nuls les acquis de la République ni pour inconsistants les signes de l'impérialisme germanique que 40 années de discours revanchards lui avaient appris à détester. Que rien ne fût prêt ni préparé d'ailleurs pour garantir que cette grève fût autre chose qu'un doux rêve de quelques anarchistes chevronnés et prît de l'ampleur n'allait rien arranger. Mais oui, l'irruption incontestable en Août sinon d'une ferveur patriotique en tout cas d'un consentement à ce qui parut dès lors inéluctable, allait bien être ce petit grain de sable irrationnel, ou émotif, qui gripperait toute la savante dialectique.

Il suffit de voir comment 70 ans de construction européenne furent incapables de donner consistance à ce volapük, encore moins de lui conférer une identité à quoi se rattacher, et pas du tout d'émotion à lui consacrer, pour deviner que si l'internationalisme était une nécessité politique à ériger en face d'un capitalisme qui avait, lui, depuis longtemps dépassé les frontières, il n'en demeurait pas moins une sourde abstraction en tout cas rien qui pût faire se mouvoir les âmes.

Un grain de sable qui viendrait gripper la machine ? Non l'irruption brutale dans l'histoire de l'indéterminable, de l'impensable ; de l'impensé.

Je ne peux pas ne pas ne pas songer ici à cette remarque que R Aron fit en son temps à propos de V Giscard d'Estaing : esprit brillant, reconnut-il, quel dommage qu'il ne sache pas que l'histoire est tragique.

Cette question me hante, deux fois au moins !

- Avec des Nietzsche, un peu, des Heidegger surtout, comment ne pas prendre en pleine figure l'affront d'une pensée rationnelle qui ne prémunirait même pas contre les pires dérives ? Le rêve de Kant s'est transformé en cauchemar.

- Avec cette approche si sottement mais si aisément utilitaire qui, au fond, a toujours menacé la pensée, qui l'instrumentalise ce qui à la fois menace la sincérité de toute recherche mais débouche en plus sur des pratiques impuissantes.

Catastrophe du côté de la pensée, calamité du côté de l'action !

Il ne m'échappe pas que la vertu du politique consiste précisément à s'insurger contre le cours des choses, contre ce qui se présente toujours comme nécessaire ou, pire encore, le cours naturel des choses. Jaurès est dans son rôle en tentant jusqu'au bout de ses forces de combattre l'inéluctable ; qu'il y crût ou non, même en ses dernières heures dramatiques, qu'importe au fond, il ne pouvait pas faire autrement que de le laisser accroire. En revanche, que les partis socialistes, réunis à Bâle, se furent contentés d'une généreuse proclamation sans pour autant rien anticiper qui pût lui donner consistance et force d'opposition à l'égard des pouvoirs en place, c'était manifestement faire preuve de pusillanimité et de légèreté coupable.

Il ne m'échappe pas plus, ce que Clausewitz avait déjà écrit, combien la guerre est une inéluctable montée aux extrêmes, d'autant plus délicate à concevoir et à mener qu'elle se subordonne invariablement tous les moyens matériels, humains et sociaux à sa disposition pour la réalisation d'objectifs qui ne sont même pas toujours bien définis. Elle est, par définition, ce qui se maîtrise mal, ce que l'on sait débuter mais jamais vraiment finir.

Ce qui m'échappe en revanche, c'est qu'on puisse à ce point manquer d'humilité et de prudence pour estimer ainsi détenir LA réponse. Que les techniciens se servent de la pensée plutôt que ne la servent, soit, après tout ils sont dans leur rôle ; mais qu'il n'y ait, à ces moments tragiques de l'histoire, personne pour leur rappeler que leurs théories ne sont jamais que des représentations qui comme toutes les autres portent la marque de leur temps, de leurs préjugés, de leurs désirs, oui, cela m'échappe et m'inquiète.

On dit parfois, souvent, tellement souvent, que le philosophe n'est pas armé pour le pouvoir : trop dubitatif, trop impuissant ou au contraire trop dogmatique pour ne pas être dangereux finalement. Je veux bien mais comment à l'inverse ne pas s'inquiéter de cette mise au pas de la pensée que suppose toute technique ? Le goût forcené de l'efficacité passe toujours par la certitude boursouflée avant de s'achever dans l'impuissance.

Alors quoi ? Faudrait-il que les philosophes s'entremissent avec les techniciens ? plutôt qu'avec les politiques ? Je vois en tout cas que chaque fois que les politiques s'y soumettent, chaque fois qu'ils renoncent à proposer un projet alternatif pour se conformer à des recettes à eux suggérés par les experts, ils assassinent l'égalité autant que la liberté et courbent la tête devant les maîtres du moment ! Guillaume II perdit rapidement la main devant le duo infernal Hindenburg-Luddendorf ; en écartant Viviani à Bordeaux, Joffre faillit atteindre le même résultat : en tout cas tant qu'il fut seul, il put savourer les délices de l'offensive à tout prix qui fit des journées de Septembre 14 les plus meurtrières de la guerre ! Mais après tout je ne sache pas qu'une théorie scientifique eût jamais povoqué ou guerre ou génocide ! [5]

Je déroule subitement devant moi les enjeux de ces pièges de la pensée et comprends qu'il n'est pas suffisant de dire qu'elle peut être dangereuse ; encore faudrait-il écrire qu'il l'est tout autant - presque plus - de ne pas penser du tout. Pas suffisant de concevoir que la question est métaphysique même s'il semble bien que l'être toujours se dérobe devant la pensée. Je sais les totalitarismes mais je sais en même temps combien plus comminatoire encore est le renoncement de la pensée devant le diktat du fait. C'est exactement à cet emplacement, où s'entremêlent pesanteur et grâce, que se jouent nos destins d'homme.

1914 ce fut peut-être encore l'époque de l'innocence en tout cas de cet effronterie prométhéenne qui fit croire que tout était encore possible. Mais 2014 est époque de peur qui fait renoncer à tout et surtout à penser et se méfier de l'autre - ce qui n'est guère mieux mais certainement pas sans rapport. Je ne crois pas que ce piège-ci vaille mieux que celui-là.

Oui, c'est vrai, penser est difficile et vous fait courtiser les gouffres ; mais abdiquer sans cesse devant les arguties ripolinées du pragmatisme revient à se vautrer devant une autre totalité bien plus délétère encore.

La première prudence est de ne pas considérer le passé en se croyant plus malin et sagace que lui.

La seconde de n'oublier jamais que si le pire n'est jamais certain, il n'en demeure pas moins le plus probable.


1) après la première halte faite ici

2) relire sur ce point Bachelard :

En somme, tout déterminisme est partiel, particulier, régional. Il est saisi à un point de vue spécial, dans un ordre de grandeur désigné, dans des limites explicitement ou tacitement fixées.

3) c'est l'analyse que fit en son temps F Brune dans le Monde Diplomatique à propos de l'idéologie libérale

4) Mac Beth V,5

Elle aurait du attendre pour mourir ;
Le moment serait toujours venu de prononcer ces mots.
Demain, et puis demain, et puis demain,
Glissent à petits pas d’un jour à l’autre
Jusqu’à la dernière syllabe du registre des temps ;
Et tous nos hiers n’ont fait qu’éclairer pour des fous
La route de la mort poussiéreuse. Eteins-toi, éteins-toi, brève chandelle !
La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et s’agite une heure sur la scène
Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien.

5) Cioran, Précis de décomposition

Jamais esprit hésitant, atteint d'hamlétisme ne fut pernicieux : le principe du mal réside dans la tension de la volonté, dans l'inaptitude au quiétisme, dans la mégalomanie prométhéenne d'une race qui crève d'idéal, qui éclate sous ses convictions et qui, pour s'être complu à bafouer le doute et la paresse - vices plus nobles que toutes ses vertus - s'est engagée dans une voie de perdition, dans l'histoire, dans ce mélange indécent de banalité et d'apocalypse... Les certitudes y abondent : supprimez-les, supprimez surtout leurs conséquences : vous reconstituez le Paradis.

ou encore

François Jacob, Le Jeu des possibles, Avant-propos, pp. 11-12, Éd.  Fayard, 1982

Rien n'est aussi dangereux que la certitude d'avoir raison.  Rien ne cause autant de destruction que l'obsession d'une vérité considérée comme absolue.  Tous les crimes de l'histoire sont des conséquences de quelque fanatisme.  Tous les massacres ont été accomplis par vertu, au nom de la religion vraie, du nationalisme légitime, de la politique idoine, de l'idéologie juste ; bref au nom du combat contre la vérité de l'autre, du combat contre Satan.  Cette froideur et cette objectivité qu'on reproche si souvent aux scientifiques, peut-être conviennent-elles mieux que la fièvre et la subjectivité pour traiter certaines affaires humaines.  Car ce ne sont pas les idées de la science qui engendrent les passions.  Ce sont les passions qui utilisent la science pour soutenir leur cause.  La science ne conduit pas au racisme et à la haine.  C'est la haine qui en appelle à la science pour justifier son racisme.  On peut reprocher à certains scientifiques la fougue qu'ils apportent parfois à défendre leurs idées.  Mais aucun génocide n'a encore été perpétré pour faire triompher une théorie scientifique.  A la fin de ce XXe siècle il devrait être clair pour chacun qu'aucun système n'expliquera le monde dans tous ses aspects et tous ses détails.  Avoir contribué à casser l'idée d'une une vérité intangible et éternelle n'est peut-être pas l'un des moindres titres de gloire de la démarche scientifique