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Une série inspirée par une série d'articles du Monde : Les religions ne meurent jamais

Agacé parfois, étonné souvent, qu'on puisse être à ce point négligent quand il s'agit de l'usage des mots comme si en forcer l'usage ou se contenter de l'à-peu près pouvait faciliter le dialogue ou la compréhension de l'autre quand ceci ne traduit le plus souvent que la pauvreté de la pensée et/ou une étonnante paresse intellectuelle.

De quoi parle-t-on lorsque l'on parle de religion ? de foi ? de croyances ? de simples rituels qui scandent la vie sociale et marquent votre appartenance ? d'institutions plus ou moins liées au pouvoir qui en scandent l'existence ?

Trop de questions ; trop de directions différentes. Tenter pourtant de les esquisser.

 

Religion ? Préambule Croyance                  

 

Croyance, foi, idéologie …

Ces termes ne disent pas exactement la même chose et portent les présupposés qui les ont fait choisir. La croyance, qu'on le veuille ou non, fait opposition à certitude, savoir rigoureux et sent bon son scientisme du XIXe. Au même titre qu'idéologie qui, par delà Destutt de Tracy, renvoie depuis Marx, au poids social et économique d'une classe développant son propre système de pensée pour asseoir sa domination. L'un et l'autre ont pour antonymes science, vérité, rigueur. Foi, en revanche, via le fides latin, suggère l'engagement, la confiance , la parole donnée ; très présent dans le vocabulaire chrétien le terme ne s'y réduit pourtant pas puisque il suggère quelque chose comme un contrat. Contrairement au discours scientifique qui se contente de dire au mieux qu'il peut et au plus loin des preuves qu'il parvient à réunir, la foi à l'instar de la philosophie rassemble le sujet et l'objet de la connaissance, ne se contente pas de proclamer l'objet mais souligne le rapport du sujet à l'objet et y instille le jugement. Ceci est vrai et j'adhère à cette vérité en m'engageant à la défendre. Descartes, à juste titre, avait distingué raisonnement et jugement ; la foi les relie en un lien intime qui fait de la religiosité bien plus qu'un savoir auquel on adhère, une sagesse qui engage.

Je fais assurément partie de cette génération qui a vu en Kant, certes le philosophe des Lumières, mais celui qui a débarrassé la philosophie de toute théologie ou l'y a en tout cas définitivement incité. J'aime, dans la Critique, cette certitude que la raison ne peut pas tout ; qu'elle repose, quoiqu'elle en ait, sur des principes indémontrables, des axiomes qui barrent la route vers des certitudes absolues. Mais ouvrent ainsi la voie nécessaire de la tolérance.

Je n'ai pas à me préoccuper de prouver l'existence de Dieu - ou son inexistence - et m'en trouve fort aise : qu'aurais-je donc à dire ou redire à celui qui proclamerait ressentir une présence ?