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Vieillir (suite)

Le Monde consacrant une partie de sa Une au vieillissement de nos sociétés … voici chose sinon inédite en tout cas rare mais, vraisemblablement, ceci est-il à lier aux mouvements sociaux qui s'annoncent précisément en réactions au projet gouvernemental de réforme de tous les régimes de retraite. Le phénomène n'a pourtant rien de surprenant : ceci fait bien trente ans que l'on annonce - sans d'ailleurs y rien faire pour en atténuer les effets - que la génération du baby-boom sera bientôt celle du papy-boom. Nous y voici. La novlangue aura tôt fait de parler selon les cas d'or gris scrutant goulûment le pouvoir d'achat supposé plus confortable que jamais des retraités, ou de déséquilibre insoutenable entre actif et inactifs nécessitant de revisiter tous les acquis …

Le phénomène n'a rien d'inédit non plus même si l'histoire semble bien nous enseigner que jamais l'espérance de vie ne fut si grande qu'aujourd'hui ni en conséquence les anciens si nombreux. Il est bien pourtant, par saccade de l'histoire, une période analogue : le charnier de 14-18 fut si atroce et systématique que ne demeurent après-guerre, qu'un pays détruit, où ce qui demeurait de jeunesse tenait aux veuves blanches que secondaient comme elles le purent les générations d'anciens.

Ce pays de vieux, gouverné par un vieillard buté et autoritaire qui était déjà député en 1870, ce pays essoufflé, détruit, qu'aucun boom démographique ne revivifia en 1918, on le retrouvera vingt ans plus tard, arrimé à ses illusions, prostré derrière la muraille fallacieuse de Maginot, prêt à se donner à un sinistre vieillard plus exsangue encore que lui.

Comment ne pas associer le vieillissement à la peur et cette dernière aux réflexes politiques les plus sordides ?

C'est à ceci d'abord que je songeais en lisant cette série : non pas tant à la dimension sociale voire économique mais à la cruelle réalité à quoi le vieillissement nous confronte sans ménagement et le plus souvent sans nuance.

Tout se dit sur la vieillesse - et son contraire - souvent de grande banalité ; parfois drôle ; rarement juste. Mais comment ceci se pourrait-il en aller différemment ? Havre de paix et de sagesse - Cicéron - ou prémices souffreteuses et anémiées de la mort ?

De telles fractures, il n'en est pas tant qu'on imagine qui vous projette sans qu'on s'en aperçoive tout de suite, de l'autre côté de la ligne : l'adolescence, oui, si désagréable et douloureuse pour qui la vit mais ô combien pour l'entourage, pour la morgue maussade qui la gouverne, et le chemin ronceux qui la traverse qu'on ne parvient à parcourir qu'en claudiquant, manquant à chaque instant de rompre cet équilibre si incertain qu'il vous en ferait presque renoncer à demeurer debout.

Car c'est bien en fin de compte d'une histoire de corps dont il s'agit. D'un corps qui se transforme qui vous offre les premières promesses de puissance et fait entrevoir ce qu'exulter peut signifier ; mais à l'autre extrémité de la ligne, d'un corps qui s'épuise et entreprend insidieusement de vous interdire aujourd'hui ce qui paraissait si simple ou évident hier à peine.

Histoire de corps ou plus exactement d'un rapport toujours à réinventer avec ce corps qui s'impose à la première place mais ne nous raconte jamais autre chose que notre si délicate rencontre avec l'autre ; notre si besogneuse relation au monde ; cette si étrange familiarité pourtant jamais sereine à la matière épaisse où nous nous complaisons sans nous y réduire néanmoins.

D'une conversation récente, la sensation, finalement rassurante pour moi, de n'être pas le seul à m'empêtrer d'un corps auquel je m'identifie mal - et parfois pas du tout. Sous doute n'en aurais-je pas parlé sans cet entretien, imaginant que mon malaise tînt, au gré, à quelque blocage régressif de mon enfance ou bien encore à de sombres échos surannés mais insistants à un dualisme intempestif ; inactuel.

J'ai un corps mais je ne le suis pas. Le moindre effort, la plus infime honnêteté le feraient sentir à quiconque qui voudrait sincèrement l'entendre : ma volonté a beau incliner de ce côté-ci ou là … le corps ne suit pas ou si péniblement … quand encore il obtempère et ne se pique pas de résister. Ce n'est pas ici qu'affaire logique - l'âne de Buridan - même si le contre-exemple est rafraîchissant. Ma volonté peut-être, mais ma pensée assurément, mes ambitions comme mes inquiétudes, mes projets comme mes principes demeurent manifestement engoncés dans la matière, en cette étendue que je puis parfois saisir mais qui me fige trop souvent, mais visent néanmoins un ailleurs d'idée, de souffle qui seul me fait tenter de me mouvoir et désirer faire se mouvoir le monde.

Je ne ferai certes pas le coup de l'âme et du corps ; de l'âme incarnée dans un corps : ce ne serait pourtant pas si stupide. L'envie m'en vient, forte. Mais je ne veux pas jouer au théologien ; encore moins imposer par la bande, l'air de rien, comme par inadvertance mais rouerie rhétorique cependant, ce qui m'anime et m'aura convaincu ; qui me fait sens mais que je ne veux qu'à peine suggérer par crainte de contrefaire le zélote… Quoi m'aura si longtemps fait taire mais évoquer désormais ou suggérer au moins cette intime conviction qui m'anime et me tient ? le vieillissement peut-être ; cet incroyable sentiment d'urgence ? Quelle est donc cette voix en moi qui m'interdit d'être serein, les pieds solidement plantés dans la glaise ? Quelle cette sourde inquiétude qui sans cesse m'extirpe du monde et me place devant lui, étranger presque ; sale, nu et triste ? Je vois bien ce jeu de va-et-vient, ce pas de danse incessamment esquissé d'entre conscience et désir, : la première me projetant hors du monde ; le second s'acharnant à combler le fossé créé ; d'entre appel de l'être qui s'insatisfait de ce que je deviens et petite jouissance paresseuse qui s'en accommode. La première me fait lever les yeux vers les étoiles ; le second m'empêtre dans le labyrinthe des aveuglements et des noirceurs. D'entre les deux déchiré ou seulement ballotté comme plume au vent ?

Pourquoi chercher ailleurs ce dualisme tant décrié par les modernes ; si évident aux oreilles des anciens. Bien sûr cet esprit qui souffle où il veut, n'est peut-être que le nom glorieux de nos rêves de grandeur ou un peu honteux de la peur de nos médiocrités ! Bien sûr, Cioran n'a pas tort, la malignité suinte inexorablement de cette outrecuidance qui nous fait rêver de rives bien au-delà de nos maigres vertus. Pourtant quelque chose de notre humanité se joue dans la douleur des terres englouties. Sans doute, Camus n'y fut pas insensible, s'y perpétue-t-il quelque chose de furieux, ressemblant à s'y méprendre à cet effroi entremêlé d'extase devant ces foudres eschatologiques - tant craintes qu'espérées - auxquelles nous ne croyons plus vraiment sans nous résoudre à les oublier, que nous sentons poindre nonobstant ; oui quelque chose de furieux, de sulfureux, de destructeur - dans nos imaginaires au moins - en ces souffles qui virent si aisément en tempêtes…

Tout en nous respire l'idéal ; tout en nous brame de violence que nous contenons si maladroitement ; si mal et si peu. J'y entrevois ce dialogue insensé, mais tellement nécessaire, entre pesanteur et grâce, inertie et mouvement. Dont le corps est le champ de bataille ; le trophée autant que l'arme.

Or, justement, c'est ce corps qui, à l'adolescence s'ébroua et, vous émoustillant, ne manqua jamais de délecter autant que blesser ; c'est ce même corps qui, la vieillesse aidant, se rappelle à vous, s'étiole pour bientôt faire défaut. Voici à l'autre extrémité de l'existence, l'autre grand moment de déséquilibre.

Vieillir c'est ceci d'abord. Cet incroyable paradoxe qui vous fait rêver de sagesse enfin permise, bientôt accessible au point de vous faire imaginer n'être plus entravé par rien mais entraîné par cela seul qui importe … pour découvrir en fin de compte que le pur esprit qui se vantait d'émerger ne serait jamais qu'une mal-aimable galéjade rongé bientôt par la débilitante anémie d'une matière souffreteuse.

Et si les églises n'avaient finalement pas eu tort de considérer dans le corps sinon l'origine du mal au moins l'espace où il s'éploie le plus volontiers, comme par sadique prédilection ? Du mal moral au mal métaphysique en passant par la souffrance physique en quelque sorte. La vieillesse n'est pas le moment de la peur comme on l'imagine volontiers : car même si le temps parait de plus en plus compté, la mort n'en demeure pas moins une abstraction - le fait presque obscène de l'autre. La souffrance physique en revanche ; l'essoufflement ; le désir rabougri ; l'inappétence insidieusement envahissante qui vous éloigne du monde et menace de vous rendre étranger même à vous-même …

Rester jeune dit-on. Bah! ceci ne vaut pourtant que dans une culture qui privilégie le neuf, l'inédit, le progrès. Ce ne fut le cas ni de notre antiquité grecque ou romaine, ni de nos traditions hébraïques ou chrétiennes qui virent spontanément dans tout ce qui évoluait plutôt la marque du diable qu'une marche souhaitable. Est-ce un hasard si on vénéra d'abord plutôt le patriarche que l'intrépide effronté ? la tradition que l'innovation ? Il faudra trois siècles d'avancées techniques et scientifiques, deux révolutions industrielles et un baby boom inespéré pour qu'en France, subitement, on se pique de célébrer la jeunesse et le changement devenu à ce point nécessaire et obligatoire qu'il ressemblera à s'y méprendre à de la bougeotte. On aura basculé le modèle de l'ancien vers le moderne et l'âge d'or du début à la fin de l'histoire : la belle affaire ! En plus de vieillir et de s'affaiblir l'ancien sera en plus déprécié voire méprisé et gagnera honteusement les galons de qui est à charge. A l'instar de l'enfant ! Y perdra bientôt son autonomie, sa majorité civique ; le droit à une parole qui serait autre que râle. Sa parole était péremptoire, elle est désormais périmée. Non décidément cette injonction à la jeunesse est trop comminatoire pour être honnête, trop convenue pour n'être pas historiquement déterminée ni relever d'un paresseux truisme.

Où serait la honte, la faiblesse ou la lâcheté de se regarder enfin dans la glace et d'en accepter le verdict ? Et s'il était quelque dignité, au moins quelque élégance, à savoir se retirer dans la discrétion, sans tapageuses jérémiades. A envisager le chemin sans contrefaire la tragédie et se souvenir de ce que tout grec savait, qu'à disparaître on s'épargne au moins d'autres injustices à commettre encore, ou à endurer enfin.

C'est dans la tête que ça se passe … Balivernes. C'est bien dans le corps, en dépit qu'on en ait, car c'est bien lui qui entreprend de jouer des tours à cette tête parfois encore de bonne volonté. C'est le corps qui subitement étreint l'espace jusqu'à n'en même plus être angoissé, du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit … et nous arrache au monde ou bien encore nous en laisse nous en éloigner.

La retraite disait ceci et point n'est besoin de monastère, de couvent ni de cellules pour l'entendre. Ne pas être une charge, ne pas être un poids. Ne pas être de trop. Ranger ses petites affaires ; prononcer les ultimes paroles … se taire.

Laisser les yeux se clore ; ou bien enfin s'ouvrir.

Je relis souvent Mauriac mais ce passage décidément me touche. Janvier 65 : il a 80 ans à ce moment-là et fait le bilan de Vatican II : tout chez cet homme aura toujours respiré la contradiction ; en réalité seulement la complexité. Le croyant chevronné qu'il est, qui aura tant souffert des égarements de l’Église de sa jeunesse, le jeune homme qui respira avec le Sillon de Marc Sangnier, ne peut que s'enthousiasmer d'une maison qui enfin ouvre aux quatre vents ses portes et se décide enfin à épouser son temps.

Mais ceci même qui l'enthousiasme, en même temps l'étreint. L'inquiète. En même temps. Ensemble. D'un seul tenant.

Ne sont pas si fréquentes ces situations, ni si anodins ces états : la contradiction semble y régner où la logique nous intime d'incliner d'un côté plutôt que l'autre mais où, une voie impériale nous rappelle aux tourments ambivalents de l'honnêteté. Comment ne pas se souvenir de cette origine repérée par Alain du fanatisme dans le sentiment juste en soi qu'il n'est point de vérité qui subsiste sans serment à soi … Qui oserait y considérer simple indolence de l'âme ou répugnance à s'adapter quand rien de ce qui nous eut bâti n'aura résisté à ce que nous construisîmes ; quand peu de ceux qui nous accompagnèrent demeurent encore présents ? L'angoisse n'est pas tant d'y devoir changer, se mouvoir voire s'adapter que dans cette tension extrême d'y perdre son âme, dans ce tremblement d'y trahir sans même s'en apercevoir.

Etre, c'est déjà, de la manière la plus cruellement ambivalente, à la fois s'affirmer en son originalité, sa spécificité et proclamer son appartenance fidèle au groupe qui vous a fait. C'est en même temps dire sa distinction et son appartenance. Vivre c'est à la fois - car tout notre être biologique nous y conduit - tout ramener à soi, ne compter que sur soi, risquer sans cesse de se laisser enfermer en cette forteresse hérissée d'infranchissables murailles où seul ce qui est sa sensation, son émotion, sa pensée demeure audible, et, pourtant, à l'apparent inverse vouloir tout projeter vers l'autre parce qu'il ne saurait être de moi sans un autre moi qui le regarde, considère ; aime. Etre : se vouloir un commencement quand on n'est en réalité qu'un résultat. Or c'est bien ce fragile équilibre qui vient à se rompre entre affirmation et négation ; entre enfermement et quête de l'autre ; entre égotisme et altruisme. Or dans l'injonction à s'adapter qu'on nous impose mais que nous imposons, s'instille effectivement cet excentrement étrange, douloureusement centrifuge - qui manque si souvent de vous faire chuter - où ce qui nous détermine n'est plus ce souci de se maintenir dans la fidélité à soi mais l'objurgation d'un devenir-autre où l'étrangement paraît ne devoir connaître aucune limite.

Vieillir c'est parvenir de moins en moins aisément à ces petites concessions et parfois insidieuses lâchetés par quoi adaptation et fidélité se peuvent encore enrouler en une boucle qui se croit salutaire. C'est se déchirer d'entre l'insoutenable enfermement et l'excursion de moins en moins désirable …

Le grand secret tient peut-être dans cette citation de Péguy reprise par Mauriac: La parole de Dieu est plus intelligente en grec, plus platonicienne et plus philosophe. Mais en latin elle est éternelle.

Dans cette nostalgie d'un souffle qui se serait épuisé ; d'une rationalité moins attrayante qu'il y parait car elle se paie sur la bête : pas tant sur l'éternité d'ailleurs que sur la vie !

Non, décidément, vieillir n'est pas seulement réagir ; s'agripper avec l'énergie de l'entêtement à ce qui se peut conserver intact. Vieillir c'est savoir que dans ce retrait de l'être qui s'esquisse, inévitablement menace la pesanteur ; c'est rêver d'y pouvoir préserver quelque once de grâce.


Nous sommes d'étranges animaux - ou enfin je suis un étrange ·animal, car j'ignore si les autres chrétiens se débattent dans les mêmes contradictions qui me divisent. On ne saurait avoir ressenti plus de joie que ne m'en a donné ce qu 'il faut oser appeler la révolution de Jean XXIII, et ce désengourdissement de l'Eglise, et son renoncement à l'immobilité, à la séparation d'avec un monde condamné. J'aurai ressenti comme un brusque printemps inattendu, inespéré, cette montée de sève qui a bouillonné tout à coup dans la vieille Eglise mère et qui s'est communiquée aux rameaux les plus éloignés - de sorte que même ceux qui ne croient pas à l'incarnation du Fils, mais qui croient qu'ils ont un Père dans le ciel, nous sont devenus proches : oui, notre prochain couvre maintenant toute la terre, et le pape de Rome va désormais cheminer sur toutes les routes où il y a des hommes qui souffrent et qui prient. quelle que soit leur prière. Et ce bonheur a dépassé mfiniment ma pauvre personne : je ne doute pas que les maîtres de ma jeunesse, morts sans être entrés dans la terre promise, sans même avoir pressenti que nous étions au moment d'y pénétrer , se réjouissent en moi et à travers moi. Mais je ne me réjouis pas seulement. Et voilà cette contradiction dont je gémis. Je souffre de ces grands changements. Et ce ne serait rien d'en souffrir ; parfois, ils me font peur. Ce n'est pas une réaction de pieux esthète, entiché d'une certaine musique .

(…)

C'est d'un autre ordre. Certes, je ne suis pas philosophe, on le sait assez. Et je ne suis pas théologien. Il n'empêche que j'ai, en tant que chrétien, une certaine idée de la Parole. J'aurais tendance à n'y vouloir rien changer qu 'après beaucoup de réflexion et de prières. Ce n'est pas affaire de traduction plus ou moins fidèle. Il ne s'agit pas de choisir entre des paroles ordinaires : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie ... » Elles sont vivantes : nous travaillons sur du vivant.

(…)

Je sais bien que l'étroite armature latine doit éclater pour que l'Asie et pour que l'Afrique reçoivent enfin la semence. Je crois même qu'elle éclate trop tard sur ces continents, peut-être à jamais perdus. Et pourtant, est-ce illusion ou vérité si ce texte de Péguy que je relisais ces jours-ci (dans Un nouveau théologien) répond à mon expérience la plus quotidienne ? : « Ce n'est pas la première fois qu'un texte latin, qu'un mot donne souvent impression, donne le saisissement qu'il fleurit soudain, qu' emplit brusquement le rite, qu'il est la seule voix qui pût ainsi garder pour tous les temps la Parole éternelle ( ... ). La parole de Dieu est plus intelligente en grec, plus platonicienne et plus philosophe. Mais en latin elle est éternelle. »

(…)

Nous nous effrayons de ces changements, comme si l'Eglise s'était jamais interrompue de changer ! Le fleuve n'a jamais cessé de rouler ses eaux. Je lisais ces jours-ci une lettre inédite de Maurice de Guérin écrite l'année de sa première communion, alors qu'il était entré déjà dans sa quinzième année ! Tel était le jansénisme de l'Eglise gallicane au XIXe siècle ! Aujourd'hui, les enfants de sept ans communient. Avoir la foi, c'est croire à ce visage inconnu que la grâce sculpte et qui se dégage lentement, et pour nous invisiblement, car ce travail n'est pas à la mesure de notre durée d'insecte.

Ce dont nous ne pouvons douter, en tout cas, c'est que rien ne recommencera comme quand nous étions petits, et que notre monde familier disparaîtra avec nous : « Non seulement, dans l'ensemble, tout est irréversible, dit Péguy. Mais il y a des âges, des irréversibles propres... » Rien ne recommence, et certaines paroles aimées comme le «: Corpus Domini Nostri Jesu Christi custodiat animam tuam ... » de notre première communion ont été dites un dimanche , une dernière fois, et à jamais. Mauriac Bloc-Notes 30 janv 1965