Textes

D Hume, Traité de la nature humaine, livre II, pp. 213-214, collection GF.

 

Alain Diderot Le Clézio Sénèque  
Anouilh Diogène Laërce Malebranche Schopenhauer  
Aristote d'Olbach Marc-Aurèle S Weil  

Bergson

Epicure Nietzsche    
Comte-Sponville Freud Pascal    
Cioran Hume Platon    
Descartes Kant Rousseau    

 

 

Nous pouvons remarquer en général que les esprits des hommes sont des miroirs les uns pour les autres, non seulement parce que chacun d'eux réfléchit les émotions des autres, mais aussi parce que ces rayons de passions, de sentiments et d'opinions peuvent être renvoyés plusieurs fois et s'atténuer par degrés insensibles ; Ainsi la projection sur le spectateur du plaisir qu'un riche reçoit de ses possessions cause chez celui-là un plaisir et une estime ; lesquels, perçus en retour par le propriétaire qui sympathise avec ces sentiments, accroissent le plaisir de ce dernier ; ce plaisir, réfléchi une fois de plus, devient à nouveau le fondement d'un plaisir et d'une estime chez le spectateur. Il y a sans doute une satisfaction originelle de la richesse qui provient du pouvoir qu'elle confère de jouir de tous les plaisirs de la vie ; et comme on tient là sa nature véritable et son essence propre, elle doit être la source première de toutes les passions qui naissent de ces plaisirs. L'une de ces passions les plus dignes de considération est celle de l'amour ou de l'estime des autres, qui provient donc d'une sympathie avec le plaisir du propriétaire.