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De la vacuité et de la mort

Images trouvées ici et là, belles autant que terrifiantes qui peuvent, pour certaines se regarder avec une pointe d'optimisme pour la revanche que la nature semble y prendre sur l'œuvre humaine. Ne serait ce que ceci, cet obsessionnel entêtement à ne considérer le monde qu'avec la condescendance de qui se croit seul à pouvoir conférer quelque valeur à une réalité vide de sens et d'esthétique, que cet indécrottable anthropocentrisme qui néglige d'envisager seulement que le réel pût subsister sans ce regard jeté sur lui, on pourrait n'y considérer qu'un bel appel à l'humilité - ce qui n'est jamais inutile.

Mais que nous soyons plus fragiles que nos œuvres et le monde qui les porte nous ferait presque oublier que nos empreintes même effacées ont écorné le sol qui peine parfois à s'en remettre. Nous nous sommes vite rassurés à l'idée d'être inoffensifs quand même notre soif d'éternité en souffrit un peu. Le temps ne passait pas mais nous, si !

Ce bateau tellement rouillé sur le sable qu'il semble en vouloir épouser la couleur pourrait ne dire qu'un espace déserté si nous n'omettions pas de préciser qu'il flottait autrefois sur une Mer d'Aral désormais asséchée. Voici que notre présence fait le temps s'enfuir et nos espaces convoler avec le désert. Nous imaginions nous réserver nos violences à nous seuls mais la mort a gagné la terre.

Ce manège est sans doute le plus terrible parce que, tout simplement, rien ne s'y voit. Le danger est partout, invisible qui irradie. Alors oui, les broussailles, les feuilles mortes entassées qu'on pourrait imaginer d'automne persistant. Rien ici n'est vert ; rien ne respire une quelconque résurrection. Tout ici , avec le cynisme incroyable, contrefait une vie qui pourrait reprendre quand tout en réalité est mortifère ; poison d'autant plus sournois qu'il contrefait la gestation. Je n'ai jamais oublié la perversité nazie qui contraignit ces hommes, mes frères, à s'achever eux-mêmes dans les chambres à gaz par l'acte propre à la vie : respirer. C'est la même. C'est la nôtre !

Ce désastre-ci est le pendant, du côté du monde, de ce génocide que nous avons laissé se perpétrer du côté des hommes.

L'humanité est toujours assez vieille pour mourir. Peut-être aussi est-elle demeurée trop jeune de n'avoir su dépasser jamais le stade sadique-anal.