Bloc-Notes 2016
index précédent suivant

Accueil ->bloc-notes->2015

- >2016

Sécurité … une des formes de l'abandon

L'a-t-on assez remarqué ? C'est en terme de sécurité que les problèmes sont désormais posés, même pour ce qui concerne le droit du travail ! Et ce n'est évidemment pas l'attentat du soir même de cet entretien qui changera les choses. Depuis c'est le terme de guerre qui prévaut …

On ne se bat plus politiquement pour plus de justice, pour la liberté ou pour l'égalité ; non, on se bat pour se protéger !

Et ce n'est pas du tout la même chose.

J'entrevois parfaitement ce qui peut se jouer ici d'arrière-pensée électorale ou de supposée habileté manœuvrière : dans le jeu tripartite qui va caractériser la prochaine présidentielle, c'est désormais à qui réussira le mieux à capter fût ce provisoirement les voix FN : à droite, comme ce fut déjà le cas en 2012 avec Sarkozy, en jouant sur la fibre sécuritaire et identitaire ; à gauche en se drapant dans les grands principes mais en flirtant en catimini avec les thèmes droitiers.

C'est le cas ici. Déjà !

Las ! on ne fait pas une politique de gauche avec une rhétorique de droite. Et tout a l'air de se passer comme aux sombres heures de la IVe où la gauche n'arrivait au pouvoir que pour mieux faire une politique de droite.

Las ! ne songer qu'à la sécurité revient déjà à adopter une position de repli, frileux invariablement. Je sais bien que la sécurité fait partie intégrante de ces fonctions dites régaliennes ; je n'ignore pas que le pacte social suppose cette garantie des biens et des personnes en échange de l'obéissance aux lois qu'on s'est données ; je me souviens évidemment de cette supériorité à terme de la défensive sur l'offensive telle que l'avait conçue Clausewitz - puisque décidément il nous faut parler en terme de guerre.

A-t-on oublié l'exemple de 40 ? un pays vieillissant qui s'est défini une stratégie militaire tout entière conçue par Pétain, avant de se donner entièrement à lui, sans honneur ; un pays qui s'époumone une dernière fois à déclarer la guerre puis attend, prudemment calfeutrée derrière l'illusoire sécurité des remparts conçus par Maginot ; qui attend neuf mois que l'Allemagne daigne s'occuper d'elle et lui infliger la plus spectaculaire déroute de son histoire.

Un pays qui ne jure que par sa sécurité ne croit plus vraiment en son avenir. Ce n'est évidemment pas seulement un effet de génération ; mais c'en est un aussi : ceux qui nous gouvernent sont tous des enfants des Trente Glorieuses qui s'éreintent à en reproduire l'exception ; qui, pour le terrorisme, la crise économique comme pour la menace environnementale, ne savent mobiliser que des réponses du passé ne correspondant pas à l'inédit de la situation présente. Ceux-ci regardent en arrière ; pas en avant.

C'est ceci qui est frappant, comme si l'histoire s'était arrêtée ou fût achevée au point que rien de nouveau sous le soleil ne puisse plus poindre ; qu'il n'y eût plus qu'à répéter, inlassablement le même logiciel dont aucune mise à jour ne serait plus possible : le socialisme ne s'est pas véritablement réinventé depuis l'effondrement du modèle soviétique ; la droite entonne le grand air du laissez passer laissez faire comme l'appelait de Gaulle comme si c'était là solution magique à tous nos maux et nul n'a vraiment d'autre réponse que la compétitivité quitte à la draper du doux vocable de transition énergétique. Et quand les menaces se font plus concrètes, le registre de la guerre et de l'état d'exception resurgit. Comme si le problème était la démocratie ou la liberté ! Ceux-là, pour parler comme Marx sont prêts à jeter l'enfant avec l'eau sale du bain ! La République faisait partie de nos principes : irréfragable. Elle ne l'est plus. J'ai toujours soupçonné qu'un jour, les menaces environnementales se faisant cruellement sentir, des voix se lèveraient pour proclamer une urgence qui invariablement conduirait à des régimes forts pour ne pas dire tyranniques ; l'incroyable remise en question de la République ne les aura même pas attendus : c'est le terrorisme qui suscite déjà ce lâche abandon. Nous entonnons d'autant plus volontiers le refrain amphigourique de nos valeurs - morales ou républicaines - que nous sommes déjà disposés à les bafouer. Et même si l'histoire ne se répète pas, comment oublier qu'au nom même de la catastrophe et de l'urgence, ils ne furent que 80 à refuser de jeter la République par dessus bord.

De quels renoncements devront nous payer demain les lâchetés dont cette rhétorique guerrière et sécuritaire n'est que le prodrome ?


 

L’Europe. J’ai proposé une nouvelle impulsion. Pour moi l’essentiel c’est la protection des Européens. Pourquoi l’Europe suscite cette défiance ? C‘est parce qu’elle ne protège pas. Elle ne protège pas ses frontières ; elle ne protège pas suffisamment par rapport à la menace terroriste; elle ne protège pas par rapport à ce que sont les mouvements de circulation de certaines personnes ; et parce qu’elle ne protège pas les salariés non plus ; et ne protège pas forcément les entreprises par rapport à certaines négociations commerciales. La première initiative que j’ai prise c’est une initiative pour la défense, la protection et la sécurité. Et ce que je vais demander à nos partenaires c’est que nous puissions dégager un budget où les dépenses supplémentaires de l’Europe sur cette question de la protection.
(…)

Non ! Mais l’idée de la cohésion, de la Maison France que je dois protéger parce que je dois protéger la Maison France, la Maison France, elle est fragile, elle peut à tout moment non pas se lézarder mais se séparer